L'air pourrait créer de l'essence à l'avenir
Une entreprise canadienne a annoncé la découverte d’une technique permettant de « récupérer » le CO2 de l’air et de le convertir en essence ou en kérosène.
L'entreprise canadienne d'énergie propre Carbon Engineering s'est associée à des scientifiques de l'Université Harvard (États-Unis) pour découvrir un moyen d'extraire un carburant neutre en carbone en captant le dioxyde de carbone de l'air et en le transformant en essence synthétique. Ce procédé est appelé Air to Fuels (A2F). Ce carburant promet une absence totale d'émissions de gaz à effet de serre et de carbone.
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L’air pourrait produire de l’essence à l’avenir. |
En termes simples, il s'agit d'extraire le dioxyde de carbone (CO2) de l'air, de le soumettre à des procédés chimiques et de créer des hydrocarbures liquides (les hydrocarbures sont des composés organiques constitués uniquement d'hydrogène et de carbone. Le pétrole et l'essence sont des exemples de carburants hydrocarbonés liquides). Le procédé A2F crée une version synthétique de ces carburants.
Les chercheurs de Carbon Engineering utilisent la technologie dite de capture directe de l'air (DAC), qui fonctionne comme de nouvelles cellules solaires pour transformer l'eau en hydrogène. Les usines de recyclage du CO2 extraient le CO2 de l'air grâce à un gigantesque ensemble de pales, puis le combinent avec de l'hydrogène liquide extrait de l'eau.
L'entreprise combine ensuite le CO₂ à l'hydrogène grâce à une technologie propriétaire, ce qui permet de produire des carburants liquides neutres en carbone, comme l'essence ou le diesel. Ainsi, les utilisateurs n'ont pas besoin de modifier leur moteur pour utiliser ce carburant synthétique. De plus, le CO₂ peut être converti en solide pour être stocké et utilisé ultérieurement.
La capture directe de l’air est importante car des découvertes récentes suggèrent qu’il est presque impossible d’empêcher les températures mondiales d’augmenter de plus de 1,5 °C sans qu’une nouvelle forme de technologie soit déployée à grande échelle.
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Un complexe géant de pales utilisé pour extraire le CO2 de l'air. |
Cependant, le carburant alternatif de Carbon Engineering pose un problème majeur, qui constitue également le défi de toute invention de nouvelles sources d'énergie : son coût de production. Dans un rapport évaluant ses capacités de production, l'entreprise a indiqué que le procédé de synthèse d'une tonne de dioxyde de carbone coûterait entre 94 et 232 dollars américains, tandis que les sources d'énergie fossiles ne coûtent qu'environ 20 dollars américains par baril de pétrole brut, soit un coût bien inférieur à celui de la nouvelle technologie.
L'entreprise affirme pouvoir produire à l'avenir du carburant synthétique pour environ 1 dollar le litre grâce à l'augmentation de sa production. Elle s'efforce également de réduire ses coûts en utilisant les procédés et technologies industriels existants plutôt que de réinventer la roue.
Carbon Engineering appartient à de nombreux investisseurs privés, dont le milliardaire Bill Gates. Cette technologie bénéficie actuellement d'une attention particulière de la part de géants pétroliers tels que Chevron Corporation et Occidental Petroleum Corporation.
La conversion de l'air en carburants (A2F) est tout à fait réalisable, car elle nécessite 100 fois moins de terres et d'eau que les biocarburants et peut être déployée à grande échelle et implantée n'importe où. Cependant, pour se généraliser, son coût devra être inférieur à celui actuel de l'extraction du pétrole, et il pourrait être plus difficile de convaincre les pays d'y adhérer et de s'y engager, explique Geoff Holmes, directeur du développement commercial chez Carbon Engineering.