Visite historique à Cuba du ministre français des Affaires étrangères

April 14, 2014 14:11

L'ouverture politique devrait permettre une forte coopération économique entre Cuba et la France ainsi qu'avec l'UE.

Le week-end dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a effectué une visite historique à Cuba. Il s'agissait de la première visite d'un haut responsable français dans ce pays insulaire d'Amérique latine depuis 31 ans..

Ngoại trưởng Pháp Fabius và Ngoại trưởng Cuba Parilla (ảnh: VOA)
Le ministre français des Affaires étrangères Fabius et le ministre cubain des Affaires étrangères Parilla (photo : VOA)

Cette visite fait suite à l'accord conclu entre Cuba et l'Union européenne pour entamer des négociations en vue de normaliser leurs relations. Le ministre français des Affaires étrangères n'avait pas pour objectif de signer un document servant de base à de futures activités de coopération, mais cela témoigne de la volonté de la France, mais aussi de l'Union européenne, de prendre de nouvelles mesures concrètes pour améliorer leurs relations avec Cuba.

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Tout d'abord, cette visite du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à Cuba doit être replacée dans le contexte de l'amélioration significative des relations entre Cuba et l'Union européenne (UE) ces dernières années. Les deux parties ont commencé à promouvoir leurs échanges de coopération depuis le début de l'année.

De son côté, la France a bien sûr ses propres intentions concernant ce voyage. M. Fabius a déclaré à Cuba que la France reconnaissait les « changements radicaux opérés par Cuba dans la mise en œuvre des réformes économiques et sociales » et a affirmé que Cuba était un « ami » de la France et que, malgré de nombreux désaccords entre amis, les deux parties pouvaient encore dialoguer.

En réalité, outre son importance politique, puisqu'il s'agit du premier voyage d'un ministre français à Cuba depuis 31 ans, le voyage de M. Fabius a également un objectif majeur de coopération économique. Nous savons tous qu'après le récent remaniement ministériel en France, M. Fabius est désormais non seulement responsable du ministère des Affaires étrangères, mais également du Commerce extérieur français. M. Fabius lui-même a déclaré à plusieurs reprises que la diplomatie économique serait une priorité majeure pour lui dans les années à venir. Par conséquent, ce voyage peut également être considéré comme un déplacement de M. Fabius en sa qualité de responsable du Commerce extérieur français.

La France souhaite promouvoir ses relations économiques avec Cuba. Malgré l'embargo américain, une soixantaine d'entreprises françaises opèrent actuellement à Cuba et, avec la perspective de réformes, les investisseurs français sont impatients de saisir les opportunités d'investissement offertes par l'île. Les entreprises françaises sont particulièrement intéressées par le projet de création d'une zone économique spéciale à Cuba, dans le port en eaux profondes de Mariel. Le voyage de M. Fabius vise donc à saisir cette opportunité. Par ailleurs, il convient de souligner la stratégie globale de diplomatie économique de la France en Amérique latine et dans les Caraïbes. Avant son départ pour Cuba, M. Fabius a accompagné le président français au Mexique pour signer un partenariat stratégique et 41 contrats économiques. La France accorde une grande importance aux relations économiques avec les pays de cette région, dont Cuba.

Vers une normalisation des relations bilatérales

S'inscrivant dans le contexte où l'Union européenne a envoyé un signal de volonté de promouvoir la coopération avec Cuba et a reçu une réponse de la part de Cuba en mars dernier, cette visite à Cuba du ministre français des Affaires étrangères pourrait être le début du processus de négociation entre l'Union européenne et Cuba pour avancer vers la normalisation des relations entre les deux parties.

C'est un objectif que les deux parties attendent avec impatience. Lors de son voyage à Cuba, le ministre français des Affaires étrangères a déclaré : « Cuba n'a aucun problème qui ne puisse être résolu avec la France. » La France étant la première puissance européenne, cette vision française est également intégrée à la vision européenne.

M. Fabius a salué les résultats du Sommet de l'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), au cours duquel la majorité des pays ont soutenu Cuba et demandé aux États-Unis la levée de l'embargo. De fait, les relations entre Cuba et l'UE ont été établies depuis 2008, avec des dialogues dans de nombreux domaines.

En mars 2014, Cuba avait accepté la proposition de l'UE d'entamer des discussions sur un nouvel accord politique bilatéral. Si ces discussions progressent, les deux parties devraient pouvoir aborder d'ici 2015 des accords de commerce et d'investissement. Par conséquent, ce voyage du ministre français des Affaires étrangères est considéré comme une nouvelle étape pour poser les bases des discussions futures.

L'objectif de l'Europe, par l'intermédiaire de la France, est qu'avant les discussions politiques, les deux parties coopèrent afin de mieux se comprendre grâce à des projets communs tels que la mise en œuvre d'activités médicales humanitaires en Afrique, un domaine où Cuba possède des atouts. Les deux parties bénéficient d'une amélioration de leurs relations. Cuba a besoin d'investissements étrangers. Actuellement, ceux-ci ne représentent qu'environ 8 % du PIB du pays, alors que, selon les calculs, si Cuba souhaite atteindre un taux de croissance de 6 à 8 % par an, le pays a besoin d'un taux d'investissement étranger de 25 à 30 % du PIB. Par ailleurs, les entreprises européennes se réjouissent également de pouvoir investir dans un marché presque entièrement nouveau, mais doté d'un fort potentiel dans les secteurs du tourisme, du transport maritime et de la médecine, comme Cuba.

Voyage d'exploration

Les médias occidentaux ont souligné que la France et Cuba n'avaient aucune intention de signer un quelconque accord lors de cette visite. Ce voyage de M. Laurent Fabius revêt une importance politique considérable. Il met fin à la distance diplomatique qui existait entre les deux parties depuis de nombreuses années et pose les bases d'un dialogue futur.

De nombreuses divergences subsistent entre Cuba et l'UE, notamment sur le plan politique. Il est donc impossible d'exiger une coopération économique immédiate tant que les problèmes politiques entre les deux parties ne seront pas résolus. Les deux parties ont établi une feuille de route précise, et ce voyage de M. Fabius vise à la faire avancer dans la bonne direction et à l'accélérer.

Une fois que le dialogue politique aura porté ses fruits, une coopération économique s'instaurera certainement. Par exemple, la France réalise actuellement un chiffre d'affaires extérieur de 280 millions d'euros avec Cuba ; si les relations progressent, ce chiffre sera bien supérieur. La France et de nombreux pays européens, comme l'Espagne, sont très intéressés par une coopération économique avec Cuba, mais cette coopération doit être approuvée politiquement, en l'occurrence par la feuille de route des réformes de Cuba et les engagements que les deux parties prennent l'une envers l'autre. Par ailleurs, il est indispensable de mentionner le rôle des États-Unis dans ce processus. Les États-Unis sont toujours sous embargo sur Cuba. Si l'UE souhaite entreprendre quoi que ce soit avec Cuba, un petit pays voisin des États-Unis, elle devra faire preuve de prudence et sonder l'attitude des États-Unis, son allié le plus puissant et le plus important.

Selon VOV