L'ombre de la campagne est vaste

Dans la vie de chacun, il y a tant de souvenirs, tant de désirs et d'amours. Chacun réserve sûrement un coin de son cœur à ses parents, à sa patrie, à sa chère maison d'enfance. Dans cet interminable voyage aller-retour, l'image de ses racines reste douloureuse dans son cœur…

Dès nos premières leçons de vie, lorsque nous apprenions à lire et à écrire, de nombreuses choses simples ont nourri nos sentiments. Dès lors, nous avons naturellement appris à aimer la route du village, la rivière, les rizières mûres et à apprécier les grains de riz soigneusement cultivés par le dur labeur de nos parents, au fil des quatre saisons, pluie et soleil. Ainsi, où que nous allions, que nous réussissions ou échouions, que nous soyons heureux ou tristes, nous aspirons toujours à un endroit paisible et familier que nous appelons affectueusement : « chez nous ! »

Ce n'est qu'alors que nous comprenons que, malgré notre croissance et les épreuves que nous avons endurées, notre amour pour notre patrie demeure tel la nostalgie d'un enfant loin de sa mère, incapable de surmonter les chants et les berceuses derrière les palissades de bambou. Chaque fois que nous retournons au pays, nous ressentons une profonde tristesse en contemplant les cheveux gris, marqués par plus d'une demi-vie de difficultés et de vent, le front et les coins des yeux couverts des pattes d'oie de nos parents. Ces mains ridées et calleuses ont passé leur vie à prendre soin de nous, à nous chérir depuis l'enfance jusqu'à l'éternité. Nous rentrons chez nous pour redevenir des enfants, pour être caressés sans cesse, mais nous constatons combien nous sommes superficiels et petits.

J'aime la simplicité de la cuisine de ma mère, baignée par la chaleur du feu qui crépite joyeusement matin et soir. La cuisine transmet l'amour maternel à des repas simples, mais délicieux. J'aime tant le parfum rustique, subtilement distillé par les salutations et les appels simples et intimes. Partager et s'entraider, dans les petites comme dans les grandes choses, est une coutume simple qui se transforme en un profond lien d'amour du prochain.

Après chaque long voyage, la première chose que nous faisons en rentrant est de nous verser un seau d'eau fraîche et claire sur la tête et le visage pour nous laver de la poussière accumulée. Puis, nous nous endormons profondément sous les combles, écoutant le vent du sud soufflant de la rivière et le léger bruit des poules qui sautent hors de leurs nids. À cet instant, nous ressentons une étrange paix et une sérénité profondes.

La nuit, la lune claire de ma ville natale irradie un parfum apaisant, teintant la rivière d'argent. J'entends distinctement le bruit des écrevisses qui clapotent dans l'eau, les poissons qui remuent la queue pour capter les reflets bruyants. Assis au bord de la rivière de ma ville natale, je repense à la vie de mes parents, aux hauts et aux bas de la vie humaine, sans m'arrêter pour éprouver des remords. Mes parents ont soigneusement conservé les couches de vase pour arroser et cultiver ma vie, pour qu'elle soit grande et large.

Souvent, assis seul au cœur de la ville, je me demande combien de voyages encore je devrai faire pour rentrer chez moi dans ma vie ? Combien d'occasions encore aurai-je d'être proche de mes parents et de prendre soin d'eux ? Ces questions sont ancrées dans le cœur d'un enfant errant en terre étrangère, chargé d'une lourde dette de gratitude, laissant derrière lui pensées et soucis.

Alors, tant que vous le pouvez, revenez, s'il vous plaît, n'hésitez pas. Car ceux qui sont loin de chez eux ont tous une dette envers leur patrie, un désir et un amour profonds et indescriptibles. Ce désir est profond et fort, comme une part de la conscience sacrée de l'origine, difficile à perdre.

Article : Ngo The Lam
Illustration : Ho Long - Hai Vuong