Éducation

Faire de l'anglais une langue seconde à l'école :De l'opportunité en or au défi systémique

Hoang Tang Duc November 1, 2025 09:51

Le projet « Faire de l’anglais la deuxième langue à l’école pour la période 2025-2035, avec une vision à l’horizon 2045 » vient d’être approuvé par le Premier ministre comme une « opportunité en or » à l’ère de l’intégration, mais il constitue également un important « goulot d’étranglement » lorsque les élèves manquent d’un environnement d’utilisation de l’anglais régulier et que les « responsables » du projet, les enseignants, ne sont pas qualifiés pour y participer.

Le « nœud » de « l'occasion en or »

Dans le contexte de l'intelligence artificielle et de la transformation numérique qui restructurent le marché du travail, le projet « Faire de l'anglais la deuxième langue dans les écoles pour la période 2025-2035, avec une vision à l'horizon 2045 », approuvé par le Premier ministre le 27 octobre 2025, constitue une étape stratégique pour améliorer à long terme la capacité d'intégration des ressources humaines vietnamiennes.

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Une langue étrangère, c'est pour la connaître ; une deuxième langue, c'est pour la vivre (Illustration photo IA)

SelonEthnologue(2023), l’anglais est désormais la langue officielle ou la deuxième langue dans 54 pays et 27 territoires, créant un groupe économique qui représente environ 45 % du PIB mondial.Web of Science(2023) ont noté que 95 % des publications scientifiques internationales sont rédigées en anglais ; tandis queStatistiques mondiales d'InternetCela montre que 63 % du contenu médiatique mondial utilise cette langue.

Dans le milieu universitaire, les connaissances originales apparaissent souvent en anglais avant d'être traduites. Sur le plan intellectuel, l'anglais fait office de « protocole de transmission de données » mondial : un retard de traduction représente un retard intellectuel.

Ces dernières années, les compétences linguistiques des étudiants vietnamiens en langues étrangères ont progressé de façon remarquable, et le personnel enseignant bénéficie d'une formation continue. Toutefois, force est de constater que la plupart des étudiants étudient davantage pour les examens que pour la pratique ; leurs aptitudes à la présentation et au débat restent limitées ; et la plupart des ressources pédagogiques numériques et des plateformes d'intelligence artificielle sont développées en anglais – une langue que beaucoup d'étudiants n'abordent encore qu'à titre disciplinaire, et non comme un outil essentiel au quotidien.

Sans changements rapides, les étudiants vietnamiens risquent d'être exclus du dialogue académique mondial, où les connaissances s'échangent rapidement grâce au soutien de la technologie et de l'intelligence artificielle.

Ce projet considère l'anglais comme une compétence fondamentale, non seulement un moyen de communication dans les écoles, mais aussi la langue des projets d'apprentissage, un outil d'accès aux connaissances académiques et un pont pour la coopération internationale.

Les objectifs du projet sont mis en œuvre à tous les niveaux d'enseignement, formant ainsi un continuum de compétences à travers tout le système éducatif. En maternelle, les enfants développent des réflexes naturels et des expériences positives avec l'anglais ; dans l'enseignement général, ils développent leur capacité à apprendre et à penser en anglais ; à l'université, le nombre de cours dispensés en anglais augmente ; dans la formation professionnelle, ils renforcent leur aptitude à utiliser l'anglais sur le marché du travail ; et dans la formation continue, ils répondent aux besoins d'apprentissage tout au long de la vie. Ce continuum de compétences dépasse le cadre de quelques cours de langue étrangère par semaine et vise à créer un véritable écosystème linguistique vivant au sein de la société.

La mise en œuvre devrait concerner environ 50 000 établissements d’enseignement, près de 30 millions d’apprenants et environ 1 million d’enseignants et de gestionnaires, selon une feuille de route comportant trois phases : 2025-2030 : mise en place des fondations, normalisation de l’environnement ; 2030-2035 : augmentation de la fréquence d’utilisation de l’anglais dans l’apprentissage et la communication ; 2035-2045 : perfectionnement de l’écosystème naturel de l’anglais dans les écoles.

