transformation numérique

Singapour adopte une position ferme contre les contenus préjudiciables : le pays se prépare à promulguer une loi pour contrôler les réseaux sociaux.

Phan Van Hoa October 16, 2025 08:08

Dans le but de créer un environnement numérique plus sûr, Singapour vient de soumettre un nouveau projet de loi au Parlement visant à établir une Commission de la sécurité en ligne – un organisme habilité à demander aux plateformes de médias sociaux de supprimer ou de bloquer les contenus nuisibles diffusés sur Internet.

Un nouveau projet de loi, déposé au Parlement singapourien le 15 octobre, propose la création d'une Commission de la sécurité en ligne. Cette commission serait habilitée à contraindre les plateformes de médias sociaux à supprimer ou à bloquer l'accès aux contenus jugés préjudiciables aux utilisateurs. Cette mesure est perçue comme une avancée majeure dans les efforts du gouvernement singapourien pour bâtir un environnement numérique plus sûr, plus transparent et plus responsable.

Ce projet de loi fait suite à une étude menée en février par des chercheurs de l'Autorité de développement des médias et des technologies de l'information (IMDA), qui a révélé que plus de la moitié des plaintes légitimes d'utilisateurs concernant des contenus préjudiciables tels que la maltraitance d'enfants, le harcèlement et le cyberharcèlement n'étaient pas traitées rapidement par les plateformes de médias sociaux.

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Photo d'illustration.

La Commission de la cybersécurité devrait être pleinement opérationnelle au cours du premier semestre 2026. Elle sera habilitée à recevoir et à traiter les signalements des Singapouriens concernant diverses formes de préjudices numériques, notamment le harcèlement en ligne, la divulgation non autorisée d'informations personnelles, le cyberharcèlement, l'utilisation abusive d'images privées et la pornographie infantile.

Au-delà du simple traitement des plaintes, la Commission est également habilitée à ordonner aux plateformes de médias sociaux de restreindre l'accès aux contenus préjudiciables à Singapour, de donner aux victimes le droit de répondre et d'interdire aux auteurs de ces contenus d'accéder à nouveau à ces plateformes.

Dans les cas les plus graves, la Commission peut demander aux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) de bloquer l'accès aux sites ou groupes en ligne dont le contenu est préjudiciable, et même de bloquer le site web de la plateforme si nécessaire.

D'autres types de préjudices, tels que la divulgation non autorisée de données personnelles ou les discours haineux en ligne, devraient être pris en compte dans les phases ultérieures.

La proposition de créer ce comité a été évoquée pour la première fois lors du débat budgétaire du ministère du Développement numérique et de l'Information (MDI) en mars dernier. La ministre Josephine Teo a souligné que les plateformes de médias sociaux « tardent souvent à supprimer les contenus véritablement préjudiciables signalés par les victimes », justifiant ainsi la mise en place d'un organisme dédié pour intervenir lorsque ces plateformes manquent à leurs obligations.

Cette initiative intervient alors que Singapour renforce ses mesures de lutte contre les préjudices en ligne, notamment suite à la promulgation de la loi sur les préjudices criminels en ligne en février 2024. En vertu de cette loi, le gouvernement peut ordonner aux entreprises technologiques de supprimer ou de restreindre les contenus liés aux escroqueries, à l'usurpation d'identité et à d'autres activités illégales en ligne.

En septembre, le ministère de l'Intérieur singapourien a averti Meta (la société mère de Facebook et Instagram) qu'elle pourrait se voir infliger une amende pouvant atteindre 1 million de dollars singapouriens (environ 771 000 dollars américains), assortie d'une pénalité de 100 000 dollars singapouriens par jour, si elle ne mettait pas en œuvre des mesures telles que l'authentification faciale pour lutter contre l'usurpation d'identité et la fraude en ligne. Le ministère n'a pas encore confirmé si Meta s'est conformée à cette demande.

Avec ce nouveau projet de loi, Singapour façonne progressivement un modèle de gouvernance du cyberespace avancé qui équilibre la liberté d'expression et la sécurité des utilisateurs - un défi majeur pour les pays à l'ère de la numérisation généralisée.

Phan Van Hoa