Le film est plein de couleurs de la campagne vietnamienne.
(Baonghean) -Le titre du film « Quand viendra octobre » évoque les paroles d'une vieille chanson folklorique qui évoque la joie et l'espoir des paysans attendant la récolte d'octobre. Les lourds grains de riz qu'ils tiennent dans leurs mains ont traversé tempêtes, salinité et sacrifices pour obtenir une récolte dorée. Outre les sacrifices et le courage, visibles sur le front face à l'ennemi, on retrouve aussi les nobles et discrets sacrifices des cœurs de l'arrière, des épouses et des mères, apparemment infimes, mais qui sont la force et la profondeur de la vitalité qui mènent à la victoire. C'est ce que le scénariste et réalisateur Dang Nhat Minh souhaite transmettre dans son œuvre.
Il n'y a pas de grands événements, de détails palpitants ni de conflits acharnés. Le film raconte une histoire simple et touchante : Duyen apprend que son mari bien-aimé, Nam, a sacrifié sa vie au front. Réprimant sa propre douleur, elle cache discrètement la nouvelle à sa famille et à ses voisins, principalement parce que son vieux beau-père est gravement malade et aussi parce qu'une lueur d'espoir subsiste en elle. Mais par hasard, l'institutrice Khang, qui enseigne à l'école du village, connaît également l'histoire. Touchée par la noblesse de cœur et le sacrifice silencieux de Duyen, elle participe à son travail, devenant même l'« auteure » des lettres envoyées par l'unité.
Incompris, Khang dut être transféré dans une autre école. L'unité envoya quelqu'un signaler le sacrifice de Nam alors que son vieux père était mourant… L'intrigue était simple, et les décors du film étaient tout aussi rustiques. Le bateau sur la rivière, le banian au toit de la maison communale, le petit village au bord de la rivière et la nuit de rame « Truong Vien », un simple toit de chaume, un champ, le toit de l'école du village, la digue où flotte un cerf-volant… sont autant de réflexions profondes et d'émotions subtiles et tendres du réalisateur sur le sacrifice silencieux de Duyen, contribuant à sublimer la noble beauté de l'âme des Vietnamiennes. L'amour de Duyen et Nam est dépeint par l'auteur avec une grande profondeur et une grande sincérité. Le film soulève la question de la responsabilité des vivants envers celui qui est mort pour cette terre. À l'inverse, les vivants devraient s'aimer et être plus responsables les uns des autres à cause de celui qui est mort. C'est pourquoi l'idéal de beauté du film est empreint d'un réalisme social durable et d'une profonde moralité.
Scène du film « Quand viendra octobre ? »
Le succès du film « Quand viendra Octobre » grâce à son système de personnages est exprimé avec vivacité et une certaine homogénéité. L'image de Duyen (interprétée par Le Van), le personnage principal du film, a notamment le pouvoir d'attirer et de conquérir le public par sa véritable valeur, celle d'une personne, d'une situation, d'un destin. La personnalité du personnage est portée par la continuité et le développement. Duyen est innocente et pure dans son amour de jeunesse, mais calme, inquiète et attentive à sa famille lorsqu'elle apprend la mort de son mari. Elle est sincère et pleine d'espoir lorsqu'elle emmène ses enfants à l'école, là où le drapeau rouge flotte dans les champs d'octobre…
Ces développements sont cohérents avec la logique de la vie et de la psychologie. Le monde intérieur du personnage est soigneusement exploité sous de nombreux angles : actions, jeu d'acteur, relations, souvenirs… y compris les rêves et les hallucinations qui lui confèrent une profondeur. Duyen possède à la fois les traits communs et typiques des femmes vietnamiennes : un mari aimant, des enfants aimants, une fidélité, une compassion… et une personnalité unique, indéniable. Grâce au talent naturel d'actrice de Le Van et à sa capacité à exprimer sa personnalité profonde, Duyen a conquis une place de choix dans le cinéma vietnamien.
Le film présente une structure rigoureuse, à la fois précise et harmonieuse entre personnages et décors naturels, entre activités quotidiennes et psychologie, entre réalité quotidienne et poésie romantique… Les souvenirs, rêves et illusions, utilisés conformément aux lois de la vie et de la psychologie, contribuent à l'effet esthétique positif de l'œuvre. C'est l'illusion de « Thanh Hoang », une image symbolique de la lutte pour la sauvegarde du pays de nos ancêtres, de notre patrie et de nos villages, un message de l'histoire pour les générations actuelles. Le rêve de retrouvailles sous le « marché yin-yang » est, par certains aspects, un pur rêve de bonheur à deux, un chant d'amour immortel.
Scène célèbre sur le marché du yin et du yang.
Le réalisateur Dang Nhat Minh a confié un jour qu'il souhaitait, à travers ce film, créer une expérience véritablement nationale, authentiquement vietnamienne. Son souhait s'est réalisé grâce au lieu même de l'histoire, un village familier, attaché depuis des générations à un paysage naturel idyllique et poétique, et grâce aux habitants que l'on croise au quotidien, simples, travailleurs et aimant leur prochain. Des âmes discrètes, dévouées et pleines de compassion… tous sont profondément imprégnés de la couleur et de la saveur du Vietnam. On peut dire que le caractère national est devenu le personnage principal de « Quand viendra Octobre », présent et présent dans tous les aspects du film, du thème principal à la thématique idéologique, en passant par la structure de l'intrigue, les images et le jeu des acteurs.
« Quand viendra octobre » est un long métrage attrayant, imprégné d'identité culturelle nationale, digne des prestigieux prix qu'il a reçus : Lotus d'or au Festival du film du Vietnam en 1989 ; Prix spécial du jury du Festival international du film d'Hawaï en 1987 ; et récemment élu par la chaîne de télévision américaine (CNN) parmi les 18 meilleurs films asiatiques de tous les temps. Avec les films « Chung mot dong song » ; « Canh dong hoang » ; « Vi 17, ngay va dem »…, il est devenu un classique du cinéma vietnamien.
Le Lan (47, Dang Thuc Hua, Vinh)