Quel est le plan B de Kerry pour l’Iran ?
(Baonghean.vn) - Le secrétaire d'État américain John Kerry est arrivé à Vienne le week-end dernier, espérant conclure les négociations sur le programme nucléaire iranien et proclamer leur succès. Il veut s'assurer que l'accord limite la capacité de l'Iran à se doter d'un arsenal nucléaire à l'avenir.
Ce genre de succès semble désormais hors de portée. Après deux jours de négociations, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, est retourné à Téhéran pour des consultations, et les diplomates ont reconnu qu'ils risquaient de manquer la date butoir qu'ils s'étaient eux-mêmes fixée aujourd'hui (30 juin).
Par ailleurs, lors d'un discours télévisé il y a plus d'une semaine, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a semblé annuler les inspections de sites militaires. L'Iran avait auparavant bloqué l'accès à ces sites, mais les accords interdisant les inspections de sites militaires soupçonnés d'abriter des installations nucléaires n'ont pas non plus été acceptés. Khamenei a également exigé que les sanctions économiques qui ont contraint l'Iran à reprendre les négociations il y a deux ans soient levées immédiatement après la signature de l'accord, plutôt que progressivement pour garantir le respect des engagements. Il a également suggéré que les restrictions imposées à l'Iran soient d'une durée inférieure aux 10 à 12 ans proposés.
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Les négociations décideront du sort des réacteurs nucléaires iraniens. Photo : Getty Images. |
Chacun de ces éléments est susceptible de faire échouer l'accord. Si l'on considère l'histoire du programme nucléaire iranien, les négociations ont débuté il y a douze ans, après la découverte du programme de combustible nucléaire iranien, et se sont poursuivies pendant une décennie, partant du principe que l'Iran devait l'abandonner complètement. Cet effort a échoué. L'Iran est passé de quelques centrifugeuses rudimentaires et d'un stock de combustible insignifiant à un programme complexe, disposant de suffisamment de combustible pour produire plusieurs armes.
Le président américain Barack Obama a recouru à des sanctions plus sévères pour ramener l'Iran à la table des négociations et parvenir à un compromis : l'Iran conserverait un programme de combustible nucléaire restreint et étroitement surveillé. Un accord intérimaire conclu en novembre 2013 a mis fin au développement de l'infrastructure nucléaire iranienne et éliminé ses stocks de combustible les plus dangereux en échange d'un allègement des sanctions. Cet accord, toujours en vigueur, est plus favorable aux États-Unis et à leurs partenaires de négociation qu'à l'Iran.
Ainsi, si aucun nouvel accord n'est trouvé, les négociations se poursuivront et le statu quo sera maintenu, sans préjudice significatif pour aucune des deux parties. La question est de savoir ce qui se passera si tout le processus échoue. Kerry doit se préparer à cette éventualité en élaborant un plan d'urgence.
Le plan B, selon certains experts, nécessiterait de s'assurer d'un soutien suffisant pour intensifier les sanctions si nécessaire. Cela signifie que les États-Unis devraient convaincre l'Europe, la Russie, l'Inde et d'autres pays de ne pas s'opposer aux sanctions. Cela exigerait de la patience de la part du Congrès américain.
De nombreux parlementaires estiment que l'Iran tente de gagner du temps pour étendre son programme, comme il l'a fait sous l'administration George W. Bush. Il pourrait faire face à de nouvelles sanctions si aucun accord n'est trouvé dans les prochains jours. Mais cela violerait les termes de l'accord intérimaire et donnerait à Khamenei un prétexte pour accuser les États-Unis de tricherie, mettant ainsi fin aux négociations et poursuivant l'expansion du programme nucléaire iranien. Dans ce cas, il sera beaucoup plus difficile de maintenir l'unité de la communauté internationale autour des efforts visant à freiner le programme iranien.
Kerry ne devrait pas signer un mauvais accord. Mais pour qu'un plan B fonctionne, il doit également s'assurer qu'en cas d'échec du processus, la responsabilité incombe non seulement aux États-Unis, mais aussi à l'Iran.
Jeu Giang
(Selon Bloomberg)