À la dérive avec l'eau

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(Baonghean) - Personne ne sait depuis quand, les femmes du village de pêcheurs de Hung Lam (Hung Nguyen) sont attachées au métier de ratisser les moules sur la rivière Lam ; le métier de « suivre » l'eau est un travail de dérive toute l'année avec beaucoup de difficultés...

Midi d'été sur la rivière Lam, le soleil est brûlant. Le vent laotien est sec et chaud… Au milieu de la rivière (à travers la commune de Hung Lam), de petites silhouettes ratissent et creusent avec diligence pour trouver des moules. Au début de l'été, le niveau de la rivière baisse généralement vers midi ; lorsque la chaleur atteint son paroxysme, c'est aussi le moment où les femmes du hameau 9, Hung Lam, se précipitent sur la rive pour ramasser des moules.

Phụ nữ xóm vạn chài Hưng Lam (Hưng Nguyên)   cào hến trên sông Lam.
Les femmes du village de pêcheurs de Hung Lam (Hung Nguyen) ramassent des moules sur la rivière Lam.

Munies de râteaux à palourdes en bambou faits à la main et attachés à leur corps, les femmes pataugent au milieu du ruisseau pour ratisser et ramasser les palourdes. Après chaque passage, les râteaux sont soulevés pour être tamisés et lavés. Les minuscules palourdes apparaissent peu à peu sous la couche de boue et de mousse, dodues et dorées, scintillantes au soleil. D'après l'expérience des pêcheurs, les palourdes de ce tronçon de la rivière sont délicieuses et contiennent peu de sable. Le niveau de l'eau fluctue souvent, parfois deux fois par jour (eau mère, eau fille). Ces jours-là, les pêcheurs sont particulièrement occupés à tamiser le sable et à trouver des palourdes.

Arrêtant de ratisser, essuyant la sueur de son front, Mme Hien, qui a une « ancienneté » dans le métier de ramasseur de palourdes, a partagé : « La première saison des palourdes, on l'appelle chez nous la saison des palourdes. Les palourdes sont petites mais très fermes et grasses. » Puis elle m'a montré comment ratisser les palourdes, en écartant l'eau, ses pieds sondant le lit de la rivière « je n'arrête de ratisser que lorsque mes pieds sont rugueux et bosselés, quand il y a beaucoup de palourdes. » La pêche aux palourdes est le gagne-pain de sa famille depuis des générations. Pendant des générations, sa famille a vécu « accrochée » à la rivière, considérant le bateau comme sa maison, se laissant porter par l'eau. Cependant, grâce à de nombreuses années de vie grâce aux « bienfaits » de la rivière, sa famille a pu « atteindre le rivage ».

Le métier de dériveur sur le fleuve est également semé d'embûches. Née et élevée dans un village de pêcheurs, travaillant comme pêcheuse de palourdes toute l'année, Mme Lan connaît chaque tronçon du fleuve, ses marées montantes et descendantes. Aujourd'hui âgée de soixante-dix ans, elle ne se repose jamais, car son travail lui manque, la rivière lui manque… « Nous descendons à la rivière dès que l'eau se retire. Certains jours, elle se retire tôt le matin, à midi ou dans l'après-midi, mais d'autres jours, c'est tard le soir… Les soirs où l'eau se retire, nous nous appelons pour aller ramasser les moules. La nuit, au milieu de la rivière sombre, les faibles lumières des bateaux brillent, tout le monde s'affaire à ramasser et laver les moules comme d'habitude. Rires, discussions, bruits de vannage et de lavage des moules… une activité qui s'emballe le long d'un tronçon de la rivière. Les jours les plus difficiles restent les jours froids, où l'on trempe dans l'eau pendant des heures pour ramasser les moules. Le froid semble pénétrer chaque fibre de notre chair, mais tout le monde serre les dents, ratissant et vannant, car l'eau ne se retire que pendant 4 à 5 heures, alors chacun essaie de ratisser avant que l'eau ne monte. » – Mme Lan nous parle de son travail. Elle y a passé près de la moitié de sa vie. Puis elle a souri d'un air édenté : « Si tu travailles assez dur, tu t'y habitueras. Si les femmes et les personnes âgées comme nous ne le font pas, nos emplois nous manqueront. »

Selon les anciens du village, autrefois, la plage de Hung Lam regorgeait de moules. La saison des moules commençait en mars et se poursuivait jusqu'en décembre. Les pêcheurs travaillaient donc à la pêche aux moules presque toute l'année, sauf pendant les mois de crue, lorsque le niveau de la rivière montait. On trouvait les moules de Hung Lam sur tous les marchés ruraux, jusqu'en ville.

De nombreux ménages du village de pêcheurs ont débarqué et construit des maisons pour se protéger de la pluie et du soleil ; leurs enfants peuvent aller à l'école grâce à la pêche aux palourdes. Le village de pêcheurs du hameau 9, Hung Lam, compte 93 familles. Autrefois, elles pratiquaient encore la pêche à la dérive sur la rivière. Aujourd'hui, plus des deux tiers des ménages ont débarqué. Cependant, la pêche aux palourdes, qui a accompagné de nombreuses générations, est en voie de disparition. La pêche aux palourdes diminue progressivement en raison de l'exploitation du sable et du gravier. Les terres cultivables étant rares, la plupart des hommes et des jeunes du village (ceux qui ne se reconvertissent pas dans l'extraction de sable et de gravier) partent travailler ailleurs ou sont délocalisés. Nombre d'habitants du village de pêcheurs de Hung Lam aspirent à une vie stable, à disposer de terres cultivables, à bénéficier d'un soutien technique et à être assurés d'un développement économique leur permettant de stabiliser leur situation, sans dépendre de la rivière.

Pourtant, les femmes du village de pêcheurs continuent de pratiquer la pêche aux palourdes toute leur vie. Des personnes âgées aux cheveux gris et à la peau tachetée de rousseur, qui travaillent encore dur, aux petites filles encore dans la fleur de l'âge, elles suivent aussi leurs grands-mères et leurs mères à la rivière les jours de basses eaux… Car pour elles, la pêche aux palourdes n'est pas seulement un moyen de gagner sa vie, mais le métier de « suivre » l'eau est devenu indissociable de la chair et du sang de chaque villageois.

Dinh Nguyet