La Turquie : la clé pour résoudre la crise ?
(Baonghean) - Jamais auparavant la Turquie n'a joué un rôle aussi important dans la gestion de nombreux problèmes régionaux, de la lutte contre l'État islamique (EI) autoproclamé à la crise des réfugiés en Europe. La Turquie joue non seulement un rôle de « pont », mais aussi un facteur important pour contribuer à résoudre les problèmes en suspens, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi en Europe.
Le « mur » pour empêcher les immigrants d’entrer en Europe…
Plus que jamais, l'Europe accorde une attention particulière à la Turquie. La plupart des dirigeants de l'Union européenne (UE) sont désormais prêts à inscrire Ankara sur la liste des « pays sûrs ». L'UE a même reporté la publication d'un rapport jugé critique à l'égard de la démocratie turque. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Turquie pourrait constituer un « mur » bloquant le flux massif de migrants qui affluent sur le Vieux Continent, provoquant une perte d'appétit et de sommeil pour le continent ces derniers mois.
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De nombreux réfugiés syriens transitent par la Turquie avant d'atteindre l'Europe. Photo : AP |
La Turquie partage une frontière directe avec la Syrie et constitue également la première destination des réfugiés en Europe. On compte actuellement 2,2 millions de réfugiés syriens en Turquie. Si la Turquie ne coopère pas efficacement avec ce pays, l'Europe sera confrontée à d'innombrables difficultés. Selon les estimations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), au moins 700 000 réfugiés syriens afflueront en Europe en 2015, et un nombre similaire en 2016.
C'était également le thème principal du sommet UE-Turquie, dont l'ordre du jour était également un « marché » pour que la Turquie résolve le problème des réfugiés. En conséquence, l'Europe a accepté d'apporter un soutien financier, d'accélérer la simplification des procédures de visa pour les citoyens turcs et d'ouvrir de nouveaux chapitres dans les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE.
En contrepartie, la Turquie devra « retenir » les migrants syriens, les empêchant ainsi de traverser la frontière vers l'Europe. Selon l'accord, l'aide servira à installer des camps de réfugiés sur le sol turc et à soutenir la scolarisation et les soins médicaux des enfants de familles migrantes. Cependant, la Turquie a déploré que les 3 milliards d'euros proposés par l'Union européenne soient « insignifiants », alors que la Turquie a dépensé 8 milliards d'euros (environ plus de 9 milliards de dollars) pour soutenir les réfugiés par le passé.
Selon les analystes, si l'Europe et la Turquie ne parviennent pas à un accord, il n'y aura pas d'autre solution, et le flux migratoire en provenance de Syrie, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord continuera d'affluer vers l'Union européenne. Par conséquent, la visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Istanbul, dimanche 18 octobre, n'est pas étrangère aux négociations avec la Turquie. Bien qu'aucun accord détaillé n'ait été annoncé, les dirigeants allemand et turc ont tous deux affirmé que « des progrès ont été réalisés sur la question de l'immigration ».
…et combattre l’EI
Outre la crise migratoire, la Turquie est également une force importante dans la lutte contre l'État islamique (EI) autoproclamé. Selon les analystes, si la Turquie avait participé dès le début, les États-Unis et la coalition auraient eu plus de chances de renverser rapidement la situation face à cette dangereuse organisation terroriste. La Turquie, pays frontalier avec la Syrie, est membre de l'OTAN et dispose d'un fort potentiel militaire. Actuellement, la Turquie compte environ 612 000 soldats d'active et 429 000 réservistes. Son budget militaire annuel s'élève à environ 25 milliards de dollars.
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Un avion de transport américain C-5 Galaxy décolle de la base aérienne d'Incirlik à Adana, en Turquie, le 10 août. Photo : Reuters |
Après une longue période d'hésitation, la Turquie a lancé ses premières frappes aériennes contre des cibles de l'État islamique en Syrie en juillet. Un mois plus tard, l'aviation américaine a commencé à utiliser la base aérienne d'Incirlik, dans la province d'Adana, au sud de la Turquie, pour mener des frappes aériennes contre les militants de l'EI. Les États-Unis ont qualifié la participation de la Turquie de « changement radical » dans la lutte contre l'EI.
Outre les États-Unis, lorsque la Russie a mené des frappes aériennes contre l'EI en Syrie, Moscou a également appelé à une coopération plus étroite avec l'OTAN et la Turquie dans la lutte contre l'ennemi commun. Cela montre que la Turquie est devenue non seulement une force efficace contre l'EI, mais aussi un « mur » empêchant l'expansion de cette force islamiste extrémiste vers d'autres régions.
En devenant un facteur important dans la résolution de la crise migratoire du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord vers l’Europe, et en devenant une force efficace dans la lutte contre l’EI, la Turquie démontre son rôle et sa position dans la région et pourrait très bien être la « clé » pour aider à résoudre l’instabilité dans l’un des points les plus chauds de la planète.
Thanh Huyen
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