L'Inde et les États-Unis s'accordent pour résoudre leurs différends commerciaux et tarifaires.

Ces accords sont intervenus après des discussions entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi à la Maison Blanche, quelques heures seulement après que Trump a critiqué l'environnement commercial américain en Inde et annoncé un plan visant à imposer des droits de douane de représailles aux pays qui imposent des droits sur les importations américaines.

« Le Premier ministre Modi a récemment annoncé une réduction des droits de douane élevés et injustes imposés par l’Inde, qui limitent considérablement notre accès au marché indien », a déclaré M. Trump. « Et c’est vraiment une excellente nouvelle, je dois le dire. »
Un accord visant à régler les problèmes commerciaux pourrait être conclu dans les sept prochains mois, selon le ministre indien des Affaires étrangères, Vikram Misri.
Un communiqué conjoint publié à l'issue de la réunion indique que Washington se félicite des récentes mesures prises par New Delhi pour réduire les droits de douane sur certains produits américains et accroître l'accès au marché pour les produits agricoles américains, tout en cherchant à négocier les premiers volets d'un accord commercial d'ici l'automne 2025.
Bien que les deux dirigeants « aient leurs propres points de vue sur les droits de douane », « ce qui est plus remarquable, c’est que… nous avons une voie à suivre pour résoudre ce problème », a déclaré Misri.
Certains accords conclus par les dirigeants sont ambitieux : l’Inde souhaite augmenter ses achats d’équipements de défense américains pour des « milliards de dollars » et pourrait faire des États-Unis le « premier fournisseur » de pétrole et de gaz, a déclaré M. Trump lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Modi.
M. Modi a par ailleurs déclaré que New Delhi souhaitait doubler ses échanges commerciaux avec Washington d'ici 2030. La coopération de longue date en matière d'énergie nucléaire, également abordée par les dirigeants, est actuellement confrontée à des contestations juridiques.
« Nous préparons également le terrain pour fournir à terme à l'Inde des avions de chasse F-35 », a déclaré le président Trump.
Misri, le responsable indien, a déclaré par la suite que l'accord concernant les F-35 n'était qu'une proposition et qu'aucune procédure formelle n'avait été engagée. La Maison Blanche n'a pas répondu aux demandes de commentaires concernant cet accord.

Ce que Trump veut

Bien que M. Trump ait entretenu des relations chaleureuses avec M. Modi durant son premier mandat, il a continué d'affirmer le 13 février que les droits de douane indiens étaient « très élevés » et s'est engagé à riposter, même après que ses précédents droits de douane sur l'acier et l'aluminium aient particulièrement durement touché l'Inde, un pays fortement industrialisé.
« Nous répondons à l’Inde », a déclaré M. Trump lors d’une conférence de presse. « Nous imposerons tout ce que l’Inde imposera. »
Le Premier ministre Modi s'est engagé à protéger les intérêts de l'Inde. « Ce que je respecte et dont je m'inspire chez le président Trump, c'est qu'il place toujours l'intérêt national au premier plan », a déclaré M. Modi. « Comme lui, je place également toujours l'intérêt national de l'Inde au-dessus de tout. »
Les deux dirigeants se sont mutuellement complimentés et ont convenu de renforcer la coopération en matière de sécurité dans la région indo-pacifique, une allusion implicite à la concurrence avec la Chine, ainsi que d'entamer une production conjointe de technologies telles que l'intelligence artificielle.

Interrogée avant la réunion sur les mesures prises par l'Inde, une source les a décrites comme un « cadeau » offert à M. Trump pour apaiser les tensions commerciales. Un conseiller de Trump a indiqué que le président américain estimait que la vente d'équipements de défense et énergétiques à l'Inde contribuerait à réduire le déficit commercial américain.
Les achats d'énergie de l'Inde auprès des États-Unis pourraient passer de 15 milliards de dollars l'an dernier à 25 milliards de dollars dans un avenir proche, a déclaré Misri, ajoutant que cela pourrait contribuer à réduire le déficit commercial.
Les droits de douane continueront de dominer les relations entre les deux pays, selon Richard Rossow, responsable du programme Inde au Centre d'études stratégiques et internationales.
« Ce sera un combat de boxe », a-t-il déclaré. « L’Inde est prête à encaisser quelques coups, mais il y a une limite. »
Les États-Unis accusent actuellement un déficit commercial de 45,6 milliards de dollars avec l'Inde. Selon les données de l'Organisation mondiale du commerce, le taux tarifaire moyen pondéré des États-Unis s'élève à environ 2,2 %, contre 12 % pour l'Inde.

Lutter contre l'immigration clandestine

M. Trump souhaite une aide accrue de l'Inde pour lutter contre l'immigration clandestine. L'Inde est un important pays d'origine des immigrants aux États-Unis, notamment un grand nombre de travailleurs du secteur technologique munis de visas de travail et d'autres résidant illégalement sur le territoire américain.
Le communiqué conjoint indique que les deux pays se sont engagés à prendre des mesures fortes pour lutter contre l'immigration clandestine et la traite des êtres humains en renforçant leur coopération policière.
L’Inde pourrait jouer un rôle clé dans la stratégie de M. Trump visant à contenir la Chine, que beaucoup au sein de son administration considèrent comme le principal rival des États-Unis. L’Inde s’inquiète du renforcement militaire chinois dans les pays voisins et de la concurrence qu’elle exerce sur de nombreux marchés.

M. Modi craint également que M. Trump ne conclue un accord avec la Chine sans la participation de l'Inde, selon Mukesh Aghi, président du Forum de partenariat stratégique États-Unis-Inde.
L'Inde a maintenu ses liens avec la Russie malgré le conflit ukrainien. Elle demeure un important consommateur d'énergie russe, tandis que l'Occident s'efforce de réduire sa consommation depuis le début de la guerre.
« Le monde a cru que l’Inde était un pays neutre dans ce processus », a déclaré M. Modi. « Mais c’est faux. L’Inde a une position, et cette position est pacifique. »