Élections allemandes : personne ne peut arrêter Merkel ?

September 22, 2017 08:05

Rares sont ceux qui doutent qu’Angela Merkel restera encore quatre ans à la tête de la chancellerie allemande.

Des avantages exceptionnels

Les élections sont souvent synonymes de moments dramatiques, et parfois d'un tournant décisif. Mais les élections fédérales allemandes du 24 septembre ne suivent manifestement pas cette logique.

Les sondages affichent des résultats « ennuyeux » à répétition depuis des mois. Plus précisément, selon un sondage réalisé par l'institut Forsa le 19 septembre, environ 36 % des électeurs allemands voteront pour la coalition entre les chrétiens-démocrates (CDU) et l'Union chrétienne-sociale (CSU) de Merkel, tandis que 23 % des électeurs se déclarent favorables au Parti social-démocrate (SPD). Un autre sondage plus récent, réalisé par GMS le 21 septembre, indique que l'alliance CDU-CSU recueillera 37 % des voix, tandis que le SPD n'en obtiendra que 22 %.

En d'autres termes, Angela Merkel « donne » presque la moitié de la course à son principal adversaire, Martin Schulz du parti SPD, mais le dépassera et gagnera quand même la course pour le poste de chancelier allemand, occupant ainsi ce poste pour le 4e mandat consécutif.

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Mme Angela Merkel. Photo : Time

Mais cette supériorité de Mme Merkel et de l'alliance CDU-CSU crée un autre dilemme : la victoire de Mme Merkel étant considérée par beaucoup comme acquise, le nombre d'électeurs se rendant aux urnes sera probablement inférieur à la normale.

Les prévisions indiquent qu'environ 34 % des électeurs allemands s'abstiendront de voter ou seront indécis quant à savoir s'ils voteront ou non, contre 29 % lors des élections précédentes, en 2013. À l'heure actuelle, environ un tiers des électeurs allemands sont indécis quant à savoir s'ils doivent sacrifier un dimanche pour voter lors d'une élection considérée comme acquise.

Même si la probabilité est très faible, cela pourrait être un facteur imprévisible de l'élection, car plus il y a d'électeurs absents, plus il y a d'opportunités pour les partis d'extrême droite ou populistes, car leurs partisans sont toujours très actifs dans le vote.

C'est pourquoi Mme Merkel et M. Schulz appellent tous deux les électeurs allemands à se rendre massivement aux urnes pour empêcher la montée de partis d'extrême droite comme l'AfD ou Die Linke, qui suivent la ligne d'extrême gauche.

Stable mais manquant de vision ?

Merkel bénéficie toujours d'une cote de popularité supérieure à celle de ses rivaux politiques. Près des deux tiers des Allemands estiment toujours qu'elle fait du bon travail. Environ 59 % des Allemands sont satisfaits de la situation actuelle de l'économie allemande et estiment que le pays est sur la bonne voie. 80 % estiment que l'Allemagne est au cœur de la politique internationale, notamment européenne.

Les Allemands privilégient généralement la stabilité, et Mme Merkel est un exemple réussi de stabilité et de prévisibilité politique. C'est pourquoi elle a maintenu une position politique forte pendant plus de dix ans.

Bien sûr, cela n'est pas exempt de critiques. En raison de l'importance excessive accordée par Mme Merkel à la stabilité, tant sur le plan intérieur qu'international, à travers le « modèle allemand », elle a été critiquée par ses adversaires pour son manque de vision et d'audace dans les décisions politiques.

Les critiques les plus virulentes portent sur le fait que le gouvernement de Mme Merkel, pour maintenir un excédent budgétaire, a été trop parcimonieux en matière d'investissements publics, alors que l'Allemagne est le premier pays exportateur mondial et affiche un excédent commercial annuel de plusieurs centaines de milliards d'euros. Ce manque de dépenses publiques aurait entraîné la détérioration des infrastructures allemandes et, par conséquent, l'absence d'amélioration de la qualité de vie de sa population.

Le deuxième point critiqué par Merkel concerne sa politique migratoire. Il s'agit d'un sujet très sensible et, bien que son gouvernement l'ait relativement bien géré ces dernières années, ses opposants et ses adversaires continuent de penser que l'ouverture des frontières allemandes à des millions de réfugiés menacera la sécurité du pays et exacerbera les tensions sociales.

Grande alliance et petite alliance

Jusqu’à présent, en effet, tous les analystes politiques en Allemagne et en Europe estiment que le plus grand défi pour Mme Merkel et le parti CDU n’est pas de gagner les élections du 24 septembre, mais de savoir avec quel parti former une coalition ensuite ?

Le scénario le plus évoqué est celui d'une « Grande Coalition », qui inclurait la CDU-CSU et le SPD, principal rival de la CDU. L'avantage d'une telle « Grande Coalition » réside dans la stabilité, mais le problème est qu'aux yeux de la majorité des Allemands, cette coalition tripartite est trop ennuyeuse et étouffe le débat politique intérieur.

Le SPD lui-même n'est peut-être pas disposé à passer quatre années supplémentaires dans l'ombre de son principal rival, la CDU. La semaine dernière, M. Schulz a posé quatre conditions à une coalition avec la CDU-CSU, et il a lui-même déclaré qu'il serait difficile pour Mme Merkel de les accepter.

Le scénario suivant est une coalition avec des partis plus petits comme le Parti libéral-démocrate (FDP) ou les Verts. Cependant, avec ces partis, le problème réside dans la politique étrangère : ils ont des positions très contradictoires, parfois intransigeantes, avec la CDU-CSU ou avec les principaux partenaires européens de l'Allemagne, comme la France, sur les questions liées à la réforme de l'Union européenne.

Choisir avec quel parti former une coalition sera donc un défi complexe pour Mme Merkel. Une seule chose est sûre : elle ne formera pas de coalition avec les deux partis de gauche et de droite, le Parti de gauche (Die Linke) et l'AfD.

Le duo Merkel-Macron attend l'action

L'Allemagne est la première puissance européenne et Angela Merkel est largement considérée comme la dirigeante la plus puissante du continent. Par conséquent, si Merkel remporte le scrutin et se maintient au pouvoir, ce sera une bonne nouvelle pour l'Union européenne, car les élections législatives allemandes constituent le dernier événement politique majeur de ces dernières années en Europe, après le Brexit et l'élection présidentielle française.

La situation actuelle est très favorable pour l'Europe, car en France, M. Macron s'est révélé être un dirigeant résolument favorable à l'Union européenne et a également noué de bonnes relations personnelles avec Mme Merkel. Le duo Merkel-Macron semble avoir pris forme et ce n'est qu'après les élections allemandes que les deux locomotives franco-allemandes lanceront des réformes fortes en Europe.

En France, M. Macron a même préparé un discours sur ses projets de réforme de l’Union européenne et l’annoncera juste après la fin des élections allemandes.

Dans l’ensemble, il n’y aura donc pas de changements négatifs majeurs en Europe, mais le duo Merkel-Macron pourrait accélérer la réforme de l’Union européenne, notamment dans le domaine politico-défense, car Mme Merkel a une réaction très forte aux nouvelles politiques américaines envers l’Europe après l’accession de M. Donald Trump à la présidence.

Il est probable que le monde sera témoin dans un avenir proche d’une Europe plus affirmée et plus indépendante, sous la direction du duo Merkel-Macron.

Selon VOV

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