
« Nous élevons la génération d’enfants la plus choyée, la plus choyée et la plus surveillée de tous les temps », écrit Carl Honoré, auteur de « Found Childhood », l’un des best-sellers du mouvement Slow Parenting.
« Ton travail n'est pas de faire la vaisselle ou de balayer. Il est 19 heures, va t'asseoir à ton bureau et étudie ! » ; « Tes parents ont décidé ça pour ton bien. Ne fais pas semblant d'être plus malin qu'un canard. » ; « Acheter une voiture, c'est surtout pour aller à l'école. Tes parents peuvent t'emprunter quelques centaines de millions, mais il faut savoir se concentrer sur ses études. » ; « As-tu pris tes vitamines à temps ? Es-tu moche quand tu es plus petit que tes amis ? »
Vous sentez-vous familier ? Ces mots si courants sont encore prononcés par de nombreux pères et mères chaque jour, à toute heure. Ces mots sont empreints d'amour et d'attention, mais aussi d'une forte pression. Tu dois être grand, tu dois bien étudier, tu dois aller dans une classe pour surdoués, tu dois réussir l'examen d'entrée à l'université… Tu ne peux pas aimer cette personne, tu ne peux pas choisir d'étudier le chant, tu ne peux pas porter de noir, tu ne peux pas te couper les cheveux courts… 1001 choses que tu dois faire et que tu ne dois pas faire. Les parents disent cela parce qu'ils t'aiment, ils tiennent à toi, pas aux autres ! Ils disent cela parce qu'ils ont eux-mêmes grandi avec les mêmes enseignements de leurs grands-parents : on tient à toi, alors on dit ça, fais ça. Si tu oses faire autrement, tu souffriras, tu souffriras !

Les parents ont-ils déjà pensé que cet amour erroné était devenu inconsciemment un terrible fardeau pour leurs enfants ?
De nos jours, de nombreux enfants sont encore jugés selon les critères sociaux habituels. « C'est un bon garçon ! », « Ton fils est un bon élève ! » – cela semble suffire au bonheur des parents, car leurs enfants sont reconnus de tous. Lorsqu'ils sont encore à l'école, leur réussite se mesure à des certificats de mérite, des récompenses… lors de concours. Devenus adultes, ils sont considérés comme ayant réussi s'ils ont un emploi stable, des revenus élevés et se marient à l'âge requis. Ces mesures concrètes semblent apporter sérénité et soulagement à leurs parents. Rares sont ceux qui mesurent la réussite à des indicateurs invisibles comme le bonheur, la passion…
Je parie que beaucoup de parents ne se souviennent plus de la dernière fois que leurs enfants ont joué dehors, car à leur retour, leur première préoccupation est de savoir si leurs enfants ont fini leurs devoirs. Sommes-nous en train d'élever une génération qui grandit avec la peur de l'échec, accablée d'attentes excessives ? Nombreux sont les parents qui souhaitent aujourd'hui que leurs enfants deviennent des personnes formidables, des génies. En librairie, on trouve d'innombrables livres sur la parentalité, aux titres accrocheurs ; les dessins animés montrent aussi des super-héros dotés d'une intelligence ou d'une force surhumaines ; les émissions de télévision proposent souvent des jeux intellectuels, avec des couronnes pour les gagnants… Mais ce monde ne compte pas tant de personnes formidables ; et même s'il y en avait, où irait-il si tout le monde était un génie, tout le monde un super-héros ?

Accepter son enfant tel qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses, l'écouter, le respecter, l'encourager et le guider est un souhait que beaucoup d'enfants nourrissent. Accepter ses multiples aptitudes, ses centres d'intérêt et ses multiples chemins vers la maturité est essentiel. La vie ne s'arrête pas, même si votre enfant ne réussit pas ses examens ou ne devient pas ceci ou cela comme vous le souhaitez. Et surtout, comprenez que l'amour est toujours un cadeau, pas un fardeau. Un amour doux, patient et tolérant libérera votre enfant de toute pression inutile, lui permettant ainsi de vivre pleinement et pleinement heureux, comme il le souhaite.
Article : Phuoc Anh
Illustration : Document