Les tensions en Égypte continuent de s'intensifier

December 6, 2012 17:32

Des sièges des Frères musulmans ont également été incendiés dans plusieurs villes égyptiennes.

La vague de protestations contre la déclaration constitutionnelle du président égyptien Mohamed Morsi a atteint un nouveau niveau lorsque, le 5 décembre, des milliers de partisans et d'opposants du président se sont affrontés devant le palais présidentiel dans la capitale Le Caire.

Parallèlement, les sièges des Frères musulmans ont également été incendiés dans de nombreuses villes égyptiennes. Ces nouvelles violences montrent que l'Égypte est plongée dans une nouvelle crise politique.

Des affrontements ont éclaté hier soir devant le palais présidentiel dans le quartier d'Héliopolis au Caire, alors que l'opposition et les Frères musulmans ont appelé à manifester sur place.

Des témoins sur place ont rapporté qu'un grand nombre de partisans de Morsi ont pris d'assaut les tentes et chassé les partisans de l'opposition. Les deux camps ont utilisé des armes artisanales, des cocktails Molotov et des briques pour s'attaquer mutuellement. En réponse, le ministère égyptien de l'Intérieur a dû mobiliser 3 000 policiers anti-émeutes en renfort et utiliser des gaz lacrymogènes pour rétablir l'ordre.



Émeutes dans une ville égyptienne (photo : deskofbrian)

Selon les médias locaux, au moins quatre personnes avaient été tuées et des centaines d'autres blessées hier soir lors de ces affrontements. Il s'agit de la journée de violence la plus sanglante depuis la promulgation par le président Morsi d'un décret constitutionnel controversé le 22 novembre, qui a déclenché une vague de manifestations massives de l'opposition.

Hier également, dans la ville portuaire de Suez, des manifestants ont incendié le siège des Frères musulmans. Des incidents similaires ont eu lieu dans plusieurs autres villes, comme Ismaïlia, Alexandrie et Mahalla.

On ne sait pas encore si des personnes ont été blessées lors des affrontements dans ces villes.

Dans ce contexte, le vice-président égyptien Mahmoud Mekki a appelé le président Morsi et l'opposition à dialoguer afin de parvenir à un consensus sur les dispositions controversées de la Constitution, au cœur des récentes émeutes en Égypte. Les dirigeants des Frères musulmans du président Morsi ont accepté la proposition du vice-président Mekki. Cependant, l'opposition a déclaré qu'elle n'engagerait un dialogue national sérieux avec le président Morsi que si la déclaration constitutionnelle controversée était révoquée et le processus référendaire reporté. L'opposition a également imputé au président Morsi la responsabilité des violences survenues dans le pays ces derniers jours.

Lors d'une conférence de presse tenue hier au Caire, Mohamed El Barade, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique et membre clé du Front de salut national (opposition), a souligné : « Le président Morsi et son gouvernement doivent assumer l'entière responsabilité des violences survenues en Égypte ces derniers jours. Nous sommes et avons toujours été prêts au dialogue, à condition qu'il soit fondé sur l'égalité et la légalité. Nous ne dialoguerons que si le décret constitutionnel est révoqué et que le référendum sur la constitution est également suspendu. »

Entre-temps, le 5 décembre, l'Assemblée générale des juges administratifs égyptiens a publié une déclaration rejetant complètement la déclaration constitutionnelle controversée du président Morsi et a affirmé que ses membres ne participeraient pas à la supervision du prochain référendum sur le projet de Constitution si le décret du président Morsi n'était pas révoqué.

Par ailleurs, l'organisation a annoncé qu'elle boycotterait tout référendum si tous les organes judiciaires ne participaient pas à son suivi. Par ailleurs, selon le quotidien « Almasry Alyoum », quatre conseillers présidentiels ont annoncé hier soir leur démission en signe de protestation contre les attaques contre les manifestants devant le palais présidentiel et les récentes décisions de M. Morsi.

Compte tenu de la situation complexe actuelle, le président de l'Assemblée constituante égyptienne a déclaré que le président Morsi pourrait annuler deux articles controversés de la déclaration constitutionnelle publiée le 22 novembre, à savoir les articles 2 et 6, qui stipulent que les agences judiciaires n'ont pas le droit de réviser ou d'annuler toute décision du président.


Selon VOV-DT