Anciens points chauds, nouveaux facteurs
(Baonghean) - Outre quelques événements spontanés tels que des attentats terroristes, des fusillades ou des naufrages de bateaux de migrants, les principaux points chauds diplomatiques et politiques de l'actualité internationale la semaine dernière ont été les relations entre la Russie et l'Occident, notamment le Moyen-Orient. Si les relations entre la Russie et l'Occident ne montrent aucun signe d'amélioration, l'échiquier moyen-oriental s'ouvre à de nouveaux horizons avec l'apparition de nouveaux facteurs...
Le poêle à feu du Moyen-Orient « garde la chaleur »
La tension dans ce « champ de mines diplomatique » ne semble pas faiblir et continue d'attirer l'attention des forces et factions du monde entier. Tandis que de l'autre côté du Pacifique, les États-Unis restent « fidèles » à la tactique de la carotte et du bâton face à l'Iran, la Chine a choisi une voie totalement différente.
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Le président chinois Xi Jinping (à gauche) et le président iranien Hassan Rohani avant une rencontre à Téhéran - Photo : AFP |
Le 19 janvier, le président chinois Xi Jinping a effectué sa première visite officielle depuis son investiture dans trois pays du Moyen-Orient, dont l'Arabie saoudite, l'Égypte et l'Iran. Il est à noter que les deux tiers des visites du dirigeant chinois ont concerné les « principaux acteurs » de la confrontation féroce qui apparaît comme un nouveau point chaud dans la région, parallèlement à la guerre civile syrienne et à l'expansion du terrorisme.
Il s'agit là d'une manœuvre ambiguë et discutable, les pays du Moyen-Orient étant traditionnellement des partenaires diplomatiques extrêmement méfiants et intransigeants. Qu'est-ce qui permet à la Chine d'être sûre de sa capacité à gérer la relation entre deux ennemis de longue date, surtout dans un contexte aussi délicat ?
Concernant la relation complexe entre l'Arabie saoudite et l'Iran, ces deux pays disposent d'un fort potentiel militaire et économique dans la région et d'abondantes ressources pétrolières. Cependant, si l'Arabie saoudite est depuis de nombreuses années un proche allié de l'Occident, en particulier des États-Unis, l'Iran sort tout juste d'une période d'embargo et d'isolement prolongé en raison de son programme nucléaire très critiqué. Du moins en théorie : récemment, malgré l'annonce de la levée des sanctions contre Téhéran et du règlement des différends relatifs aux avoirs iraniens gelés depuis 1979, Washington s'est empressé d'imposer de nouvelles sanctions à ce pays du Moyen-Orient.
L'Iran considère cette démarche comme une manifestation de l'attitude « trompeuse » des États-Unis, qui cherchent à retarder les sanctions pour parvenir à des accords qui lui sont favorables. Bien sûr, cette attitude « à la fois punitive et rassurante » des États-Unis envers l'Iran résulte également de nombreuses opinions contradictoires sur la question nucléaire de Téhéran. En bref, force est de constater que les États-Unis ne font pas entièrement confiance à l'Iran et que, de même, l'Iran n'est pas très satisfait de son évolution rapide. Cependant, le comportement des États-Unis suscite inévitablement de nombreux doutes quant à son efficacité, car leur alliée, l'Arabie saoudite, a manifesté son mécontentement, notamment après la signature de l'accord nucléaire historique. Les États-Unis parviendront-ils à maintenir leur domination sur les deux camps, ou vont-ils « tout gâcher » ?
Parallèlement, la décision de la Chine est judicieuse en choisissant d'aborder le domaine économique. Premièrement, c'est aussi son objectif principal pour relancer son économie, qui ralentit et montre des signes de déclin. Compte tenu de l'influence évidente du secteur énergétique sur la situation économique mondiale, la Chine n'a aucune raison de continuer à ignorer le Moyen-Orient, pourtant riche en ressources énergétiques. C'est d'ailleurs l'une des principales raisons qui freinent l'avancée des États-Unis et de l'Occident dans ce territoire complexe, comme en témoigne l'alliance conclue très tôt avec l'Arabie saoudite, l'un des géants pétroliers de la région. Deuxièmement, la Chine souhaite certes accroître son influence au Moyen-Orient de manière globale, mais compte tenu du contexte politique et militaire actuel, l'économie constitue une stratégie beaucoup plus sûre et plus ouverte.
Une autre raison pour laquelle la Chine « saute » sur l’échiquier du Moyen-Orient, en particulier dans le contexte des relations tendues entre l’Arabie saoudite et l’Iran à l’heure actuelle, est probablement de se prémunir contre le risque d’une idéologie extrémiste religieuse « exportée » hors de la région, créant ainsi un environnement favorable aux groupes dont l’idéologie s’oppose au gouvernement de Pékin.
La Russie continue d'être « éloignée » de l'Occident
Les relations brisées entre la Russie et l’Occident ne s’amélioreront probablement pas dans un avenir proche, car les pays occidentaux continuent d’avoir des actions hostiles envers le pays du bouleau.
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Le fils et l'épouse de l'ancien espion Alexandre Litvinenko lors d'une conférence de presse à Londres, le 21 janvier 2016. Photo : AP |
Le jeudi 21 janvier, une « tempête diplomatique » a éclaté entre Londres et Moscou lorsque le juge britannique Robert Owen a conclu que le gouvernement russe et le président Vladimir Poutine étaient impliqués dans l'assassinat, en 2006, de l'ancien agent de renseignement russe Alexandre Litvinenko. M. Litvinenko avait été empoisonné au polonium 210, une substance radioactive hautement toxique et pratiquement indétectable.
Le juge a conclu que « la mission menée par le FSB (service de renseignement secret russe, successeur du KGB) avait été approuvée par l'ancien directeur du FSB, Nikolaï Patrouchev, et le président Poutine ». Moscou a réagi en déclarant qu'il ne s'agissait que d'une « plaisanterie ».
Il semble cependant que Londres n'ait aucune intention de jouer la comédie en convoquant l'ambassadeur de Russie au Royaume-Uni et la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, et en annonçant simultanément le gel des avoirs des deux personnes soupçonnées d'avoir directement perpétré l'empoisonnement. Ces deux individus avaient pris le thé avec M. Litvinenko à l'hôtel Millennium dans l'après-midi du 1er novembre 2006. Le soir même, il a manifesté des signes d'inconfort et est décédé trois semaines plus tard. Litvinenko, réfugié au Royaume-Uni depuis 2000, était considéré comme un traître par le FSB pour son implication dans l'enquête sur les liens entre le Kremlin et les réseaux mafieux. Il avait également coopéré avec les services de renseignement britanniques et avait obtenu la nationalité britannique.
Commentant les dernières déclarations britanniques, le porte-parole du bureau du président russe Dmitri Peskov a déclaré que cette décision « a encore aggravé les relations bilatérales » entre les deux parties, mais a également montré que le Kremlin n'était pas trop préoccupé par l'incident.
Par ailleurs, le gouvernement américain a annoncé le 22 janvier qu'il ne reconnaîtrait pas cinq des six consuls honoraires de Russie aux États-Unis, invoquant les actions de la Russie visant à entraver les activités diplomatiques et consulaires de Washington en Russie. L'une des mesures citées par les États-Unis était la fermeture du Centre américain de Moscou en septembre 2015.
Contrairement à l'affaire concernant la décision du juge britannique, cette décision a immédiatement suscité des protestations de la part de la Russie. Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a accusé les États-Unis de « provocation » envers les diplomates russes – une nouvelle mesure visant à isoler la Russie sur la scène internationale ?
Thuc Anh
(Selon Le Monde)
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