Transformation numérique

Comment les médias sociaux affectent-ils le développement cérébral des jeunes ?

Phan Van Hoa September 20, 2024 07:40

À l'ère du numérique, les réseaux sociaux font désormais partie intégrante de la vie des jeunes. Mais passer des heures par jour sur ces plateformes affecte-t-il leur développement cérébral ?

Une bataille juridique sans précédent fait rage au Canada, alors que les conseils scolaires poursuivent en justice les géants de la technologie. Les écoles accusent les plateformes de médias sociaux comme Facebook, Instagram et TikTok de nuire gravement à la santé mentale et à l'apprentissage des élèves en concevant des algorithmes addictifs et en affichant du contenu préjudiciable.

L'utilisation excessive des réseaux sociaux a entraîné une augmentation de problèmes tels que la dépression, l'anxiété, la violence scolaire et le suicide chez les jeunes. Les écoles, qui réclament près de 3 milliards de dollars de dommages et intérêts, espèrent que ce procès sensibilisera à la sécurité des enfants en ligne et incitera les entreprises technologiques à assumer davantage de responsabilités pour protéger les utilisateurs.

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Photo d'illustration.

L'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes demeure un sujet controversé. Les recherches existantes ont produit des résultats contradictoires, ce qui rend difficile toute conclusion générale. Selon un article de la revue de psychologie Current Opinion in Psychology cité par le New York Times, la plupart des analyses sur le sujet n'ont pas trouvé suffisamment de preuves pour établir un lien direct entre l'utilisation des réseaux sociaux et les problèmes de santé mentale.

Bien que le débat soit encore vif, il est indéniable que les réseaux sociaux présentent de nombreux risques potentiels pour la santé mentale et physique des adolescents. Selon l'Académie américaine de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, 90 % des adolescents américains âgés de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux, soit en moyenne 9 heures par jour. Ce temps excessif passé à les utiliser est associé à des problèmes tels que les troubles du sommeil, la dépression, l'anxiété et d'autres troubles de santé mentale.

Le temps excessif que les adolescents, aux États-Unis en particulier, et dans de nombreux autres pays en général, passent sur les réseaux sociaux représente un défi majeur pour les parents et les éducateurs. Pendant la période de formation et de développement du cerveau, une exposition excessive à l'environnement numérique peut avoir de graves conséquences. Par conséquent, créer un environnement sain et équilibré pour le développement des enfants est une responsabilité commune à la famille et à l'école.

L'adolescence est une période où le cerveau subit des changements fondamentaux. Les connexions neuronales se forment et se renforcent constamment, notamment dans les zones qui contrôlent les émotions et le comportement. En raison de ce développement incomplet, le cerveau adolescent est très sensible aux facteurs externes, notamment aux réseaux sociaux.

Selon le responsable des questions de santé publique aux États-Unis, le Dr Vivek Murthy, écrit dans un rapport sur l'impact des médias sociaux sur la santé mentale des adolescents, l'utilisation fréquente des médias sociaux peut provoquer des changements importants dans la structure et la fonction du cerveau.

Plus précisément, l'amygdale, une zone impliquée dans les émotions et la motivation, pourrait devenir plus sensible aux signaux sociaux, rendant les adolescents plus sensibles aux jugements et interactions en ligne. Parallèlement, le cortex préfrontal, une zone responsable de la prise de décision, du contrôle comportemental et des émotions, pourrait également être affecté, entraînant des difficultés à réguler les émotions négatives telles que l'anxiété, la dépression et la solitude.

Les plateformes de médias sociaux utilisent souvent un système complexe de mentions « J'aime », de commentaires et de notifications pour interagir avec les utilisateurs. Ces interactions ne se résument pas à des chiffres, mais sont au cœur des algorithmes qui contrôlent ce que nous voyons sur les médias sociaux.

Ce mécanisme crée involontairement une boucle de rétroaction qui pousse les utilisateurs, en particulier les adolescents, à rechercher constamment la reconnaissance et la validation de leurs amis. Consulter constamment les notifications et se comparer à des images soigneusement sélectionnées sur les réseaux sociaux peut engendrer des émotions négatives.

Une étude réalisée en 2019 par des experts de la santé britanniques a révélé des preuves inquiétantes d’un lien entre l’utilisation excessive des médias sociaux et les problèmes de santé mentale chez les adolescents.

Le rapport, publié dans le Journal of Electronic Clinical Medicine, révèle qu'une utilisation excessive des réseaux sociaux peut entraîner divers problèmes, allant du cyberharcèlement et des troubles du sommeil aux problèmes d'image corporelle et à la dépression. Ces résultats suggèrent que les effets négatifs des réseaux sociaux vont au-delà de l'aspect psychologique et ont un impact profond sur la santé physique et le développement global des jeunes.

Bien qu’il n’existe aucune preuve scientifique définitive permettant d’établir un lien de cause à effet entre l’utilisation des médias sociaux et les problèmes de santé mentale chez les adolescents, des observations empiriques et des études préliminaires ont montré un lien inquiétant.

Le temps excessif passé par les adolescents sur les réseaux sociaux est devenu un problème social majeur. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes de l'impact des réseaux sociaux sur le cerveau et la santé mentale des jeunes. Cela aidera les professionnels de santé, les parents et les éducateurs à mettre en place des interventions opportunes et adaptées.

Il est indéniable que les réseaux sociaux font désormais partie intégrante de la vie des adolescents modernes. Ils leur offrent une formidable plateforme pour s'exprimer, nouer des liens avec leurs amis et explorer le monde. Interagir sur les réseaux sociaux peut contribuer à nouer des relations sociales enrichissantes, à renforcer la confiance en soi et à développer la créativité.

Cependant, outre ces avantages, une utilisation excessive et néfaste des réseaux sociaux comporte également de nombreux risques. Des études ont montré qu'une exposition fréquente à des contenus négatifs et la comparaison avec les autres sur les réseaux sociaux peuvent entraîner des problèmes de santé mentale. Particulièrement pendant le développement cérébral, l'utilisation des réseaux sociaux peut affecter la façon dont le cerveau traite l'information, engendrer des habitudes néfastes et avoir des conséquences à long terme.

Le fait que les adolescents passent autant de temps en ligne chaque jour signifie qu'ils consacrent moins de temps aux activités extrascolaires et aux interactions en face à face avec leurs amis et leur famille. Aucune plateforme numérique ne peut remplacer complètement les expériences sociales réelles.

Grâce aux interactions en face à face, les adolescents apprennent à décrypter le langage corporel, à développer des compétences de communication non verbale, à faire preuve d'empathie et à nouer des relations profondes. Ce sont des compétences essentielles qui ne s'acquièrent pas uniquement par un simple écran de téléphone.

Les adolescents devraient donc organiser de manière proactive et raisonnable leur temps d'utilisation des réseaux sociaux. Au lieu de passer trop de temps sur le monde virtuel, ils peuvent temporairement s'abstenir d'utiliser les réseaux sociaux pendant certaines périodes pour se concentrer sur d'autres activités comme la lecture, le sport ou l'adhésion à des associations.

Équilibrer la vie entre le monde virtuel et le monde réel aidera les adolescents à se développer de manière plus complète, à établir des relations durables et à vivre des expériences mémorables durant leur jeunesse.

Phan Van Hoa