Un chef de la mafia s'évade de prison, choquant le Guatemala
Le Guatemala a lancé une chasse à l'homme massive pour retrouver la dirigeante de l'une des organisations criminelles les plus notoires du pays après qu'elle se soit évadée de prison pour la deuxième fois.
L'annonce de l'évasion réussie de Marixa Lemus, baron de la drogue, a suscité un vif émoi dans l'opinion publique guatémaltèque. Selon l'AFP, le 12 mai, cette dirigeante de 47 ans s'est évadée d'une prison militaire sous haute surveillance au nord de la capitale Guatemala. Avant son évasion, Lemus purgeait une peine de 94 ans de prison pour l'enlèvement et la tentative d'assassinat du maire Carlos Roberto Marroquin Fuentes de Moyuta, dans le sud du pays.
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La baronne de la drogue Lemus (au centre) escortée par la police en 2016. Capture d'écran de CANAL ANTIGUA. |
Le directeur de la police nationale guatémaltèque, Nery Ramos, a déclaré qu'un important dispositif avait été déployé pour traquer Lemus, également connu sous le nom de « Le Chef ». « Une alerte nationale a été déclenchée et une chasse à l'homme a été lancée », a déclaré M. Ramos, cité par l'AFP. Le ministère de l'Intérieur a également offert une récompense de 100 000 quetzals (environ 309 millions de dongs) pour toute information permettant de localiser « Le Chef ».
Les autorités enquêtent également sur des informations selon lesquelles des gardiens de prison auraient aidé Lemus à s'évader, selon El Periodico. La « patronne » a commencé à purger sa peine de prison en mars 2015, après avoir été reconnue coupable d'avoir fomenté un attentat à la bombe visant à assassiner le maire Fuentes en décembre 2013. Elle s'était déjà évadée d'une prison pour femmes de Guatemala City en mai 2016, mais avait été reprise par la suite.
Le gang de Lemus est l'une des plus grandes organisations criminelles du Guatemala, où les violences liées au trafic de drogue et les enlèvements constituent un casse-tête constant pour les autorités. Selon un rapport de 2013 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, le taux d'homicides au Guatemala était de 39,9 pour 100 000 habitants. Un nouveau rapport de l'Institut international d'études stratégiques (IISS), basé au Royaume-Uni, indique également que le pays figurait parmi les premiers en termes de taux d'homicides en 2016, avec 16 000. Certaines sources affirment que Lemus s'est également allié à des gangs notoires au Mexique et en Colombie pour « dominer » le milieu criminel du sud du Guatemala.
La « patronne » est issue d'une famille de Moyuta, fortement impliquée en politique. Selon El Periodico, son frère a été maire de 2008 jusqu'à son décès d'une crise cardiaque en octobre 2009. Sa sœur et Mme Lemus elle-même se sont toutes deux portées candidates. Les enquêteurs pensent que si cette mère de deux enfants est passée du statut de candidate à la mairie à celui de chef d'une organisation criminelle notoire, c'était pour venger les membres de sa famille.
El Periodico a cité Lemus accusant M. Fuentes d'avoir engagé quelqu'un pour tuer sa sœur en 2011 afin d'éliminer un rival politique. Par la suite, de nombreux proches et amis de Lemus ont été tués un par un. Depuis, elle n'est plus apparue en public et a commencé à utiliser l'influence et l'argent de sa famille pour monter un gang.
Cependant, partant de l'intention initiale de vengeance, Lemus s'est peu à peu enfoncée dans le crime et est devenue une cheffe de gang notoire et impitoyable. Elle a été accusée d'avoir orchestré l'enlèvement d'Amanda Lemus Contreras contre rançon fin 2013. Peu après, le corps de la victime a été retrouvé dans un village près de Garrobo. Par ailleurs, la police enquête sur le meurtre présumé de son mari par Lemus pour s'approprier l'héritage et toucher l'argent de l'assurance.
En revanche, Lemus n'a jamais perdu son désir de se venger du maire Fuentes. El Periodico a cité les autorités selon lesquelles la « Madame » aurait soudoyé au moins cinq policiers pour qu'ils rejoignent son gang. Outre l'obstruction des enquêtes et la fourniture d'armes, leur mission principale consistait à informer Lemus des faits et gestes de M. Fuentes. Selon les archives judiciaires, elle a ordonné au moins deux agressions contre M. Fuentes, mais le policier a eu la chance de s'enfuir.
Selon TNO