Quand la violence scolaire prendra-t-elle fin ?
À l'Assemblée nationale, un député a un jour interrogé le ministre de l'Éducation et de la Formation, Nguyen Kim Son : « Quand la violence scolaire prendra-t-elle fin ? » Il a répondu, en substance : « Si un jour la violence disparaît des écoles, ce sera le jour où les adultes cesseront de se battre. Les enfants ne se regarderont plus qu'avec des yeux emplis d'amour. »
Jamais auparavant les mots-clés « violence scolaire » et « violence juvénile » n'ont été aussi présents sur les réseaux sociaux qu'aujourd'hui. Des incidents choquants font surface presque chaque semaine. Récemment, l'opinion publique a été horrifiée par la vidéo d'une caméra de surveillance montrant un élève de quatrième à Lao Cai poignardant à plusieurs reprises son ami à l'épaule et au dos avec un couteau, avant de le traîner dans un lac.
Auparavant, à Thanh Hoa, un élève de terminale a été poignardé au cou par un camarade de classe sur le chemin du retour de l'école, et est décédé. Un élève de seconde a été agressé en classe par un groupe d'élèves de première, ce qui lui a valu une hémorragie cérébrale et un pronostic très sombre. À Nghe An, un élève a été roué de coups par un groupe de camarades dans un club de billard, et a dû subir une intervention chirurgicale au cerveau.

Ces incidents se répètent sans cesse, soulevant une question importante pour chaque famille, chaque école et la société tout entière : pourquoi les jeunes peuvent-ils être si agressifs, si facilement pris dans une colère incontrôlée ?
Ce n'est pas qu'ils naissent mauvais, mais c'est qu'ils grandissent dans un environnement saturé de stimulations violentes et dépourvu de repères affectifs. Les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les médias de divertissement regorgent de contenus : vidéos de combats, de meurtres, d'armes à feu, de couteaux, voire même des diffusions en direct où les internautes se livrent à des actes ridicules, inhumains et violents, dans le seul but de devenir célèbres et d'attirer des vues et des « j'aime ».
Exposés à de tels contenus toxiques, les jeunes s'engourdissent, ne sont plus effrayés ni surpris par le sang et les larmes, mais au contraire, davantage stimulés. Les adolescents confondent facilement valeurs réelles et virtuelles, pensant implicitement que plus c'est agressif, plus c'est ridicule, plus on attire l'attention ; et l'attention est comme un appât irrésistible qui les incite à suivre.

Une partie des jeunes d'aujourd'hui n'apprend pas à identifier, maîtriser et résoudre leur colère. Ainsi, face aux moqueries ou aux railleries, ils ne savent réagir que par la violence, un comportement des plus primitifs. On dit souvent que « les enfants sont le reflet des adultes ». Un enfant sait aimer car il a reçu de l'amour de son entourage. Un enfant sait se contrôler car on lui a appris à respirer et à se calmer lorsqu'il est en colère. Pourtant, dans de nombreuses familles, les parents continuent d'user de violence, parfois brutale, les réprimandent facilement et vont même jusqu'à gifler leurs enfants sous le coup de la colère. Sur les réseaux sociaux, les adultes sont également prêts à s'en prendre aux autres, à les insulter et à les calomnier simplement à cause d'opinions différentes. Dans la rue, même un petit accident de la route suffit à les mettre en colère et à les faire jurer. Ces comportements, intentionnels ou non, deviennent des « leçons de vie » pour les enfants. Ils observent, apprennent et reproduisent.
Il ne faut pas non plus ignorer la pression scolaire et les préjugés sociaux. Il n'est pas rare que les enfants soient contraints à une course effrénée aux notes, sans aucun moyen de se détendre, ce qui fait que de petits conflits peuvent facilement dégénérer en violences majeures. Enfin, il y a l'effet de foule : lorsqu'un groupe d'enfants est témoin de violence sans que personne n'intervienne, car à la maison, les adultes leur ont appris que « face à l'injustice, il vaut mieux s'éloigner pour ne pas s'en mêler », que « le silence est plus sûr que la justice » !

Ces incidents, qui s'enchaînent, dressent le portrait d'une génération grandissant dans un climat de grande agitation émotionnelle, où la frontière entre le bien et le mal, l'amour et la violence, s'estompe peu à peu. Lorsque la colère s'exprime par des coups de poing, des coups de pied, des coups de couteau, au lieu des mots, au lieu de la compréhension, il s'agit non seulement d'un échec de l'éducation, mais aussi d'un signal d'alarme pour la société adulte.
À l'Assemblée nationale, un député a un jour interrogé le ministre de l'Éducation et de la Formation, Nguyen Kim Son : « Quand la violence scolaire prendra-t-elle fin ? » Il a répondu, en substance : « Si un jour la violence disparaît des écoles, ce sera le jour où les adultes cesseront de se battre. Les enfants ne se regarderont plus qu'avec des yeux emplis d'amour. »
Oui, la violence scolaire n'est pas innée ; elle résulte d'un environnement culturel, comportemental et éducatif défaillant. Si parents, enseignants et enfants continuent de réagir sous le coup de la colère, comment pouvons-nous espérer qu'ils apprennent à dialoguer plutôt qu'à se battre ? Si la société continue de prendre les excuses à la légère et de mépriser la bienveillance, comment pouvons-nous enseigner le pardon aux enfants ?

On ne peut pas espérer que les enfants soient bienveillants dans un monde où des adultes demandent encore avec colère « Sais-tu qui est ton père ? » ou se donnent des leçons, le visage rouge de colère, à propos d'un accident de la route, d'une dispute au restaurant ou d'un commentaire sur les réseaux sociaux. On ne peut pas non plus espérer que les élèves fassent preuve de maîtrise de soi lorsqu'ils voient chaque jour des adultes déverser leur colère les uns sur les autres, sur leurs subordonnés et sur leurs propres enfants. Les enfants apprennent de la façon dont les adultes aiment, mais aussi de la façon dont ils blessent.
Il est temps, au lieu de simplement crier « Non à la violence scolaire ! », de commencer par nous-mêmes. Apprenons à écouter nos enfants au lieu de leur donner des ordres. Apprenons-leur que tous ceux qui leur font du mal ne méritent pas forcément de subir des représailles. Faisons-leur comprendre que la force ne réside pas dans les muscles, mais dans la capacité à se maîtriser, car un enfant qui sait gérer ses émotions aujourd'hui est un adulte qui saura vivre en harmonie demain.
L'école doit aussi évoluer. Les cours de soutien scolaire devraient être l'occasion pour les enseignants d'aider les élèves à développer leur empathie, à résoudre les conflits, à présenter des excuses et à pardonner. L'éducation émotionnelle devrait devenir une composante essentielle du programme scolaire, au même titre que les mathématiques, la littérature, la physique et la chimie. Quant à la société, nous devons cesser de considérer la violence comme une fatalité. Chaque fois que nous partageons, commentons ou faisons l'éloge de vidéos de combats, même par simple curiosité, nous contribuons à la violence.
Il n'y aura jamais de réponse définitive à la question « quand la violence scolaire prendra-t-elle fin ? » Mais peut-être que lorsque les adultes cesseront de se battre, de se haïr, de déverser leur colère les uns sur les autres ; lorsque la société cessera de juger et commencera à partager davantage, alors ce sera le premier jour d'une génération qui aimera véritablement.


