Application d’un impôt minimum mondial : le Vietnam va-t-il perdre son avantage en matière d’attraction des IDE ?
L’adoption d’un impôt minimum mondial réduirait la concurrence pour attirer les investissements dans les pays en développement qui dépendent fortement des incitations fiscales pour attirer les IDE.
C'est l'avis du Dr Can Van Luc - économiste en chef de la BIDV lors de l'atelier scientifique « Solutions pour maintenir et améliorer la compétitivité de l'environnement d'investissement dans le contexte de la mise en œuvre de l'impôt minimum mondial » qui s'est tenu le week-end dernier.
L'impôt minimum mondial a été lancé le 8 octobre 2021 dans le cadre du Partenariat mondial sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS). Le deuxième pilier, qui fixe le taux d'imposition minimum mondial (15 %) devant s'appliquer à partir de 2024, fait l'objet d'une attention particulière.
Ce principe permet au pays investisseur d'imposer un impôt minimum de 15 % sur les revenus exonérés ou réduits d'impôt dans le pays bénéficiaire. Cela a de nombreuses répercussions sur les pays en développement comme le Vietnam, notamment pour attirer les investissements directs étrangers (IDE).
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L'application d'un impôt minimum mondial aura un impact important sur la politique d'attraction des IDE du Vietnam. Photo : Samsung |
M. Thomas McClelland, directeur général adjoint en charge des services de conseil fiscal chez Deloitte Vietnam, a déclaré que l'impact de la politique d'impôt minimum mondial sur le Vietnam est très clair et urgent, comme le démontrent clairement deux domaines.
Premièrement, en matière fiscale, si le Vietnam ne prend pas de mesures immédiates ou différées pour mettre en œuvre l’impôt minimum mondial, il manquera l’occasion d’obtenir des droits d’imposition, car l’UE, le Japon, la Corée et d’autres pays investisseurs mettront alors en œuvre une fiscalité supplémentaire dans le cadre des principes du pilier 2, très probablement à partir de 2024.
En outre, le Vietnam pourrait également ne pas être en mesure de percevoir des impôts supplémentaires, le cas échéant, auprès des sociétés vietnamiennes investissant à l’étranger.
Ensuite, l’impôt minimum mondial affectera également l’efficacité de l’attraction des investissements étrangers des politiques actuelles d’incitation fiscale du Vietnam pour les sociétés multinationales dans le champ d’application.
« Si le Vietnam ne procède pas à des réformes opportunes et appropriées en matière de politiques d'incitation fiscale, dans le cas où ses concurrents sont des pays qui attirent et reçoivent des investissements étrangers, envisageant des mesures d'incitation à l'investissement favorables et des politiques pour s'adapter à l'impôt minimum mondial, le Vietnam pourrait être laissé pour compte dans l'attraction des investissements étrangers », a averti M. Thomas McClelland.
M. Son Won Sik, représentant de l'Association des entreprises coréennes au Vietnam (Kocham), a analysé : « Le gouvernement vietnamien propose de nombreuses incitations fiscales attractives pour attirer les investissements étrangers. Cependant, avec la mise en œuvre de l'impôt minimum mondial, ces incitations fiscales perdront de leur attrait. Autrement dit, cette politique neutralisera leur efficacité. »
Par conséquent, le représentant de Kocham a recommandé : le Vietnam doit améliorer l'environnement d'investissement et protéger ses droits fiscaux, c'est très urgent.
Parmi les solutions proposées par les représentants de Kocham figurent des incitations basées sur les coûts d'investissement, adaptées à la situation actuelle du Vietnam. La solidité de cette politique permettra d'éviter les prix de transfert et les transferts de bénéfices, de favoriser les investissements réels au Vietnam et d'aider les entreprises à élaborer des plans d'investissement à long terme au Vietnam.
« De nombreux pays appliquent des mesures incitatives basées sur les coûts d'investissement. Le Vietnam devrait appliquer des règles communes lorsqu'il rejoindra l'arène internationale », a suggéré un représentant de Kocham.
M. Can Van Luc a déclaré : Le Vietnam doit revoir et modifier sa politique d'attraction des IDE en se concentrant sur l'amélioration de la compétitivité à partir de facteurs tels que l'environnement d'investissement des entreprises, la main-d'œuvre qualifiée, les infrastructures, les satellites et les systèmes de soutien aux entreprises... Ce sont des facteurs fondamentaux lors de la prise de décisions d'investissement des entreprises, au lieu d'appliquer des incitations fiscales.