(Baonghean.vn) - L'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, limogé par le président zimbabwéen Robert Mugabe, prendra ses fonctions de président du Zimbabwe demain, le 24 novembre.
M. Mnangagwa est né à Zvishavane en 1942 et appartient au sous-groupe Karanga de la communauté majoritaire Shona du Zimbabwe.
En 1965, à l'âge de 21 ans, M. Mnangagwa, à la tête d'un groupe de jeunes hommes appelés « les crocodiles », fit exploser un train près de Fort Victoria. Il fut arrêté et torturé par le gouvernement blanc de la République de Rhodésie (un État africain non reconnu qui exista de 1965 à 1979), ce qui lui causa une perte auditive d'une oreille. M. Mnangagwa avait 21 ans à l'époque. Bien qu'il ne fût pas exécuté, il fut condamné à dix ans de prison.
M. Mnangagwa est considéré comme ayant contribué à diriger la guerre d'indépendance au Zimbabwe dans les années 1970. La BBC a déclaré que M. Mnangagwa avait reçu une formation militaire en Égypte et en Chine.
En 2001, M. Mnangagwa était considéré comme « l'architecte des activités commerciales de la Zanu-PF ». Cette affirmation découlait des activités de l'armée et des hommes d'affaires zimbabwéens en République du Congo. Sur la photo : M. Emmerson Mnangagwa (à gauche) et M. Robert Mugabe. Photo : AFP
Pendant la guerre au Congo, de 1994 à 2003, l'armée zimbabwéenne s'est rangée du côté du gouvernement congolais. Comme de nombreux autres pays impliqués dans le conflit, le Zimbabwe a été accusé d'avoir profité du chaos régnant au Congo pour s'approprier illégalement des diamants, de l'or et des minéraux. Sur la photo :Mnangagwa avec Mugabe et Josiah Tongogara, un commandant de guérilla.
M. Mnangagwa est surnommé « le crocodile » en raison de son aptitude à survivre longtemps en politique. Il est devenu célèbre après la guerre civile des années 1980 entre la Zanu, le parti de M. Mugabe, et le Zapu, le parti de Joshua Nkomo. À cette époque, M. Mnangagwa occupait le poste de ministre de la Sécurité nationale et dirigeait la Central Intelligence Organization (CIO), une agence qui aurait coopéré avec l'armée pour réprimer le Zapu. Mnangagwa est surnommé « le crocodile ». Sur la photo, il applaudit lorsqu'on lui présente un faux crocodile.
Mnangagwa était en réalité un chef des services de renseignement dans les années 1980. Il a mené une purge contre ses opposants qui a fait au moins 20 000 morts. L'opération, baptisée Gukurahundi, a fait 20 000 morts, mais Mnangagwa a toujours nié les accusations. Il est considéré comme impitoyable et très arrogant. Mnangagwa est l'un des rares dirigeants au Zimbabwe à sortir sans protection. Sur la photo, Mugabe et Mnangagwa (à droite).
Des milliers de civils soutenant le parti Zapu ont été tués pendant la guerre civile. M. Mnangagwa a toujours nié toute implication dans la mort de civils et a affirmé que l'armée en était responsable. Les deux partis ont ensuite fusionné pour former la Zanu-PF.
M. Mnangagwa a occupé divers postes au sein du gouvernement zimbabwéen, notamment ministre de la Justice, ministre des Finances, ministre des Affaires étrangères et enfin vice-président en 2014. Sur la photo : Mnangagwa prête serment en tant que vice-président devant Mugabe en 2014.
Lors des élections de 2008, lorsque M. Mugabe a perdu le premier tour face à son rival Morgan Tsvangirai, de nombreuses rumeurs ont circulé selon lesquelles M. Mnangagwa lui-même avait orchestré la campagne de la Zanu-PF en collaboration avec l'armée et les services de renseignement. Photo : AFP
L'armée et les services de renseignement zimbabwéens ont alors lancé une campagne de violence contre les partisans de l'opposition, faisant des centaines de morts et des milliers de sans-abri. M. Tsvangirai s'est ensuite retiré du second tour des élections, qui a permis la réélection de M. Mugabe à la présidence. La loyauté de Mnangagwa a été récompensée par sa nomination à la présidence de la Chambre basse en 2000.
Pour sa part, M. Mnangagwa n'a pas commenté les soupçons selon lesquels il serait le cerveau de ce plan violent. La BBC a cité une source au sein du parti Zanu-PF confirmant que M. Mnangagwa était le lien entre l'armée, les services de renseignement et le parti Zanu-PF. Cette source a également déclaré que M. Mnangagwa était « l'oreille du président Mugabe ».
Cependant, les événements de 2017 ont changé la donne. En août, M. Mnangagwa est tombé soudainement malade lors d'un événement politique du président Mugabe et a été contraint de se rendre en Afrique du Sud pour se faire soigner. Ses partisans ont affirmé que l'homme politique de 75 ans avait été empoisonné, et le nom mentionné était celui de son épouse, Grace Mugabe. Par la suite, de nombreux autres événements se sont produits, provoquant des troubles au Zimbabwe et la démission du dirigeant Robert Mugabe, âgé de 93 ans. Sur la photo : Mnangagwa et son épouse Auxilia en janvier 2017.
L'investiture de M. Mnangagwa aura lieu le 24 novembre. M. Lovemore Matuke, un dirigeant du parti ZANU-PF, a déclaré que M. Mnangagwa remplacera M. Mugabe pour terminer le mandat présidentiel jusqu'aux élections générales de septembre 2018.