Accord de libre-échange Vietnam-UE : attentes et défis

Feuille de route vers la signature officielle

Le 1er décembre 2015, les négociations sur l'EVFTA ont officiellement pris fin et le texte de l'accord a été publié le 1er février 2016. Le 26 juin 2018, l'EVFTA a été scindé en deux accords, l'un sur le commerce et l'autre sur l'investissement. En août 2018, les deux parties ont officiellement annoncé l'achèvement de la révision juridique de l'accord commercial (ALE) et de l'accord de protection des investissements (désormais appelé IPA).

Dans l'après-midi du 17 octobre 2018, heure locale, la Commission européenne a soumis l'accord de libre-échange Vietnam-UE et l'accord de protection des investissements au Conseil européen pour examen et autorisation de signature, dans l'espoir que l'accord sera officiellement signé d'ici la fin de 2018 et soumis au Parlement européen pour ratification début 2019. Dans l'après-midi du 17 octobre 2018,

La Commission européenne a tenu une conférence de presse officielle pour annoncer cette nouvelle positive et a affirmé son engagement à promouvoir la mise en œuvre de cet accord dans les plus brefs délais.

Le 19 octobre 2019, en marge du sommet de l'ASEM à Bruxelles, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Tran Tuan Anh, et la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, ont publié une déclaration ministérielle conjointe sur l'EVFTA. Cette déclaration conjointe a salué la soumission des accords par la Commission européenne au Conseil européen pour examen et approbation. Elle a souligné que ces accords ouvriront de nouvelles perspectives d'exportation et d'investissement pour les entreprises européennes et vietnamiennes, tout en accordant une attention particulière aux droits des travailleurs et à la protection de l'environnement.

La partie européenne traduit d’urgence le contenu des deux accords en 24 langues européennes, tout en accélérant les procédures avant la signature officielle de l’EVFTA.

EVFTA - Nouvelles attentes et nouveaux défis pour le Vietnam

Cet accord devrait apporter des avantages sans précédent aux entreprises et aux citoyens d'Europe et du Vietnam. Il permettra aux entreprises européennes d'accéder en priorité à un marché de plus de 92 millions de consommateurs, d'accroître les investissements, de créer davantage d'emplois et de promouvoir les échanges avec l'une des économies les plus dynamiques d'Asie. Les exportateurs vietnamiens bénéficieront également d'un accès facilité à l'Europe.

Exportation de vêtements vers l'Europe. Photo : Internet

L'UE est actuellement le troisième partenaire commercial et l'un des deux plus grands marchés d'exportation du Vietnam. La structure des importations et des exportations entre le Vietnam et l'UE est très complémentaire, avec peu de concurrence directe. Le chiffre d'affaires des échanges bilatéraux a été multiplié par plus de 12, passant de 4,1 milliards USD en 2000 à plus de 50,4 milliards USD en 2017 ; les exportations du Vietnam vers l'UE ont été multipliées par 13,6 (de 2,8 milliards USD à plus de 38,3 milliards USD) et les importations de l'UE vers le Vietnam ont été multipliées par plus de 9 (de 1,3 milliard USD à 12,1 milliards USD). Les principaux groupes d'exportation du Vietnam vers l'UE sont les chaussures, les textiles, le café, les meubles en bois et les produits de la mer.

Les crevettes sont le principal produit d'exportation du Vietnam. Photo : Internet

L'UE est également un investisseur majeur au Vietnam. En 2017, 24 des 28 pays de l'UE ont investi au Vietnam avec environ 2 000 projets valides, pour un capital d'investissement total enregistré de plus de 21,5 milliards USD. La Chambre de commerce européenne au Vietnam (Eurocham) a souligné : Dès l'entrée en vigueur de l'accord, le Vietnam éliminera 65 % des taxes à l'importation sur les exportations en provenance de l'UE. Les lignes fiscales restantes seront progressivement supprimées au cours des 10 prochaines années. 99 % des droits de douane sur les biens échangés entre les deux parties seront supprimés. Le taux de taxe de 0 % sera appliqué aux produits d'exportation dans lesquels les deux parties ont des atouts, tels que les textiles, les chaussures, les fruits de mer, les produits agricoles tropicaux, les meubles en bois, etc. en provenance du Vietnam et les automobiles, les machines et équipements, la bière, les produits pharmaceutiques, les produits agricoles tempérés, etc. en provenance d'Europe (UE).

L'accord de libre-échange prévoit des dispositions visant à éliminer les barrières non tarifaires existantes dans l'industrie automobile, ainsi qu'une protection des indications géographiques pour 169 produits alimentaires et boissons européens au Vietnam. Globalement, l'EVFTA contribuera à une augmentation du PIB vietnamien de 10 à 15 % et à une augmentation des exportations vietnamiennes vers l'UE de 30 à 40 % au cours des dix prochaines années. Des flux de capitaux de haute qualité devraient affluer au Vietnam, et des produits répondant aux normes de qualité européennes seront exportés avec une origine claire.

Une fois mis en œuvre, l'EVFTA permettra notamment de supprimer les tarifs douaniers, de promouvoir l'investissement, de promouvoir la reconnaissance mutuelle des normes, d'améliorer les règles d'origine et la certification d'origine ; d'améliorer l'environnement pour la facilitation des échanges - un soutien technique pour accroître la sensibilisation et l'application des normes du marché de l'UE... Dans le même temps, l'UE investira dans l'agriculture de haute technologie, un domaine potentiel que de nombreuses entreprises attendent avec impatience, dans lequel, en plus de se concentrer sur le capital, elle favorisera également le transfert de haute technologie dans la production et la transformation des produits agricoles et alimentaires.

Le Vietnam a l'opportunité de devenir une zone de transit, une porte d'entrée pour les échanges commerciaux et les investissements de l'UE en Asie. Les investissements de l'EVFTA au Vietnam ne visent pas seulement l'industrie manufacturière, l'exportation et l'importation, mais aussi les services de télécommunications et de technologies de l'information, l'architecture et le conseil technique, ainsi que les services environnementaux. En développant ces services aux normes internationales, le Vietnam accélérera son intégration en : (1) ouvrant un canal pour mobiliser des capitaux d'investissement internationaux ; (2) modifiant sa structure économique ; (3) favorisant le transfert de technologie ; (4) complétant l'offre de biens pour le marché intérieur ; (5) développant les exportations, les importations et l'intégration internationale ; et (6) créant un processus de transition d'un pays avec une main-d'œuvre peu qualifiée vers une main-d'œuvre hautement qualifiée.

Dr Nguyen Minh Phong