Choisir un leader à la singapourienne : « La méthode Lee Kuan Yew »
À Singapour, le Parti d'action populaire (PAP) est au pouvoir depuis 51 ans et le restera au moins pendant les dix prochaines années. La question du successeur du Premier ministre Lee Hsien Loong est sérieusement étudiée.
Le Premier ministre Lee Hsien Loong (à gauche, au premier rang), son père, l'ancien Premier ministre Lee Kuan Yew, et le ministre d'État Goh Chok Tong (derrière le Premier ministre Lee) à l'Istana en 2012. Photo : AFP
Depuis le début des années 1970, le père fondateur Lee Kuan Yew est à la recherche d'une nouvelle génération de dirigeants pour remplacer son équipe à la tête du PAP et diriger le pays. La « méthode Lee Kuan Yew » consistait à parcourir le pays à la recherche de dirigeants compétents dans divers domaines, reconnus pour leur intelligence et leurs remarquables compétences en gestion.
En plus de ces critères, M. Ly voulait surtout s’assurer que toutes les personnes recommandées avaient un bon caractère.
Sélection rigoureuse des candidats
Le Premier ministre Lee Hsien Loong hérite désormais simplement de l'héritage de son père. Aujourd'hui, le processus de sélection commence par l'identification de bons dirigeants grâce aux recommandations de certains dirigeants – des personnes que Lee Hsien Loong considère comme ayant un bon sens de l'écoute.
Environ deux ans avant les prochaines élections, le processus de sélection se poursuit avec plusieurs séries d'entretiens approfondis, au cours desquels le candidat est entouré de plusieurs jurys d'évaluation. Ces jurys sont divisés en niveaux, et à chaque nouvelle série d'entretiens, le candidat sera confronté à des personnalités plus haut placées que la fois précédente et, bien sûr, sera examiné avec encore plus d'intensité.
Une fois que le PAP a sélectionné un candidat qui lui plaît, le travail n'est pas terminé. Il ou elle sera testé(e) pour déterminer sa capacité à collaborer avec les leaders locaux des régions où il ou elle envisage de se présenter. Ce test est important, car un candidat ne peut remporter une élection que s'il bénéficie du soutien des leaders locaux et fait preuve de suffisamment de charisme, de détermination et de travail acharné pour convaincre les électeurs. Quel que soit son parcours, il n'y a aucun espoir de succession politique s'il ou elle ne parvient pas à remporter une élection pour devenir député(e), car tous les chefs de gouvernement doivent être députés.
Outre les critères technocratiques, Singapour étant une société multiethnique et multireligieuse, des dirigeants capables de diriger différentes communautés, groupes ethniques ou religions sont également sélectionnés. Bien entendu, le gouvernement singapourien privilégiera une personne issue d'une minorité ethnique et possédant des compétences en leadership dans un domaine donné.
Formation des candidatschef
Une fois les candidats élus, le processus de sélection se poursuit afin d'isoler un petit groupe capable d'assumer des responsabilités importantes. Le gouvernement du PAP sélectionne souvent les candidats présentant le plus grand potentiel pour des postes ministériels, et chacun d'entre eux est affecté à différents postes pendant une courte période.
De même, les personnes identifiées comme aptes à devenir vice-ministres seront nommées, mais la rotation sera moins fréquente. Elles pourront néanmoins être promues à des postes ministériels si leurs performances dépassent les attentes. À ce stade, un groupe de direction pour la prochaine génération se constituera progressivement, et un dirigeant de haut rang (qui pourrait devenir Premier ministre) émergera généralement du premier groupe.
Au cours de la rotation, certains ministres pourraient être jugés incapables de gérer le travail du Premier ministre et ne seront pas promus, tandis que certains vice-ministres graviront les échelons grâce à leur diligence et à leurs bonnes performances.
La politique du PAP stipule que tous les ministres de haut rang qui atteignent un certain âge doivent automatiquement démissionner, laissant la place à des personnalités plus jeunes. En règle générale, le secrétaire général du PAP est le dernier dirigeant de la génération précédente à prendre sa retraite.
Une fois qu'un nouveau leader du PAP a été choisi, son prédécesseur doit céder le siège de Premier ministre, ne conservant aucun pouvoir à l'exception d'un minimum d'influence sous forme de partage d'expérience ou de connexions internationales que le « vieil homme » a accumulées au fil de nombreuses années.
Le PAP estime que le Premier ministre ou le ministre ne doit pas nécessairement être le plus ancien ; il est donc courant de voir un commandant en chef beaucoup plus jeune que son subordonné. Idéalement, selon le PAP, un Premier ministre devrait diriger le pays pendant au moins deux mandats.
Chaque cycle électoral étant espacé de 4 à 5 ans et 60 ans étant considéré comme « un peu vieux » à Singapour, les candidats au poste de Premier ministre sont généralement relativement jeunes, entre 35 et 40 ans lorsqu'ils deviennent ministres et s'ils ont la chance de répondre aux attentes, ils deviendront le plus haut dirigeant avant l'âge de 55 ans ou même plus tôt.
Comme de nombreux partis politiques dans le monde, la succession du PAP est décidée par consensus parmi les membres les plus influents du Comité central. Cependant, Singapour est unique en ce sens que ses candidats à la direction cherchent à faire leurs preuves, et non à se disputer le poste de Premier ministre. Bien sûr, il existe des exceptions à cette règle, et certains critiques pourraient ne pas être d'accord.
3 groupes de candidats
Les candidats sélectionnés pour se présenter aux élections sont divisés en trois catégories, en fonction de l'évaluation de la direction du PAP : (1) Catégorie 1 : Ceux qui ont le potentiel de devenir ministres ou même premiers ministres ; (2) Catégorie 2 : Ceux qui ont la capacité ou le potentiel d'occuper des postes au niveau de vice-ministre ; (3) Catégorie 3 : Ceux qui peuvent devenir députés, être capables d'assumer la responsabilité de diriger une commission parlementaire, ou même accéder au niveau de vice-ministre et de ministre à l'avenir en fonction de leurs performances.