Porter un serpent pour « garder » les poules à la maison

August 21, 2014 13:18

(Baonghean) - Ces derniers jours, des informations ont circulé sur Internet concernant un projet de suppression des mascottes étrangères érigées sur des sites culturels et historiques au Vietnam. Je ne connais rien aux temples et aux sanctuaires, et d'ailleurs, à première vue, ils se ressemblent tous.

Sư tử đá tạo hình của Trung Quốc được đặt trước vườn tháp ở di tích chùa cổ Chân Tiên (phố Bà Triệu, Hà Nội). Ảnh: VNE
Un lion de pierre de style chinois est placé devant le jardin de la tour de l'ancienne pagode Chan Tien (rue Ba Trieu, Hanoï). Photo : VNE

NOUVELLES CONNEXES

- N'importe quoi, ce que tu as dit est tellement absurde ! C'est une atteinte à l'identité culturelle vietnamienne, par simple ignorance ! Mon ami, fin connaisseur de la culture ancienne, a tapé bruyamment sur la table et la chaise en me réprimandant. Selon lui, la différence entre les mascottes vietnamiennes et les mascottes chinoises ou européennes ne réside pas seulement dans les lignes et les formes, mais aussi dans leur signification. Par exemple, les lions et les licornes chinois sont intrinsèquement féroces, car les Chinois les installent souvent pour garder les tombeaux. Ou encore, le Pixiu, un animal sans anus, ce qui signifie qu'il ne peut qu'entrer mais pas sortir, est une mascotte du monde des affaires. On voit donc que les mascottes ne sont pas de simples statues inanimées et dénuées de sens, mais la cristallisation tangible des idéaux et des valeurs culturelles et spirituelles que nous défendons.

Par-dessus tout, les mascottes sont un élément important du système culturel matériel et immatériel (architectures et pratiques culturelles et spirituelles), préservant une part d'histoire. Imaginez, dans des centaines, voire des milliers d'années, lorsque nos descendants fouilleront et mèneront des fouilles archéologiques dans un temple vietnamien gardé par deux lions chinois, ou pire, deux lions… d'Europe, ce sera un grand point d'interrogation, une impasse dans la recherche des racines historiques. Dans le pire des cas, qui sait, les archéologues concluront, dans des centaines de milliers d'années, qu'il s'agit d'un temple chinois, alors pourquoi est-il situé sur le territoire vietnamien, ce qui soulèverait des doutes quant à la souveraineté territoriale. Quel danger !

Beaucoup d'entre nous doivent être surpris d'apprendre que de nombreuses mascottes présentes dans nos œuvres culturelles et spirituelles actuelles sont des mascottes « empruntées ». Pour deux raisons : premièrement, il existe de nombreuses similitudes entre les cultures vietnamienne et chinoise, ce qui est compréhensible compte tenu de leur proximité géographique et de l'histoire qui les a marquées. Deuxièmement, beaucoup de gens ne prêtent pas vraiment attention à la spiritualité, ne s'y intéressent pas, ne recherchent que des choses extérieures. Les statues doivent être grandes et lourdes, les stèles belles et luxueuses, mais ils ne comprennent pas ce qu'est une statue, ce qui y est gravé. Ainsi, avoir du cœur devient insensible, avoir une âme devient insensible, avoir du sens devient insignifiant…

Le Vietnam est le Vietnam. Si le monde veut le reconnaître, le peuple vietnamien doit d'abord avoir un sens aigu de son identité. Pourquoi, lorsqu'ils voyagent à l'étranger, les Vietnamiens sont-ils souvent confondus avec des Thaïlandais, des Chinois… ? Peut-être parce que la culture vietnamienne manque de clarté et de diffusion. Il est également compréhensible que la perception de la culture vietnamienne par les Vietnamiens soit encore floue, par manque de compréhension ou, plus grave encore, par habitude de vénérer des choses étrangères. En conclusion, ne ramenez pas de serpents étrangers chez vous, le danger est imprévisible !

Hai Trieu