Transformation numérique

Qu’est-ce qui freine l’adoption de l’Internet mobile à l’échelle mondiale ?

Phan Van Hoa October 31, 2024 13:51

Le dernier rapport sur « l'état de la connectivité Internet mobile 2024 » de la Global System for Mobile Operators Association (GSMA) montre que les avantages de la connectivité mobile ne sont pas encore pleinement exploités puisque 43 % de la population mondiale, soit 3,45 milliards de personnes, n'utilisent toujours pas l'Internet mobile.

Aperçu de la connectivité Internet mobile mondiale en 2024

Ces dernières années, bien que le nombre d'utilisateurs d'Internet mobile sur appareils personnels continue d'augmenter, la croissance ralentit. Comparé à la période 2015-2021, où l'on comptait plus de 200 millions de nouveaux utilisateurs d'Internet mobile chaque année, ce nombre a considérablement diminué ces deux dernières années, n'augmentant que d'environ 160 millions chaque année.

Un nouveau rapport de recherche, financé par le ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO) et l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) par l'intermédiaire du Fonds GSMA Mobile for Development, dresse un tableau détaillé de l'état de l'accès et de l'utilisation de l'Internet mobile à l'échelle mondiale.

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Photo d'illustration.

Le rapport met en évidence certains des principaux obstacles à la croissance de l'internet mobile, notamment dans les zones rurales et les pays en développement. Il souligne également la nécessité d'une coopération entre les gouvernements, les opérateurs mobiles et les organisations internationales. Le rapport révèle que 4,6 milliards de personnes (57 % de la population mondiale) utilisent actuellement l'internet mobile sur leurs appareils personnels.

Le rapport montre notamment que 350 millions de personnes (4 % de la population mondiale) vivent dans des zones reculées sans accès à l'internet mobile (déficit de couverture) et que 3,1 milliards de personnes (39 % de la population mondiale) ont accès à l'internet mobile mais ne l'utilisent pas (déficit d'utilisation). Ce déficit d'utilisation est neuf fois supérieur au déficit de couverture, ce qui témoigne d'un écart important entre l'accessibilité et l'utilisation réelle.

Il est à noter que la région la moins connectée au monde est l’Afrique subsaharienne, où seulement 27 % de la population utilise les services Internet mobiles, ce qui représente un écart de couverture de 13 % et un écart d’utilisation de 60 %.

Obstacles à l'adoption de l'Internet mobile à l'échelle mondiale

Le principal défi, selon le rapport, est de connecter les personnes qui n'ont pas accès à Internet. Si cela se fait, l'économie mondiale pourrait gagner environ 3 500 milliards de dollars entre 2023 et 2030. Il est à noter que la grande majorité de ces gains (environ 90 %) profiterait aux pays à revenu faible et intermédiaire.

La couverture Internet mobile est principalement concentrée dans les zones rurales, montagneuses et insulaires, où les conditions socio-économiques sont difficiles, la population clairsemée et le relief accidenté. Dans ces zones, les infrastructures de télécommunications sont limitées et le déploiement de stations BTS se heurte à de nombreux obstacles techniques et financiers.

Pour surmonter cette situation, un investissement important, estimé à 418 milliards de dollars, est nécessaire pour construire et moderniser le réseau, garantissant ainsi à chacun l'accès à Internet. Cet investissement requiert non seulement des capitaux importants, mais aussi une étroite coordination entre les organismes publics de gestion, les entreprises de télécommunications et les organisations internationales.

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, l’adoption de l’Internet mobile reste difficile, en particulier pour les populations à faible revenu.

Le principal obstacle réside dans l'accessibilité financière des appareils et de l'accès à internet. Dans ces pays, un smartphone basique avec accès internet coûte généralement 18 % du revenu mensuel moyen. Ce chiffre est encore plus inquiétant pour les 20 % les plus pauvres de la planète, qui consacrent 51 % de leur revenu mensuel à un appareil similaire.

En Afrique subsaharienne, la situation est encore plus désastreuse, les 20 % de la population les plus pauvres dépensant presque la totalité de leur revenu mensuel (jusqu’à 99 %) pour acheter un smartphone basique.

Le manque de compétences numériques et de maîtrise des technologies constitue un deuxième obstacle majeur à l'adoption de l'internet mobile, notamment dans les pays asiatiques. De nombreuses personnes, notamment les personnes âgées et celles vivant en zone rurale, ont des difficultés à utiliser les appareils mobiles et les applications de base. Elles ne savent pas comment rechercher des informations, effectuer des transactions en ligne ou participer aux réseaux sociaux.

Par ailleurs, le manque de contenus et de services pertinents et localisés est également préoccupant. De nombreuses applications et plateformes en ligne ne prennent pas en charge les langues ou cultures locales, ce qui les rend difficiles d'accès et d'utilisation. Environ 43 % des utilisateurs d'Internet mobile ont exprimé le souhait d'utiliser davantage Internet pour des activités plus complexes, telles que l'apprentissage en ligne, le télétravail ou la participation à des communautés en ligne. Cela démontre la nécessité d'une connexion significative et d'une véritable inclusion numérique entre les individus.

L'obstacle le plus courant à l'augmentation de l'utilisation de l'internet mobile réside dans les préoccupations liées à la sécurité et à la confidentialité des données personnelles. Nombreux sont ceux qui craignent d'être piratés, de se faire voler leurs données ou d'être victimes de fraude en ligne.

L'accessibilité financière constitue également un obstacle majeur, notamment pour les forfaits de données mobiles et l'achat de smartphones. Dans de nombreux pays, le coût des données mobiles reste élevé par rapport au revenu par habitant, ce qui décourage de nombreux utilisateurs d'utiliser internet.

La qualité de la connexion influence également considérablement l'expérience utilisateur. Bien que la majorité de la population mondiale ait adopté les smartphones 4G ou 5G, une part importante de la population, notamment dans les pays en développement, utilise encore la 3G ou des téléphones classiques. Cela entraîne des débits d'accès à Internet lents, des connexions instables et limite l'utilisation des services en ligne nécessitant une bande passante élevée.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu'au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, plus d'un tiers des utilisateurs d'internet mobile utilisent encore la 3G ou des téléphones classiques. Ce chiffre est encore plus élevé en Afrique subsaharienne, atteignant près des deux tiers. Cela montre que la qualité des infrastructures réseau et l'accès aux appareils modernes demeurent des défis majeurs dans ces régions.

John Giusti, directeur général de la GSMA, a déclaré que lever les obstacles tels que le coût, les compétences numériques et la connaissance de l'internet mobile est crucial pour rendre le numérique accessible à tous. Pour y parvenir, une étroite coopération entre les gouvernements, les opérateurs et les organisations internationales est nécessaire afin d'investir dans les infrastructures numériques et d'améliorer la cybersécurité, favorisant ainsi le développement économique et améliorant la qualité de vie des populations.

Phan Van Hoa