Une nouvelle cause pourrait accroître les tensions dans les relations entre les États-Unis et la Chine
Selon des sources militaires taïwanaises, le South China Morning Post (Hong Kong) a rapporté que depuis 2018, des réunions régulières entre les représentants de l'industrie de défense de Taïwan et des États-Unis se tiendront alternativement aux États-Unis et à Taïwan.
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l'armée taïwanaise |
Le nombre de réunions a également augmenté, puisqu'il était prévu qu'elles se tiennent deux fois par an. Quel impact cette décision pourrait-elle avoir sur les relations sino-américaines et la situation dans la région ? Andreï Karneev, directeur adjoint de l'Institut d'études asiatiques et africaines, a commenté cette décision dans une interview accordée à Sputnik.
Depuis 16 ans, les réunions annuelles consacrées aux questions les plus importantes de la coopération militaire entre les États-Unis et Taïwan se tiennent exclusivement sur le sol américain. Cette démarche vise à éviter de susciter l'ire de la Chine. Si le nouveau calendrier est approuvé, il pourrait affecter les relations entre les deux rives du détroit et les relations sino-américaines. Pékin pourrait réagir violemment à tout changement d'ordre et de lieu des réunions, les considérant comme une ingérence flagrante dans la politique d'« une seule Chine » et un signe de renforcement de la coopération en matière de défense entre Taïwan et les États-Unis.
De toute évidence, Taipei et Washington tenteront de minimiser l'impact négatif potentiel de ces changements. Ils souligneront probablement que le lieu des réunions – Taïwan ou les États-Unis – n'est pas la question la plus importante et n'a rien à voir avec la nature de la coopération en matière de défense.
Cependant, alors que les relations entre Pékin et le gouvernement taïwanais sont devenues assez froides, le moindre signe de développement des relations militaires entre les États-Unis et Taïwan suscite l’inquiétude des dirigeants chinois.
L'administration Trump a déjà approuvé la vente d'équipements militaires à Taïwan. Au total, les États-Unis prévoient de signer sept contrats d'une valeur d'environ 1,4 milliard de dollars. Ils fourniront aux acheteurs des radars d'alerte avancée contre les attaques de missiles, des missiles intercepteurs, des torpilles et des composants pour missiles guidés. Ce lot d'armes est sans commune mesure avec les importants contrats annoncés par Barack Obama au début de son premier mandat. À l'époque, un contrat pour la modernisation des systèmes électroniques des avions de chasse F-16 taïwanais s'élevait à 5,3 milliards de dollars. L'administration Obama a également décidé de fournir à Taïwan 60 hélicoptères multirôles UH-60M Black Hawk pour un montant total de 3,1 milliards de dollars et 114 systèmes de défense antimissile Patriot PAC-3 (d'une valeur de 2,8 milliards de dollars).
Cependant, même si l'administration américaine fournit à Taïwan des armes nettement plus petites, cela n'en demeure pas moins symboliquement important. Par ces efforts, les États-Unis envoient un signal non seulement à Pékin et à Taipei, mais aussi à leurs alliés dans la région. Face à l'aggravation de la situation en mer de Chine méridionale, les États-Unis accordent une attention accrue au maintien de leur politique à l'égard de Taïwan. Ils envoient ainsi un signal fort à leurs alliés de la région Asie-Pacifique. Alors que les doutes quant à la capacité des États-Unis à assurer la sécurité régionale s'accroissent, Washington doit convaincre ses alliés que « les États-Unis n'abandonnent pas leurs amis ». Taïwan, fort de ses liens militaires de longue date avec les États-Unis, en est un bon exemple. À court terme, les États-Unis continueront de jouer le rôle de garant de la sécurité de Taïwan. Alors que leur capacité à contenir la Chine diminue, ils cherchent à souligner leur rôle dans la satisfaction des besoins militaires de Taïwan.