La première femme présidente du Brésil s'apprête à vivre comme une roturière

L'ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff devra bientôt quitter son somptueux palais présidentiel, avec ses commodités et son héliport, pour emménager dans un modeste appartement. Mais peut-être que la vie après sa destitution ne sera pas si terrible.

L'ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff. Photo : Getty Images.

Le Sénat brésilien a destitué la première femme présidente du Brésil le 31 août, rejoignant ainsi les près de 12 millions de chômeurs du plus grand pays d'Amérique latine. Son successeur, l'ancien vice-président Michel Temer, dirige le Brésil depuis mai.

Mme Rousseff devra dire adieu au palais présidentiel moderne et confortable de Brasilia, emmenant avec elle sa chienne Fafa. Elle devra également s'adapter à une vie sans avion, sans armée de secrétaires, de conseillers, de cuisiniers et de gardes du corps, sans compter un salaire mensuel d'environ 9 500 dollars et les autres avantages liés à la direction d'un pays de 206 millions d'habitants.

Dans les prochains jours, Mme Rousseff devrait retourner dans sa ville natale de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, où elle possède un modeste appartement. Elle dispose de 30 jours pour libérer son Palacio da Alvorada, ou Palais de l'Aurore. Elle pourra utiliser l'avion de l'armée de l'air pour la dernière fois, rapporte le journal brésilien Folha. Elle pourra également conserver huit membres de son personnel, dont quatre gardes du corps, deux assistants et deux chauffeurs.

Façade du palais présidentiel brésilien. Photo : Wikipédia.

Le procès en destitution n'a rien changé aux accusations de mauvaise gestion du gouvernement. Ces dernières semaines, Mme Rousseff a commencé à faire ses valises et à déménager à Porto Alegre. Son appartement se trouve dans un quartier résidentiel côtier appelé Tristeza, qui signifie « tristesse ». Pourtant, Mme Rousseff y aurait vécu heureuse. Réfugiée là-bas pendant le procès en destitution, Mme Rousseff fait souvent des balades matinales à vélo et retrouve sa fille Paula, son ex-mari Carlos Araujo et ses deux petits-fils Gabriel et Guilherme, rapporte ZH Politica. L'air marin « la rafraîchit », selon le journal, citant des responsables politiques proches de Mme Rousseff.

Certains disent que Rousseff sera soulagée de quitter Alvorada. Conçu par le célèbre architecte Oscar Niemeyer, ce bâtiment blanc et peu élevé, situé en périphérie de la capitale Brasilia, pourrait sembler vide et isolé pour une femme âgée et seule. Il est doté de baies vitrées, d'une grande pelouse, d'une grande piscine, d'une chapelle séparée et de tous les équipements essentiels, dont un centre de santé, un cinéma et un terrain de football. « Elle regrettera de partir. Elle a un médecin de garde 24 heures sur 24. Elle n'a aucune idée de la vie des Brésiliens ordinaires et de la piètre qualité des hôpitaux publics », a déclaré la guide touristique Irma Ferreira, 47 ans, qui connaît bien la demeure pour y avoir emmené des visiteurs.

« Condamnation à mort politique »

D'autres pensent qu'un avenir plus humain est en route. « Honnêtement, je pense qu'elle se sentirait plus à l'aise dans un mode de vie plus simple », a déclaré Alexandre Fragos Lacerda, un analyste politique réuni avec d'autres personnes devant la résidence Alvorada pour soutenir l'ancien président. Arnold Stevens, un Américain qui a visité le palais présidentiel brésilien, a qualifié cette luxueuse résidence d'« effrayante ».

Que fait l'ancienne présidente, notoirement accro au travail, lorsqu'elle est sans emploi ? Rousseff a refusé deux offres d'emploi pour étudier à l'étranger, une en France et une aux États-Unis, rapporte Folha. Le Sénat brésilien a voté son interdiction de toute activité politique pendant huit ans. Ainsi, au lieu de recevoir ce qu'elle appelle une « condamnation à mort politique », Rousseff pourrait théoriquement reprendre sa campagne. Un retour rapide au sommet du pays est peu probable, car elle a remporté deux élections consécutives. Elle bénéficie également de peu de soutien, l'économie brésilienne étant entrée dans une profonde récession pendant son mandat. Mais elle n'est pas sans possibilité de se présenter au Congrès.

Une source proche de Mme Rousseff a déclaré que la destitution lui avait donné un nouveau souffle. « Pour elle, il n'y avait pas de désespoir. La destitution l'a simplement renforcée », a-t-elle ajouté.

Selon TPO