Le Canada, un nouveau facteur dans le dossier nord-coréen
(Baonghean.vn) - Des diplomates de 16 pays ont commencé à se réunir à Vancouver, au Canada, du 15 au 17 janvier pour trouver des solutions à la question de la Corée du Nord, organisée par le Canada et les États-Unis.
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La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, coprésideront une conférence sur la Corée du Nord à Vancouver (Presse Canadienne). |
Cette réunion est particulièrement intéressante car c’est la première fois que le Canada joue un rôle actif de médiateur dans l’un des points chauds les plus insolubles du monde.
Le retour du Canada
Le Canada a annoncé il y a près d'un mois qu'il accueillerait une conférence internationale sur la Corée du Nord, alors que le dossier nord-coréen était quasiment au point mort. Les réunions d'urgence entre les parties concernées se sont poursuivies, suivies de sanctions de plus en plus sévères contre la Corée du Nord.
Cependant, les essais nucléaires et de missiles de la Corée du Nord continuent de se produire plus fréquemment, avec des niveaux techniques de plus en plus améliorés, capables d'atteindre l'ensemble du territoire américain.
Les analystes affirment que la Corée du Nord est prête à accepter une vie difficile en échange de la capacité de maîtriser la technologie dans les domaines nucléaire et des missiles.
Il existe donc de nombreuses opinions sceptiques quant à la participation du Canada à la question nord-coréenne, un pays qui a été presque absent de la question nord-coréenne pendant de nombreuses années.
Le Canada a établi des relations diplomatiques avec la Corée du Nord en 2001 pour soutenir la « politique du rayon de soleil » de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung. Depuis 2010, le Canada s'est largement tenu à l'écart du dossier nucléaire du pays après que l'ancien premier ministre Stephen Harper a adopté une politique de « contrôle du désengagement » envers la Corée du Nord.
L'absence d'implication du Canada dans le dossier nord-coréen constitue un atout pour lui permettre de jouer un rôle de médiateur. Fort de relations commerciales stables avec plusieurs pays de la région et d'une présence militaire quasi inexistante, le Canada n'a pas d'intérêt direct dans le dossier nord-coréen, contrairement aux États-Unis, au Japon, à la Corée du Sud ou à la Chine.
Par conséquent, le moment actuel est considéré comme favorable pour que le Canada revienne au « dossier de la Corée du Nord », avec le désir de créer un pont entre les parties concernées, visant à trouver une solution pour la péninsule coréenne fondée sur les règles et les lois internationales.
Vers une solution diplomatique
Lors de cette réunion à Vancouver, les diplomates devraient chercher des solutions pour exercer davantage de pression sur la Corée du Nord afin de la forcer à revenir à la table des négociations.
Bien que cette approche ne soit pas nouvelle, le Canada estime que le plus important est de créer un consensus au sein de la communauté internationale sur la mise en œuvre des sanctions, afin que les solutions pour exercer une pression sur la Corée du Nord puissent être efficaces.
La réalité actuelle montre que les sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord comportent encore de nombreuses lacunes, tandis que les sanctions unilatérales des États-Unis contre la Corée du Nord ainsi que contre les entreprises chinoises faisant des affaires avec la Corée du Nord n'ont eu pratiquement aucun impact sur l'avancement des programmes de missiles et nucléaires du pays.
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La conférence de Vancouver ciblera les navires secrets faisant du commerce avec la Corée du Nord (Getty) |
L’un des principaux sujets de cette conférence est donc d’envisager le blocage des cargos à destination et en provenance de la Corée du Nord, ainsi que le blocage des routes maritimes que certains navires utilisent encore pour commercer secrètement avec ce pays.
Les diplomates affirment que la Corée du Nord a toujours fait preuve de résilience face aux sanctions internationales, mais les rapports des services de renseignement montrent que l'économie du pays est en difficulté.
Même l'accord de la Corée du Nord de reprendre le dialogue avec la Corée du Sud début 2018 est censé répondre à la nécessité pour la Corée du Nord de trouver une issue à sa situation actuelle, notamment à l'approche des plus rudes hivers. C'est une bonne occasion pour les parties de promouvoir des solutions visant à ramener la Corée du Nord à la table des négociations.
Les analystes ont déclaré à plusieurs reprises que quelle que soit l’évolution de la situation dans la péninsule coréenne, une solution diplomatique par le biais de négociations reste la seule option viable.
Cependant, de nombreux sceptiques subsistent quant à l'issue de cette conférence de Vancouver, où la Russie et la Chine n'ont pas été invitées. Jusqu'à présent, le Canada n'a reçu aucune explication quant à l'absence de deux pays jouant un rôle crucial dans le dossier nord-coréen – notamment la Chine – sur la liste des invités.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a peut-être également remarqué cette insuffisance. Deux jours avant la tenue de la conférence, il s’est engagé à poursuivre le dialogue avec toutes les parties, y compris la Russie et la Chine, et a appelé ces deux pays à contribuer à apaiser les tensions actuelles dans la péninsule coréenne.
Message à la Maison Blanche
Alors que les représentants de 16 pays se réunissent à Vancouver pour chercher des solutions diplomatiques, le message qu'ils souhaitent transmettre s'adresse non seulement au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, mais aussi à la Maison Blanche, même si les États-Unis co-organisent la conférence.
À la tête de la délégation américaine à cette conférence se trouve le secrétaire d'État Rex Tillerson, qui a toujours été un « artisan de la paix » dans l'administration du président Donald Trump.
Le secrétaire d'État Rex Tillerson a publiquement soutenu la reprise des négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord, mais ses messages ont souvent été « interférés » par des déclarations contradictoires du président américain Donald Trump lui-même ainsi que de certains autres membres du gouvernement.
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La conférence de Vancouver vise également à envoyer un message au président Donald Trump pour qu'il s'oriente vers une solution diplomatique à la question nord-coréenne (Getty). |
Par exemple, en décembre dernier, lorsque M. Tillerson a proposé de mener un dialogue sans conditions préalables avec la Corée du Nord, la Maison Blanche a immédiatement publié une déclaration affirmant qu'elle n'était « pas prête au dialogue en raison des essais nucléaires de Pyongyang ».
Par conséquent, un front international uni vers une solution diplomatique sera la base sur laquelle le secrétaire d’État américain pourra surmonter les désaccords internes pour promouvoir des solutions au sein du gouvernement américain sur la question de la Corée du Nord.
Lorsqu’il est entré en fonction comme premier ministre du Canada en 2015, Justin Trudeau a envoyé le message à la communauté internationale que « le Canada est de retour ».
Et ce message ne serait pas plus convaincant si le Canada parvenait à « faire bouger les choses » sur le dossier nucléaire nord-coréen. Bien sûr, M. Justin Trudeau n'est pas assez « délirant » pour espérer une percée après ce sommet de Vancouver.