La nouvelle empreinte du Japon sur le continent noir
(Baonghean) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe effectue une tournée en Afrique afin de renforcer les relations diplomatiques et économiques. Les exportations d'énergie et de matières premières sont au cœur de son premier voyage de l'année. Cependant, l'opinion publique est très intéressée par l'aide que le Japon s'est engagé à apporter à cette région. Des centaines de millions de dollars américains et des accords de coopération visent non seulement à promouvoir la stabilité sur le continent noir, mais aussi à aider les entreprises japonaises à créer de nouvelles « empreintes » et à ne pas se laisser distancer par la Chine dans cette région prometteuse.
Selon Tokyo, la visite du Premier ministre japonais Abe Shinzo en Côte d'Ivoire, au Mozambique et en Éthiopie vise à renforcer la coopération économique avec ces pays, garantissant ainsi l'approvisionnement énergétique et favorisant les exportations de biens. Cependant, l'objectif plus profond réside dans d'autres aspects, bien plus importants pour la position diplomatique et économique du Japon sur le « continent noir ».
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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'exprime lors d'une réunion avec les dirigeants ivoiriens à Abidjal le 1er janvier. |
Dans un contexte de reprise économique progressive et de regain de croissance au Pays du Soleil Levant, trouver des sources d'énergie et d'autres ressources naturelles est crucial. L'Afrique est une terre fertile que les entreprises japonaises convoitent. Il n'est donc pas surprenant que plus de 50 grandes entreprises japonaises aient accompagné le Premier ministre Abe lors de ce voyage. Cela montre que le Japon commence à considérer l'Afrique comme un partenaire économique potentiel plutôt que comme une région recevant uniquement de l'aide. Rappelons que lors de la conférence internationale sur le développement de l'Afrique qui s'est tenue l'année dernière à Tokyo, le Premier ministre Abe s'était engagé à fournir 3 200 milliards de yens (soit 32 milliards de dollars) d'aide au « continent noir » pour développer ses infrastructures au cours des cinq prochaines années. Et lors de cette visite, il semble que le Premier ministre Abe ait tenu sa promesse !
En Côte d'Ivoire, le Premier ministre Abe a annoncé que le Japon fournirait plus de 80 millions de dollars d'aide aux réfugiés de la région du Sahel, une bande qui s'étend de l'océan Atlantique à la mer Rouge. Par ailleurs, Tokyo s'est engagé à verser 7,7 millions de dollars d'aide à la Côte d'Ivoire pour maintenir la sécurité intérieure. Le Premier ministre Abe devrait également prendre des engagements d'investissement attractifs, tels que près de 600 millions de dollars de prêts au Mozambique pour la construction d'autoroutes et environ 100 millions de dollars à l'Éthiopie pour la construction d'une centrale thermique. Grâce à ces importants accords d'aide et de coopération, le Premier ministre Abe entend concrétiser sa détermination à faire de cette région africaine au potentiel prometteur une terre promise de croissance dans un avenir proche. Une fois cet objectif atteint, le rôle et la position du Japon dans ce pays ne seront pas négligeables.
D'un autre point de vue, et c'est tout aussi remarquable, la visite du Premier ministre Abe en Afrique a eu lieu en même temps que celle du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, en visite dans quatre pays africains. Face à cette évolution, de nombreux analystes estiment que l'Afrique pourrait bien devenir le nouveau champ de bataille entre le Japon et la Chine, les relations entre les deux pays n'ayant pas encore apaisé leurs tensions liées aux conflits territoriaux. Il est évident que la course à l'influence sera difficile pour le Japon, car la Chine a l'avantage d'être la première à arriver. Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire de l'Afrique ; 13,5 % du commerce extérieur du continent se fait avec la Chine, contre seulement 2,7 % avec le Japon, selon les données de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Cependant, selon de nombreux experts, le Japon avance lentement mais sûrement, n'investissant pas dans l'exploitation généralisée des ressources, mais de manière sélective dans des projets spécifiques, principalement dans les infrastructures, qui constituent son point fort. Ainsi, cette visite du Premier ministre Abe marquera un nouveau départ pour le Japon dans sa reconquête du continent noir.
Thanh Huyen