Un beau discours, mais l'Amérique reste divisée

March 2, 2017 07:44

Il y a un sujet qui fait l’objet de vifs débats à travers l’Amérique : quelle version du président Trump apparaîtra dans son premier discours devant les deux chambres du Congrès : hystérique, hors de contrôle ou calme et poli ?

Tổng thống Donald Trump phát biểu trước Quốc hội Mỹ tối 28-2 - Ảnh: Reuters
Le président Donald Trump s'exprime devant le Congrès américain le soir du 28 février - Photo : Reuters

Le président Donald Trump a prononcé le meilleur discours de sa carrière. CNN, qui n'a jamais eu un mot élogieux à son égard, en a fait une critique positive. Fox News l'a même titré « Un nouveau chapitre de grandeur ».

La question de savoir si cette performance magistrale permettra de sauver la cote de popularité de Trump (actuellement autour de 40 %) reste ouverte. Mais c'est un bon début : un sondage CNN auprès de téléspectateurs majoritairement anti-Trump a révélé que 78 % d'entre eux ont jugé le discours positif ; 69 % ont estimé que la politique de Trump ferait avancer le pays dans la bonne direction.

M. Trump a clairement énuméré les réalisations de ses 40 premiers jours à la Maison-Blanche et le programme qu'il entend poursuivre à l'avenir. Contrairement à ses discours de campagne, truffés d'informations erronées, de contradictions, d'ambiguïtés et d'attaques, celui-ci était très classique.

En termes de style

Le discours de M. Trump était plus présidentiel que tout ce qu'il avait fait auparavant. Le New York Times titrait à contrecœur : « Trump expose discrètement ses objectifs » – un compliment coûteux pour le journal.

La une du Washington Post titrait : « Le surprenant discours présidentiel de Trump. » Les médias grand public ont été visiblement pris au dépourvu.

Mais M. Trump n'a fait preuve ni de réserve ni de politesse envers ceux qui, selon lui, menaçaient la sécurité et les valeurs de l'Amérique. Il a commencé son discours en saluant les contributions des Noirs américains lors du Mois de l'histoire des Noirs. Il a ensuite attaqué les extrémistes qui haïssent les Noirs et les Juifs…

Trump a salué les forces de police du pays, appelant les Américains à coopérer avec elles au lieu de les maltraiter. Il s'agissait d'une critique directe du mouvement Black Lives Matter, qui a appelé à la violence contre les policiers et les organisateurs de manifestations anti-Trump à travers les États-Unis. Il a indiqué qu'il ne se laisserait pas intimider.

Le président Barack Obama avait auparavant prôné la « prudence » lorsqu'il qualifiait les terroristes de « terroristes islamistes radicaux », de peur que ce langage n'offense les musulmans modérés. M. Trump ne l'a pas fait : il a clairement affirmé qu'il ne céderait pas aux menaces. L'équipe de la Maison-Blanche a toutefois indiqué que M. Trump pourrait « adoucir » ce point de vue à l'avenir.

M. Trump a répété deux slogans : « Make America Great Again » et « America First ». Il a déclaré qu’il n’était pas responsable du monde et qu’il avait été élu uniquement pour servir le peuple américain.

Il souhaite clairement envoyer un message au monde entier, lui montrant qu'il est sérieux sur ce sujet. Par exemple, il s'attribue le mérite d'avoir incité les pays européens à verser l'intégralité de leurs contributions à l'alliance militaire de l'OTAN.

M. Trump a appelé les Démocrates à collaborer avec l'administration pour résoudre les problèmes du pays. Mais il les a également pointés du doigt, exigeant qu'ils cessent de se disputer pour des questions insignifiantes. M. Trump souhaite la coopération, mais ce n'est peut-être pas une bonne tactique. Les Démocrates semblent stupéfaits.

Les femmes démocrates venues écouter le discours portaient toutes des uniformes blancs. Elles souhaitaient ainsi faire pression sur les politiques anti-femmes de M. Trump, notamment la politique de planification familiale, l'avortement…

Blanc parce que les femmes le portaient pour lutter pour le droit de vote dans les années 1900. Peut-être que quelqu'un devrait leur dire que les femmes étaient aussi contre l'avortement à l'époque (comme M. Trump).

Principales politiques

La plupart des présidents américains invitent des personnalités pour représenter un sujet qu'ils souhaitent aborder dans leurs discours. M. Trump en a invité plusieurs, mais la reconnaissance de la veuve de William Owen, récemment tué au Yémen lors d'un raid, a été le point culminant de la soirée.

Le Congrès tout entier s'est levé et a applaudi pendant environ cinq minutes, un record. Van Jones, l'un des critiques les plus virulents de Trump sur CNN, a commenté : « C'est à ce moment-là que Trump est devenu président. »

Bà Carryn Owens, một nữ khách mời phấn khích tán thưởng bài phát biểu, bên cạnh cô Ivanka Trump (phải), con gái của Tổng thống Trump - Ảnh: Reuters
Mme Carryn Owens, une invitée, a applaudi avec enthousiasme le discours, aux côtés de Mme Ivanka Trump (à droite), fille du président Trump - Photo : Reuters

Bien que républicain, M. Trump n'est pas un conservateur. Son discours a réitéré son aversion pour le commerce. Il a insisté sur son engagement à ramener des emplois aux États-Unis et à soutenir les entreprises – des actions que la plupart des conservateurs considèrent comme « procapitalistes ».

Et peut-être que la grande nouvelle du discours – dans lequel M. Trump s'est déclaré ouvert à un compromis sur l'immigration – suggérait qu'il penchait pour une voie vers la citoyenneté pour les immigrants illégaux. Le sénateur Mitch McConnell, chef de file des républicains au Sénat, s'est montré moins enthousiaste lors d'une interview après son discours.

Les priorités de M. Trump sont claires. Il souhaite augmenter les dépenses de défense de 10 % (soit 54 milliards de dollars) ; encourager les écoles privées et le libre choix de l'école, notamment pour les enfants issus de minorités défavorisées ; et créer un système d'immigration à points, similaire à celui de l'Australie, pour aider les immigrants à subvenir à leurs besoins. Enfin, M. Trump a clairement indiqué qu'il soutiendrait une réforme du système de santé partagée par de nombreux républicains.

Comment vont les affaires étrangères ?

M. Trump n'a pas beaucoup parlé de politique étrangère, malgré son emploi du temps chargé. Il n'a pas évoqué l'Irak ni l'Afghanistan, mais a exprimé son soutien à Israël. De même, les relations avec la Russie, sujet pour lequel M. Trump a été vivement critiqué, la Chine et la Corée du Nord n'ont pas été évoquées.

Le côté « étrange » du discours est que M. Trump n'a pas précisé où il trouverait l'argent pour financer son programme. Mais ce n'est pas si inhabituel.

Je ne me souviens pas qu'un président ait expliqué cela. D'après les discussions récentes, M. Trump s'attend à une croissance économique rapide et à des coupes dans d'autres programmes (comme la protection de l'environnement) pour résoudre le problème financier. Les deux plus gros postes budgétaires, la Sécurité sociale et Medicare, restent inchangés.

En bref, le discours de Trump marque un bon début pour sa présidence. J'aimerais juste qu'il abandonne les annonces politiques sur Twitter et adopte une approche plus formelle.

M. Trump pourrait prétendre que sans Twitter et son style « féroce », il n'aurait pas été élu. Qui sait ?

Selon TTO

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