L'Europe vers une « nouvelle ère de sécurité »
(Baonghean.vn) - Après 3 jours de travail, la Conférence de Munich sur la sécurité en Allemagne s'est terminée avec une série de discussions sur les questions de sécurité les plus brûlantes au monde.
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Conférence de Munich sur la sécurité. Photo : MSC |
La communauté internationale accorde une attention particulière à la coordination étroite entre la France et l'Allemagne pour promouvoir la formation d'une alliance de défense européenne commune - dont la France et l'Allemagne espèrent qu'elle créera une « nouvelle ère de sécurité » pour l'Europe dans le contexte de relations de plus en plus tendues entre les États-Unis et l'Europe.
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Dans son discours très attendu à la Conférence de Munich sur la sécurité, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'est vanté de la position de numéro un mondial des États-Unis, affirmant que « l'Amérique détient la clé pour un monde plus sûr ». M. Pompeo n'a pas manqué de citer des exemples tels que la direction de la coalition militaire américaine contre l'autoproclamé État islamique (EI), l'élimination du chef Al-Baghdadi ou la promotion de la campagne de pression diplomatique contre l'Iran, démontrant ainsi que les États-Unis n'ont pas négligé leurs alliés comme le prétendaient les rumeurs, et que l'Occident, sous leur direction, a mené des campagnes réussies.
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Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'exprime lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 15 février. Photo : AFP |
Mais le discours, qui détaillait la position des États-Unis, n'a pas impressionné certaines personnalités importantes en Europe, dont le président français Emmanuel Macron.
Alors que les États-Unis se targuent de leur capacité à faire pression sur l'Iran, M. Macron y voit une campagne vouée à l'échec, ce qui a empêché les pays européens de maintenir leur politique étrangère autour de l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. M. Emmacron soutient que l'Europe ne peut pas toujours suivre l'exemple des États-Unis et doit « agir dans un esprit européen », démontrant ainsi sa souveraineté par des capacités plus fortes et plus audacieuses sur la scène internationale. Et pour qu'une Europe soit plus forte dans sa défense et son autoprotection, elle doit se doter d'une nouvelle puissance militaire au sein d'une nouvelle structure de sécurité, qui ne soit pas affectée par le Brexit et le départ du Royaume-Uni.
L’une des grandes idées de M. Macron est que les partenaires européens, en particulier l’Allemagne, pourraient partager les armes nucléaires de la France au lieu de s’appuyer uniquement sur le « parapluie nucléaire » américain comme ils le font depuis la guerre froide.
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Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de la conférence de Munich sur la sécurité. |
L'idée du président français Emmanuel Macron de renforcer les capacités de défense de l'Europe a été fortement soutenue par l'Allemagne. L'une des raisons avancées par l'Allemagne est que la politique « America First » du président Donald Trump contraint ses alliés à « mener leurs propres guerres », d'autant plus que M. Trump a averti à plusieurs reprises que l'Europe devait assumer davantage de responsabilités en matière de sécurité.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a également accusé sans détour la politique américaine d'être source d'instabilité et a déclaré que « chaque année qui passe, le monde s'éloigne de plus en plus de l'objectif de promouvoir la coopération internationale pour apporter la paix dans le monde ». De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a appelé à la création d'une union européenne de défense dans les dix prochaines années, car l'Europe dispose d'outils et d'intérêts communs. Il est donc nécessaire de mettre en place un mécanisme permettant de créer une volonté politique commune et de coordonner ainsi plus efficacement les politiques européennes de défense et de sécurité au niveau international.
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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier. Photo : AFP |
L'Allemagne a également cité l'exemple concret de la capacité de l'Europe à mener sa propre politique militaire dans le détroit d'Ormuz, indépendamment de la politique de « pression maximale » menée par les États-Unis à l'égard de l'Iran. La France et l'Allemagne sont convaincues que leurs deux pays ont récemment réalisé d'importants progrès en matière de coopération militaire, notamment dans le cadre du Système de combat aérien futur (SCAF) et du Système de combat terrestre principal (MGCS), et que cette synergie les aidera à mener de nouvelles initiatives à l'échelle paneuropéenne.
Deux piliers - un objectif
Cependant, l'idée d'une Europe plus forte en matière de défense, dotée d'une force de défense commune, inquiète l'OTAN. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a souligné que la question d'une plus grande responsabilité européenne en matière de sécurité ne signifie pas qu'elle assumera cette responsabilité seule, sans les États-Unis.
Selon M. Jens Stoltenberg, la tentative de créer une armée européenne commune pourrait éroder les relations transatlantiques, affaiblir les capacités de l'OTAN, voire provoquer des divisions au sein même de l'Europe lorsque ses membres disposent de ressources différentes. L'Europe doit donc trouver un moyen d'accroître ses responsabilités en matière de sécurité tout en préservant l'unité des 29 membres de l'OTAN.
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Soldats de l'OTAN. |
En réponse aux inquiétudes concernant la division de l'OTAN si l'Europe créait sa propre force de défense, le président français Emmanuel Macron a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un projet visant à la détruire ou à la remplacer. La construction d'une armée européenne commune vise à créer un nouveau pilier de sécurité pour l'Europe, en plus de l'actuel pilier de l'OTAN, et ces deux piliers visent un objectif commun : « garantir la souveraineté européenne ».
Pour l'Europe, la responsabilité en matière de sécurité ne se limite pas à porter les dépenses de défense à 2 % du PIB, comme le réclament les États-Unis, mais plutôt à sa capacité à être autonome face aux questions de sécurité urgentes, indépendamment des décisions américaines. Il est clair que, bien que l'Europe et les États-Unis partagent de nombreuses valeurs communes et aient combattu côte à côte lors de nombreuses campagnes majeures, les « deux partenaires des deux côtés de l'Atlantique » conservent des intérêts divergents, ce qui conduit à des approches divergentes sur de nombreux sujets. Non seulement sur le dossier du nucléaire iranien, évoqué par le secrétaire d'État Mike Pompeo dans son discours, mais aussi sur une série d'autres sujets tels que les relations avec la Russie, la guerre en Syrie… l'Europe doit avoir la liberté d'agir au travers de « politiques européennes » et non de « politiques transatlantiques ».
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Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'exprime lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne, le 15 février. Photo : Reuters |
Les dirigeants français et allemands ont évoqué à plusieurs reprises l'avertissement du président Donald Trump concernant le retrait des États-Unis de l'OTAN, le considérant comme une « incitation » pour que l'Europe prenne en charge sa propre sécurité grâce à une force militaire commune. Cependant, les analystes affirment que même si Donald Trump retire cet avertissement, ou même si les États-Unis désignent un nouveau dirigeant pour le remplacer, la France et l'Allemagne continueront de promouvoir le projet de création d'une force européenne commune.
Car la philosophie sous-jacente à ce plan repose sur la volonté d'indépendance et d'autonomie de l'Europe dans les affaires mondiales, proportionnelle à sa population et à son développement économique. La France dispose actuellement d'une industrie d'armement développée, et son armée participe à de nombreuses campagnes indépendantes sans coordination avec les États-Unis, par exemple en Afrique. La France maintient également une politique relativement indépendante et directe, même au sein du bloc militaire de l'OTAN. Parallèlement, l'Allemagne demeure la première économie européenne. Les analystes comparent l'alliance franco-allemande à une combinaison de « forces » et de « portefeuille », une combinaison efficace qui peut changer la donne sur le terrain de la sécurité mondiale.