Les troubles au Venezuela : un test pour le président Maduro
(Baonghean) -Le Venezuela, pays d'Amérique latine, connaît des manifestations sans précédent de l'opposition et des étudiants contre le gouvernement du président Nicolas Maduro. Il s'agit de la plus importante vague de protestations à laquelle le président Maduro ait été confronté depuis son élection, après le décès de son prédécesseur Hugo Chavez l'année dernière. L'instabilité politique actuelle constitue non seulement un défi majeur, mais aussi un « test » pour le président Maduro, sur la voie de la réalisation de l'objectif de « démocratie et de progrès social » au Venezuela.
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Les manifestations au Venezuela dégénèrent en violence. |
Après près de quinze jours de chaos dû aux manifestations antigouvernementales, la situation politique au Venezuela semblait s'être apaisée lorsque le leader de l'opposition Leopoldo Lopez, qui menait les manifestations, a capitulé. Le président Maduro lui-même a affirmé il y a trois jours que les plans des groupes fascistes visant à provoquer des émeutes et à saboter le pays avaient été déjoués et que la paix avait été rétablie. Cependant, l'instabilité a repris hier (22 février) lorsque des centaines d'étudiants et de manifestants ont continué de descendre dans les rues de Caracas, la capitale, pour faire pression sur le président Maduro afin qu'il démissionne. Plus remarquable encore, les manifestations se sont propagées et ont dégénéré en violences, faisant près de dix morts et plus d'une douzaine de blessés. Les manifestants affirment que le gouvernement du président Maduro est incapable de contrôler l'inflation, la criminalité galopante et les pénuries de produits de première nécessité. Le président Maduro a déclaré que les manifestations n'étaient qu'un prétexte pour un coup d'État, qu'il a qualifié d'« ennemis intérieurs et extérieurs », semblable à celui de 2002. À l'époque, le président Hugo Chavez avait été confronté à un coup d'État, mais avait rapidement regagné son poste grâce à son prestige et à ses compétences en gestion. La situation actuelle n'est pas aussi grave qu'il y a douze ans, mais ce qui se passe actuellement au Venezuela montre que le président Maduro est confronté à un défi de taille et constitue un « test » pour son gouvernement, en place depuis dix mois.
En réalité, moins d'un an après le décès du président H. Chavez, ce pays d'Amérique du Sud est confronté à un risque d'effondrement économique. L'inflation a grimpé en flèche, atteignant 56,2 % en 2013, le bolivar, monnaie locale, s'est rapidement dévalué sur le marché noir et les réserves de change ont chuté. Même l'industrie pétrolière, considérée comme le secteur le plus prospère du Venezuela, est confrontée à des difficultés en raison du manque de capitaux d'investissement. Ainsi, bien que fer de lance de l'économie nationale, l'industrie pétrolière vénézuélienne ne génère pas suffisamment de revenus pour couvrir les programmes de subventions du gouvernement. Le Venezuela semble avoir épuisé tous les outils pour éviter une crise économique généralisée. Les réserves de change du pays sont à leur plus bas niveau depuis huit ans. Selon l'expert Juan Pablo Fuentes de Moody's Analytics, les réserves de change du Venezuela n'étaient que de 22 milliards de dollars à la mi-septembre 2013, soit une baisse de 26 % par rapport à fin 2012, à leur plus bas niveau depuis huit ans. De plus, la Chine, principale source de capitaux du Venezuela, a resserré ses cordons de la bourse après que les prêts destinés à stimuler la production pétrolière n’ont pas donné de résultats.
Il convient de rappeler qu'au cours de ses 14 années de mandat, feu le président Hugo Chávez a déployé des efforts considérables pour stimuler l'économie, réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie de la population. Le taux d'extrême pauvreté au Venezuela est tombé à 6 % en 2012 et le pays s'est classé 71e sur 187 pays dans le monde selon l'indice de développement humain. Ces progrès ont été rendus possibles grâce à la politique d'utilisation des profits pétroliers pour améliorer les conditions de vie de la population. Cependant, face à la baisse progressive de la production pétrolière, le Venezuela doit mener des réformes pour développer l'économie et remplacer cette source d'énergie. Cette responsabilité incombe clairement au gouvernement actuel. Une économie forte permettra au gouvernement du président Maduro de ne pas être ébranlé par des plans de « sabotage » ou de « coup d'État ». L'administration du président Maduro a un jour affirmé que l'opposition avait saboté à plusieurs reprises des installations de production et des centrales électriques dans de nombreuses localités ; dans le même temps, elle s'est entendue avec des entreprises privées pour mettre en œuvre des plans de spéculation sur les marchandises et perturber le marché, accusant ainsi le gouvernement de faiblesse dans sa gestion et d'incapacité à améliorer la situation complexe du pays.
De plus, le taux d'homicides au Venezuela est désormais le troisième plus élevé au monde. Jusqu'à 79 % des Vénézuéliens s'inquiètent pour leur sécurité personnelle, et les touristes étrangers ont peur de sortir le soir. Selon les analystes, si la situation ne s'améliore pas significativement à court terme, l'opposition pourrait lancer un référendum constitutionnel pour « destituer » le président Maduro à mi-mandat.
L'engagement de poursuivre la voie tracée par le défunt président Chávez en matière de programmes sociaux pour les plus démunis durant la campagne électorale a permis à M. Maduro de remporter la présidence. Cependant, compte tenu de la situation économique de ce pays riche en pétrole, il est clair que les promesses de résoudre l'insécurité, de lutter contre la corruption et d'améliorer l'efficacité du gouvernement représentent un défi de taille pour l'actuel président Maduro. Et il est clair que le gouvernement du président Maduro doit dès maintenant endiguer la vague de protestations de ces derniers jours et créer un environnement politique stable. Cela permettra non seulement au président Maduro de « marquer des points » auprès de ceux qui l'ont autrefois soutenu, mais constituera également une excellente occasion pour lui de mettre en œuvre plus efficacement le Plan Patrie, le programme d'action du gouvernement pour la période 2013-2019, laissé par le défunt président Chávez et approuvé par l'Assemblée nationale vénézuélienne.
Thanh Huyen