Monde 2017 : Instable, inattendu, précaire, incertain !

Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong February 16, 2018 07:42

(Baonghean) - La politique et la sécurité mondiales en 2017 ont été rapides, chaotiques, inattendues et très imprévisibles ; parmi elles, les 5 points suivants ont émergé :

1. L'Amérique s'affaiblit

En 2017, en raison d’erreurs dans les politiques intérieures et étrangères, le président D. Trump a provoqué un grave déclin du rôle et de la position de la superpuissance américaine.

Sur le plan intérieur, grâce à la politique de « l'Amérique d'abord » et de « restauration de la grandeur de l'Amérique », et à un certain nombre de mesures telles que la réduction de l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le revenu des particuliers, l'augmentation de l'exploitation et de l'utilisation du pétrole, du gaz de schiste et du charbon, le président D. Trump a redressé l'économie américaine avec un taux de croissance du PIB d'environ 3 %, le taux de chômage et l'inflation les plus bas depuis plus de dix ans. Mais ce n'est là que le premier résultat de solutions temporaires.

Durant ses onze mois de mandat, le président D. Trump n'a rien fait pour combler le fossé qui sépare la société américaine. Sa cote de popularité a chuté de façon spectaculaire, atteignant seulement 35 % lors de sa première année de mandat (contre 55 % auparavant).

- En matière de politique étrangère, le président D. Trump a introduit une série de politiques étrangères qui vont à l’encontre de celles de son prédécesseur.

Le président D. Trump s'est retiré du Partenariat transpacifique (TPP) ; a renégocié l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique ; s'est retiré de l'Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique ; a attaqué l'accord sur le nucléaire iranien ; a imposé une interdiction de voyager (interdiction d'entrée aux États-Unis) aux citoyens de 7 pays à majorité musulmane ; a menacé de détruire la Corée du Nord avec des armes nucléaires ; et surtout, le 6 décembre 2017, a annoncé la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et a transféré l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem...

Avec des politiques erratiques, impulsives et spontanées, le président D. Trump a réduit le rôle et la position de la superpuissance américaine dans le monde.

2. La forte ascension de la Chine

Après 39 ans de politique de réforme et d'ouverture, la Chine a accompli de grandes avancées dans les domaines de l'économie, des sciences et de la défense nationale. En 2017, le PIB chinois s'élevait à 12 000 milliards de dollars, soit une multiplication par 60 ; le PIB par habitant était de 9 000 dollars par an, soit une multiplication par 47.

Lors du 19e Congrès (octobre 2017), le secrétaire général Xi Jinping a identifié avec confiance un avenir brillant pour le peuple chinois et a fait de la Chine la seule superpuissance mondiale d'ici 2049.

La Chine est en plein essor, mais si elle utilise la force pour menacer et violer l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale d’autres pays, la communauté internationale la boycottera et elle tombera dans la « violence et la brutalité ».

3. La Russie renforce son rôle dans le monde

En mars 2014, la Russie a annexé la péninsule de Crimée à l'Ukraine. Les États-Unis et leurs alliés ont renforcé le blocus, l'embargo et les sanctions contre la Russie, dans le but de provoquer son effondrement économique et de lui faire perdre son statut de grande puissance. De mi-2014 à fin 2016, la Russie a connu d'énormes difficultés. En 2017, l'économie russe a surmonté le creux de la récession.

Le 25 septembre 2015, le président Poutine a décidé de participer directement à la guerre en Syrie pour sauver le régime d'Assad. L'opinion publique internationale prédisait que la Russie s'enliserait en Syrie, comme l'Union soviétique avait échoué sur le champ de bataille de l'Affanistan entre 1979 et 1989. La réalité a démenti cette prédiction. Le 7 décembre 2017, le président Poutine a annoncé : « L'État islamique autoproclamé (EI) a été écrasé sur les deux rives de l'Euphrate en Syrie. » Le 8 décembre 2017, le chef d'état-major des forces armées russes, le général Valéry Gerasimor, a déclaré que la République arabe syrienne était totalement libérée des terroristes de l'EI.

Le 11 décembre 2017, le président Poutine a effectué un voyage éclair au Moyen-Orient : il a visité la base aérienne russe en Syrie, s'est entretenu avec le président syrien Bachar al-Assad et a discuté des relations bilatérales avec les présidents égyptien Al-Sissi et turc Endogan. Le vainqueur sera le premier à arriver sur le champ de bataille, l'odeur de la poudre encore forte. C'est exactement ce qu'a fait le président Poutine.

En 2014, les dirigeants des alliés des États-Unis au Moyen-Orient se sont montrés systématiquement froids envers Poutine. Du second semestre 2016 à 2017, le président turc Erdogan a été un partenaire clé du président Poutine. Les « fidèles alliés » de Washington, tels que le Premier ministre israélien Netanyahou et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, se sont précipités au Kremlin pour rencontrer le président Poutine.

4. Crise de l'Union européenne, affaiblissement

En 2017, l’Europe a dû faire face à 4 crises :

- La zone euro a surmonté le creux de la récession de 2009-2012, mais rien ne garantit qu’elle ne tombera pas en récession et en crise dans un avenir proche.

La question de l'attribution de quotas obligeant les États membres à accueillir des réfugiés divise profondément l'Europe. Depuis 2015, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque se sont toujours opposées à l'obligation imposée par la Commission européenne aux pays d'accueillir des réfugiés.

En 2017, l'Europe a été confrontée à une vague croissante de populisme antisyndical, anti-immigrés et altermondialiste. Si en 2015 et 2016, le populisme ne s'était développé que dans quelques pays, en 2017, il a secoué la politique française et allemande.

La crise la plus grave est celle du modèle de l'Union. Tout le monde s'accorde à dire que le modèle actuel de l'Union est imparfait, déraisonnable, inefficace et insoutenable.

Après 61 ans d’existence, l’Europe est tombée en 2017 dans la crise, la division et le « dilemme ».

5. La péninsule coréenne devient une zone chaude

En septembre 2017, la Corée du Nord a testé avec succès une bombe thermonucléaire (bombe H) dont la puissance destructrice était 5 à 6 fois supérieure à celle de la bombe larguée par les États-Unis sur le Japon en août 1945.

En 2017, la Corée du Nord a effectué 22 essais de missiles, dont trois essais de missiles balistiques intercontinentaux (en août, septembre et décembre) capables de frapper la plus grande base militaire américaine de la région Asie-Pacifique, à Guam. Le nombre d'essais de missiles balistiques nord-coréens en 2017 a été égal à celui des cinq années précédentes.

M. Kim Jong-un s'est déclaré prêt à détruire les États-Unis par l'arme nucléaire. Le 19 septembre 2017, le président D. Trump a déclaré : « Si nous sommes contraints de nous défendre et de défendre nos alliés, nous n'aurons d'autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord… ».

C’est la première fois que les dirigeants de deux nations dotées de l’arme nucléaire déclarent publiquement l’utilisation d’armes nucléaires pour se détruire mutuellement.

À partir des cinq faits marquants ci-dessus, la situation politique et sécuritaire mondiale en 2017 peut être résumée comme suit : instable, inattendue, précaire, incertaine.

Hanoï, le 30 décembre 2017

Professeur associé, docteur, général de division Le Van Cuong