Oncologue : « Le cancer deviendra une maladie chronique »

Le chirurgien cancérologue Yiannis Spiliotis a parlé de l'avenir de la lutte contre le cancer lors de la deuxième conférence internationale sur le leadership et l'innovation dans le domaine des soins de santé qui s'est tenue la semaine dernière à Athènes, en Grèce.

Diplômé de la faculté de médecine de l'Université de Patras, le Dr Spiliotis a mené des recherches et enseigné à l'Institut du cancer de l'Université de Montpellier, en France. Il travaille actuellement au centre médical Diavalkaniko de Thessalonique et au centre médical d'Athènes.

Photo : Centraide régional de Bartlesville.

Le Dr Spiliotis a déclaré que 25 à 30 % des cas de cancer ont une origine génétique. Grâce au décryptage du génome humain depuis les années 2000, l'humanité peut désormais diagnostiquer et intervenir précocement chez les sujets à risque afin de prévenir rapidement le développement du cancer.

Le Dr Spiliotis cite un exemple célèbre : l'actrice Angelina Jolie, porteuse du gène du cancer du sein, a subi une ablation des deux seins. Comme Angelina Jolie, les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer de la thyroïde peuvent envisager une ablation de la thyroïde avant que la maladie ne se développe.

Outre les facteurs génétiques, le mode de vie et l'environnement influencent également le risque de cancer. Selon le Dr Spiliotis, les personnes qui se lèvent avant 6 h sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé, car c'est à ce moment-là que le cerveau sécrète les hormones qui contrôlent le stress, et le stress est lié au cancer.

Un autre exemple concerne les habitudes de coloration capillaire. Le Dr Spiliotis explique que se teindre les cheveux plus de neuf fois par an peut augmenter le risque de leucémie.

Bien sûr, les deux exemples ci-dessus ne signifient pas que toute personne qui se teint les cheveux ou se réveille trop tôt aura un cancer, mais montrent seulement que de nombreux facteurs sont nécessaires pour prévenir le cancer.

« Le mode de vie, les habitudes sportives et l'alimentation jouent tous un rôle. Il faut être vigilant sur de nombreux points », conseille le Dr Spiliotis.

L'une des questions les plus désespérées que se posent les patients atteints de cancer est : « Pourquoi moi ? » Pourtant, selon Spiliotis, l'avenir des patients atteints de cancer n'est plus aussi sombre qu'avant.

« Le cancer est en voie de disparition. Dans dix ans, il deviendra une maladie chronique, comme ce fut le cas pour la tuberculose et le diabète », a-t-il déclaré lors de son discours d'ouverture à la conférence.

De plus, la durée de survie des patients atteints de cancer s'allonge. Dans les années 1970, leur espérance de vie était d'environ six mois à un an après le diagnostic. En 2010, certains patients ont vécu 15 à 16 ans.

Les commentaires du Dr Spiliotis rejoignent ceux du Dr Lisa Coussens de l'Institut de biologie du développement et du cancer. En avril 2018, lors de la réunion annuelle de l'Association américaine pour la recherche sur le cancer, Mme Coussens a déclaré que guérir le cancer n'était pas un objectif réaliste. La médecine devrait plutôt s'efforcer de traiter le cancer comme une maladie chronique, au même titre que le diabète.

En 2016, l'American Cancer Society a d'ailleurs proposé de reconnaître certains cancers comme maladies chroniques. « Le cancer n'apparaît pas une seule fois. Même avec un traitement, il ne disparaît souvent pas. Le cancer peut être une maladie chronique, comme le diabète ou les maladies cardiaques », indique le site web de l'organisation.