Élections au Japon : l'élection qui marque un changement de pouvoir
Les électeurs japonais se rendront aux urnes le 16 décembre pour des élections anticipées à la Chambre des représentants. Il s'agit d'une élection générale avec un nombre record de partis politiques participants au Pays du Soleil Levant et qui attire particulièrement l'attention des électeurs car les habitants du « pays des cerisiers en fleurs » espèrent que ces élections pourront apporter des changements positifs.
Les élections marqueront probablement le retour au pouvoir du Parti libéral-démocrate (PLD) d'opposition après plus de trois ans de gouvernement du Parti démocrate du Japon (PDJ).
Le président du PLD, Shinzo Abe. (Source : AFP/VNA)
1 504 candidats issus de 12 partis politiques et candidats indépendants se sont inscrits pour briguer 480 sièges à la Chambre des représentants. Dans un contexte où l'économie japonaise continue de montrer des signes de récession en raison de l'impact de la crise de la dette européenne et de la hausse du yen, les électeurs japonais s'intéressent de près aux politiques économiques et financières des partis, car celles-ci auront un impact direct sur leur vie.
Selon un sondage réalisé par le journal Nihon Keizai, l'opinion publique japonaise apprécie actuellement fortement la politique économique du PLD, qui vise à sortir le pays de la déflation, à gérer la hausse du yen et à relancer l'économie après le séisme et le tsunami, ainsi que l'accident nucléaire de Fukushima. Cependant, la politique de sécurité sociale et la reconstruction financière proposées par le PDJ au pouvoir bénéficient également d'un large soutien de la part des électeurs.
Suite à la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, la politique énergétique a suscité une attention particulière de la part de l'opinion publique japonaise. Sous la forte pression du mouvement antinucléaire national, le Premier ministre Yoshihiko Noda et le PDJ ont décidé d'inclure dans leur programme électoral une feuille de route visant à éliminer complètement l'énergie nucléaire d'ici 2030 et à encourager le développement et l'utilisation de sources d'énergie alternatives.
Cependant, cette politique se heurte à l'opposition des entreprises, qui craignent que les coûts élevés de l'électricité et l'instabilité de l'approvisionnement n'affectent leur production et leur compétitivité. De plus, la recherche et la production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables nécessitent des investissements considérables en temps et en argent.
Parallèlement, le président du PLD, Shinzo Abe, a déclaré que l'objectif du « zéro nucléaire » était idéal, mais que le PLD donnerait la priorité à la stabilité de l'approvisionnement énergétique et s'est engagé à élaborer le « meilleur mix politique pour la structure de l'approvisionnement énergétique » d'ici dix ans. Ce plan a reçu le soutien des entreprises japonaises.
La politique étrangère et la sécurité nationale sont également mises en avant par les partis politiques dans leurs plateformes électorales, dans le contexte du lancement réussi d'un satellite par la Corée du Nord et des activités accrues de la Chine dans les eaux proches des îles contestées Senkaku/Diaoyu.
À l’exception du Parti communiste japonais et du Parti social-démocrate, qui s’opposent à l’alliance avec les États-Unis, y compris aux projets de redéploiement des troupes américaines au Japon, la plupart des autres partis soulignent l’importance de cette relation pour assurer la sécurité du Japon et de la région.
Alors que le PDJ prône une gestion pacifique et stable des îles Senkaku, le PLD préconise l'envoi de fonctionnaires permanents sur place pour une gestion efficace. Le PLD souhaite également transformer les forces de défense en une armée régulière. Ce projet du PLD est censé viser à conquérir les suffrages nationalistes, mais il est peu probable qu'il le mette en œuvre en raison de la nécessité de prendre en compte les relations avec la Chine.
Un point marquant des prochaines élections à la Chambre basse est la tendance de nouveaux petits partis à fusionner pour former une « troisième force » de la politique japonaise. Le Parti de la restauration du Japon, fondé par le maire d'Osaka Toru Hashimoto, vient de fusionner avec le Parti du Soleil de l'ancien gouverneur de Tokyo Shintaro Ishihara et plusieurs autres petits partis, tandis que le Parti de l'avenir du Japon s'est allié au Parti de la vie du peuple.
Cependant, certains experts estiment que la fusion précipitée de petits partis a eu pour effet de les rendre peu unifiés sur le plan politique et, par conséquent, peu susceptibles de devenir des organisations puissantes. De plus, la dissolution anticipée de la Chambre des représentants par le Premier ministre Noda a laissé peu de temps aux nouveaux partis pour se constituer une base politique solide et adapter leurs politiques électorales en conséquence. Il est donc peu probable que la « troisième force » joue un rôle important dans la politique japonaise après les élections.
Bien que le PDJ au pouvoir ait élaboré un programme électoral plus réaliste que celui des élections d'il y a trois ans, il semble qu'il n'ait pas suscité beaucoup d'attrait auprès des électeurs, car ce que le parti a montré durant son récent mandat n'a pas vraiment répondu aux attentes du peuple du Pays du Soleil Levant.
Les sondages à l'approche du scrutin montrent que le PLD est actuellement en tête et pourrait même obtenir la majorité à la Chambre des représentants. Il est probable que le PLD forme une coalition avec le Nouveau Komeito pour former un gouvernement, et que Shinzo Abe redevienne Premier ministre. Cependant, en raison des nombreuses divergences politiques entre le PLD et le Nouveau Komeito, les deux partis doivent s'adapter afin d'éviter toute confrontation dans le fonctionnement du gouvernement.
Quel que soit le parti qui prendra le pouvoir après le 16 décembre, il devra faire face à des tâches extrêmement difficiles, notamment restaurer la position économique du Japon et gérer des relations internationales complexes.
Selon (TTXVN) - DT