Pour atteindre cet objectif, le projet vise à former d'ici 2035 environ 12 000 professeurs d'anglais en maternelle, près de 10 000 professeurs des écoles et environ 200 000 enseignants capables d'enseigner en anglais. C'est là le principal obstacle : le personnel enseignant, véritable pilier de cet écosystème, ne possède pas encore les qualifications requises. On peut investir rapidement dans du matériel et créer un environnement propice à l'enseignement, mais les compétences pédagogiques et la pensée critique ne peuvent se développer qu'avec le temps et selon des normes établies.

Les défis comportent des risques.

RapportL'avenir de l'emploiLe Forum économique mondial (WEF, 2023) prévoit que les compétences en langues étrangères et les compétences numériques seront des compétences clés au cours de la période 2025-2030. UNESCO (2024) ont également affirmé que l'utilisation de l'anglais permet aux apprenants d'accéder plus efficacement aux données académiques et aux plateformes d'IA. Ces éléments montrent que si le projet est mis en œuvre dans la bonne direction, les étudiants vietnamiens pourront accéder à des connaissances originales, développer leur esprit critique et créatif, élargir leurs perspectives de carrière à l'international et améliorer leurs compétences en recherche.

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Le langage ne prend véritablement vie que dans la communication, et non dans les examens (Illustration photo IA)

Le langage ne prend véritablement vie que dans la communication, et non dans les examens. C’est pourquoi ce projet exige un changement radical : passer d’un apprentissage axé sur les notes à un apprentissage axé sur les compétences, d’une maîtrise parfaite de l’oral à une capacité à l’utiliser dans des contextes réels, et de la course aux notes au développement de compétences pratiques.

Selon l’enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) menée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2022 :La course aux notes dans l'éducation peut entraîner un déclin des compétences en communication réelle et accroître le stress psychologique à long terme.Ainsi, un écosystème linguistique déformé crée facilement des « signaux erronés » pour les parents et les élèves, ce qui fait que le marché de l'éducation fonctionne comme un système de bruit informationnel.

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« La pratique régulière est le fondement d’un développement linguistique durable. » (Rapport deÉducation de l'OCDE2030 - 2021)

« La langue ne devient véritablement une compétence que lorsqu'elle est utilisée dans des situations réelles » (Évaluation de Cambridge- 2021 - mise en évidence)

Par conséquent, si le projet est mis en œuvre de manière non synchronisée, le système éducatif aura toujours du mal à échapper à l'ancienne méthode d'évaluation – où la maîtrise de l'anglais est « certifiée », la pression des examens continue d'augmenter, les apprenants abordent toujours l'anglais de manière mécanique, sans pouvoir l'appliquer en pratique, et la société risque de développer une « inflation des attentes » concernant la maîtrise des langues étrangères – lorsque la certification augmente plus vite que la maîtrise réelle.

Pour garantir une mise en œuvre efficace, il est nécessaire d'élaborer un référentiel de compétences pour l'enseignement interdisciplinaire de l'anglais, de renforcer l'accès aux infrastructures technologiques pour les zones défavorisées, de mettre en place des modèles d'apprentissage par projet en anglais (FLE par projet) et de recentrer l'évaluation sur la capacité à appliquer l'anglais en situation réelle plutôt que sur les connaissances linguistiques. Ce n'est qu'à cette condition que l'investissement dans les langues deviendra véritablement un investissement dans l'avenir.

Une langue étrangère, c'est ce qu'on apprend ; une langue seconde, c'est ce qu'on vit. Ce projet marque un tournant dans notre vision, passant des objectifs à la mise en œuvre, au sein d'un écosystème centré sur l'apprenant. Dès lors, l'anglais n'est plus une simple matière, mais une compétence essentielle à l'ère de l'intégration et de l'intelligence artificielle. La langue est comme le système immunitaire du savoir : elle ne se renforce que par une pratique quotidienne. Ni bruyante, ni éphémère, mais persistante, authentique et juste !

Hoang Tang Duc