Les sons de l'été

Chaque saison a ses particularités. C'est pourquoi, à chaque saison, on attend des émotions différentes. Au printemps, on attend les bourgeons verts. En automne, on attend le bruissement des feuilles jaunes. Quand l'hiver arrive, on se blottit sous la couette et on attend le vent froid qui nous transperce la peau. Mais l'été est différent : en été, on attend les sons de la nature.

Nous attendons d'entendre le chœur d'été chanter les cigales dans l'air. Ce chœur fredonne sans relâche. Et le chant de la campagne, animée par la saison du riz mûr. Peut-être est-ce là la parfaite chanson d'amour que la nature nous a offerte. Que ressentons-nous lorsque nous nous laissons emporter par cette mélodie ? Un brin d'évasion, un brin de rêverie, et soudain, nous nous surprenons à aimer la vie davantage.

Par une nuit d'été, on écoute la symphonie champêtre des insectes, le vent qui emporte le léger parfum des fleurs de châtaignier, le bruissement des tiges de bambou qui s'entrechoquent. Et parfois, le bruit d'une batteuse à pédale qui déchire et dévore le ciel nocturne, ce grondement qui résonne au loin dans le silence comme les cris de joie d'un jour de moisson abondante.

Mais le son que j'attends avec le plus d'impatience à l'arrivée de l'été, c'est le cri des vendeurs de glaces : « Glace, glace, glace ! ». À ce cri, les cœurs se remplissent de souvenirs. Sous un ciel d'un bleu limpide, baigné d'un soleil doré comme du miel, le ciel rougeoyant de flamboyants et maculé de pourpre de lagerstroemia, le vendeur de glaces se dore au soleil, la fatigue et les efforts se lisant clairement sur sa chemise trempée de sueur. Le vieux vélo avance péniblement, chaque roue grinçant, lourd et lent comme le souffle d'une personne âgée. Cette fatigue est vite dissipée par les rires cristallins des enfants. Certains serrent les pièces que leurs grands-mères et leurs mères leur donnent, impatients d'aller acheter des glaces, les yeux pétillants de joie. D'autres ramassent avec application des bouts de métal, espérant les échanger à midi contre quelques bâtonnets de glace, une fraîcheur bienvenue qui fera disparaître toute la chaleur et l'étouffement.

Je me souviens qu'à cette époque, l'été, il n'y avait pas de climatisation, les ventilateurs étaient rares, seulement des éventails. Les après-midi d'été, les enfants ne s'allongeaient ni dans des climatiseurs, ni sous des ventilateurs, et n'avaient pas de smartphones pour se divertir. Chaque après-midi d'été caniculaire, à l'ombre des vieux arbres, nous, les enfants, nous réunissions pour jouer aux billes, sauter à la corde et faire du tir à la corde. Malgré la chaleur étouffante, malgré la sueur qui ruisselait, malgré nos vêtements sales, nos rires résonnaient dans le ciel.

« Glace, glace, glace ! » s'écria le groupe, et tous les autres bruits semblèrent s'éteindre. Nous avons interrompu nos jeux et couru ramasser des bouteilles en plastique, des bouteilles en verre, des tessons de casserole, etc., pour les échanger contre de la glace. Il n'y en avait jamais assez pour que chacun ait un bâtonnet ; parfois, trois ou quatre personnes se partageaient un seul bâtonnet. La glace était fraîche, sucrée, imprégnée de souvenirs d'amitié enfantine et des rires cristallins des enfants. À cette époque, notre bonheur résidait simplement dans le fait de déguster une petite glace fraîche au cœur d'un après-midi d'été caniculaire.

« Glace, glace, glace ! » – Le bruit de la glace résonna. Je criai joyeusement : « La glace est là, grand-père ! » « Tiens, prends cette bouteille et échange-la contre deux bâtonnets ! » dit grand-mère en souriant. Un instant plus tard, je revins en trottinant, en bégayant : « Grand-mère, ils ne m'ont donné qu'un bâtonnet ! » Grand-mère me caressa la tête en souriant : « Grand-père a dit que je devais l'échanger contre deux bâtonnets, alors mange vite ou il n'y en aura plus ! » Je mangeai en souriant de bonheur, et grand-mère me regarda manger avec un doux sourire.

Et voilà, plusieurs décennies ont passé. Je suis maintenant adulte, et ma grand-mère nous a quittés pour l'éternité. Mais chaque été, mon cœur se souvient encore du cri familier des vendeurs de glaces. Parfois, allongé dans ma chambre, j'entends ce cri résonner dans l'air, je bondis, je cours dehors, je poursuis le vendeur, j'achète une glace, même si elle n'a rien à voir avec celles de mon enfance. Mais je la dévore avec gourmandise, savourant la douceur qui persiste sur ma langue, la fraîcheur qui m'envahit, et soudain, mon âme se sent aussi légère qu'au temps de mon enfance. La nostalgie de l'enfance, la voix chaleureuse de ma grand-mère, est plus intense que jamais. Tant d'étés ont passé, mais chaque été, mon cœur attend toujours ces sons, peut-être est-ce là le « son de la nostalgie ».

Article : Tran Tu
Illustration : Le Thang - Document