Le scandale de corruption qui a secoué l'Amérique latine a conduit au suicide de l'ancien président péruvien

L'ancien président péruvien Alan Garcia s'est suicidé hier après l'arrivée de la police à son domicile pour exécuter un mandat d'arrêt dans le cadre d'une enquête pour corruption. À son arrivée à son domicile de Lima, la capitale, Garcia s'est enfermé dans sa chambre, s'est tiré une balle dans la tête et est décédé à l'hôpital.

Les accusations portées contre l'ancien président Garcia concernent le géant brésilien de la construction Odebrecht, qui a admis en 2016 avoir versé un total de 800 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires d'Amérique latine en échange de contrats d'infrastructure lucratifs.

Les révélations de corruption du géant brésilien de la construction ont déclenché des enquêtes qui ont secoué l'Amérique latine, de nombreux dirigeants de la région étant accusés d'être impliqués avec Odebrecht.

Garcia, 69 ans, a été président du Pérou de 1985 à 1990 et de 2006 à 2011. Il a connu des périodes de croissance et de récession économiques au Pérou. L'année dernière, accusé d'avoir accepté des pots-de-vin, il a demandé l'asile à l'ambassade d'Uruguay à Lima, mais sa demande a été rejetée.

Hier matin, les autorités péruviennes ont ordonné la détention de Garcia pendant dix jours, le temps d'enquêter sur des allégations de blanchiment d'argent, d'abus de pouvoir et de collusion. Plus tard dans l'après-midi, des partisans de l'ancien président péruvien se sont rassemblés devant l'hôpital où il avait été transporté pour exprimer leur tristesse suite à sa mort.

Lorsque les informations sur une collusion entre Odebrecht et des responsables latino-américains, dont le Pérou, ont éclaté, l'ancien président Garcia a été accusé d'avoir accepté des pots-de-vin pour attribuer un contrat de construction d'un projet de métro à Lima au groupe brésilien au cours de son deuxième mandat présidentiel.

Outre Garcia, trois autres anciens présidents péruviens font également l'objet d'une enquête pour leur implication dans les activités de corruption d'Odebrecht.

Le prédécesseur de Garcia, Alejandro Toledo, a été accusé d'avoir reçu des millions de dollars d'Odebrecht entre 2001 et 2006. Recherché par les autorités péruviennes, Toledo s'est enfui aux États-Unis et a vécu en exil. Le Pérou a demandé à plusieurs reprises aux États-Unis son extradition, mais n'a reçu aucune réponse.

L'ancien président Ollanta Humala, au pouvoir de 2011 à 2016, fait l'objet d'une enquête pour avoir accepté des pots-de-vin d'Odebrecht pendant sa campagne électorale. Il a été arrêté, puis libéré sous caution.

L'ancien président Pedro Pablo Kuczynski a démissionné en mars de l'année dernière à la suite d'allégations de corruption liées au projet de construction d'une autoroute transmaritime et de la centrale hydroélectrique d'Olmos, soutenus par le groupe Odebrecht.

Au Brésil, l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva a été condamné à 12 ans de prison pour corruption et blanchiment d'argent. Il a également été accusé d'avoir accepté des pots-de-vin d'Odebrecht.

En Équateur, l'ancien vice-président a été condamné à six ans de prison pour avoir empoché des millions de dollars d'une entreprise de construction brésilienne scandaleuse.

En Colombie, des manifestations ont été organisées pour réclamer la démission du ministre de la Justice Nestor Humberto Martinez, qui dirige l'enquête sur Odebrecht mais qui a été conseiller d'un des partenaires de l'entreprise.

Odebrecht a commencé à mettre en œuvre des projets au Pérou en 1979. L'entreprise est rapidement devenue l'une des principales entreprises de construction du Pérou, entreprenant d'importants projets de ponts, de routes, de barrages et d'autoroutes.

L'entreprise a construit une route de 4,5 milliards de dollars reliant les ports de la côte pacifique du Pérou au bassin amazonien, ainsi qu'un réseau de métro à Lima. Odebrecht est également à l'origine d'un projet d'irrigation de 1,9 milliard de dollars, appelé Chavimochic, qui irriguera une zone désertique de la côte nord du Pérou, ouvrant ainsi la voie aux exportations d'asperges et de fraises.

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