Au bord de l’étang…
(Baonghean) - Ma maison a un petit étang à côté d'une botte de foin basse recouverte d'un manteau jaune, à côté se trouve un petit jardin où ma mère cultive toutes sortes de légumes et de fruits, d'un côté se trouve un chemin sinueux menant à une porte en bambou.
Par les chauds après-midi d'été, la chaleur imprégnant chaque fibre de l'air, ma mère m'emmenait m'asseoir au bord de l'étang, à l'ombre d'un cocotier. Le vieux cocotier étendait ses branches vertes, captant la lumière crue filtrée à travers ses feuilles vertes, projetant une ombre profonde. Ma mère en profitait pour tresser un panier tandis que j'observais distraitement les nuages et levais parfois les yeux pour lui poser des questions. La surface de l'étang libérait paisiblement de légers filets de vapeur d'eau, dissipant la chaleur étouffante de l'après-midi d'été. De temps en temps, un vent léger glissait sur la surface de l'étang et atterrissait sur mes joues potelées comme le souffle d'un ventilateur. La surface de l'étang était aussi calme qu'un miroir, je plongeais mes courtes jambes dans l'eau vert mousse et barbotais, la surface de l'étang ondulait doucement, de petites vagues léchaient le rivage… L'ombre du soleil se brisait, l'eau miroitait au soleil.
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Illustration : Hong Toai |
Je passais mes journées au bord de l'étang sans m'ennuyer. Parfois, je m'asseyais pour regarder les danseurs danser à la surface, des danses qu'eux seuls comprenaient. Parfois, je pêchais avec une fine tige de bambou, ficelée au bout, et appâtée avec des grains de riz froids. Quand je m'ennuyais, je sortais un vieux carnet de croquis du carton sous la table, j'en déchirais quelques pages, que je pliais rapidement, et en un éclair, les papiers froissés se transformaient en bateaux en papier de toutes sortes : voiliers, navires, bateaux, etc. Au crayon, je griffonnais dessus une série de formes décoratives. Sur la pointe des pieds, je les laissais tomber à la surface de l'étang, observant doucement et attentivement les bateaux dériver sur l'eau, tandis que, vaguement, dans ma tête, se rapprochait le rêve familier de me transformer en un minuscule être humain, de grimper sur ce bateau en papier et de partir explorer de nouveaux horizons.
Quand les jacinthes d'eau fleurissent, l'étang tout entier se couvre d'un violet déchirant. La jacinthe d'eau est comme une fille de la campagne simple, rustique et honnête. Six à huit fleurs s'épanouissent ensemble sur un support. Les plus grands pétales arborent le motif de la queue de paon. Les pétales fins s'étendent fièrement sous le soleil ardent de l'été. Nous, les enfants, avons rivalisé pour en cueillir une poignée chacun, puis nous avons utilisé de la paille pour les attacher en fagots et jouer à la maison. Les fagots de jacinthes d'eau violettes et les sourires violets éclatants.
Quand nous étions fatigués de jouer, nous nous asseyions sur une chaise et regardions les espadons voiliers danser dans leurs robes colorées, les escargots somnoler fermement accrochés au mur de mousse verte, ou les sauterelles claquer leurs griffes sur le radeau de jacinthes d'eau. En contemplant le clapotis des vagues se mouvant main dans la main, dans nos cœurs d'enfants, un désir d'exploration et d'aventures naissait, comme le grillon du conte de To Hoai.
Étudiant loin de chez moi, chaque fois que je retourne dans ma ville natale, je prends toujours un moment pour me détendre et flâner près de l'étang. Hier, ma mère m'a appelée pour me dire que nous allions remplir l'étang pour planter des arbres fruitiers. J'ai entendu le bruissement de souvenirs d'enfance brisés dans ma tête. Et maintenant, chaque fois que je pense à ce petit étang, il ne me reste que des vagues de souvenirs couleur mousse…
Dao Manh Long
(Ville de Hai Phong)