De quoi les enfants ont-ils le plus besoin de l'autre côté de l'écran ?

Je me souviens qu'un jour, une amie s'est confiée à moi au sujet de son fils en CM2. Le garçon était passionné par les jeux en ligne et s'isolait parfois, absorbé par son téléphone. Mon amie m'a expliqué qu'elle voulait protéger son fils des dangers d'Internet, mais qu'elle craignait aussi de devenir la personne « interdite » qui l'éloignerait de lui. Je pense que cette histoire n'est pas un cas isolé ; elle reflète une réalité quotidienne dans de nombreuses familles vietnamiennes aujourd'hui.

Les réseaux sociaux et les technologies numériques offrent aux enfants un monde plein de promesses et d'opportunités. Mais ce monde donne aussi sur une réalité complexe, parfois peuplée de choses difficiles à voir, à comprendre et encore plus difficiles à maîtriser. Si, dans le monde réel, les parents peuvent voir les blessures de leurs enfants et les réconforter en leur tenant la main, dans le monde virtuel, les souffrances sont souvent invisibles et s'insinuent sournoisement dans leur âme par le biais de messages trompeurs, d'images choquantes, de fausses demandes d'amis ou de la solitude engendrée par le cyberharcèlement.

Protéger les enfants ne se résume donc pas à fixer des règles, ni à surveiller de près chaque minute qu'ils passent en ligne. C'est un cheminement vers la compréhension, vers une véritable complicité. Il est essentiel d'écouter les enfants, non seulement lorsqu'on leur demande « Que fais-tu ? », mais aussi lorsqu'on prend en compte leurs sentiments inexprimés. Car dans le monde numérique, l'hésitation et la timidité peuvent constituer le principal obstacle qui les empêche de se confier à leurs parents en cas de danger.

Autrefois, on disait aux enfants de ne pas parler aux inconnus, mais dans le monde numérique, qui est un inconnu et qui est un ami ? On leur apprenait à se méfier des inconnus, mais comment les enfants peuvent-ils faire la différence lorsque toute information peut être falsifiée ? Ces questions concernent non seulement les enfants, mais aussi les parents, les écoles et la société. Nous devons leur transmettre non seulement des connaissances, mais aussi la vigilance, la confiance en soi et l’esprit critique nécessaires pour naviguer sur Internet.

Je crois que pour protéger durablement les enfants, il ne suffit pas de les contrôler. Parents, enseignants et adultes de la société doivent devenir des compagnons et des guides discrets, aidant les enfants à se construire une carapace intérieure pour se protéger. Un enfant qui comprend le sens de la vie privée, sait dire « non » et refuser les invitations dangereuses sera plus résilient dans un monde numérique semé d'embûches.

Outre le soutien des familles, la communauté en ligne a également besoin d'une réglementation plus claire et de mécanismes de protection renforcés pour les enfants. Les réseaux sociaux et les applications de jeux ne peuvent plus être des espaces où pullulent les contenus toxiques et où des individus mal intentionnés profitent de l'innocence des enfants. L'État, les organisations sociales et les entreprises technologiques doivent collaborer pour bâtir un environnement numérique sain et sûr, doté de filtres intelligents et de systèmes de retour d'information efficaces. Ce n'est qu'à cette condition que la protection des enfants ne reposera plus uniquement sur la famille, mais deviendra l'affaire de toute la société.

Il y a une chose qui me trotte toujours dans la tête : protéger les enfants, c’est protéger l’avenir. Mais cet avenir ne se résume pas à de vaines promesses ou à des slogans creux. Il se construit chaque jour, chaque heure, par des actions concrètes, de la patience et de l’empathie. Une conversation douce avec son enfant, une question sincère, un compagnon qui ne l’abandonne pas lorsqu’il entre dans le monde numérique… Ces petites choses en apparence anodines ont un pouvoir magique ; elles créent un pont entre le monde réel et le monde virtuel, entre les adultes et les enfants.

Nous aimons nos enfants, non seulement en organisant des jeux, des petites fêtes, en achetant des gadgets coûteux… mais aussi en nous demandant constamment ce que nous avons fait pour assurer leur sécurité et leur bonheur. Avons-nous assez de patience pour les écouter ? Avons-nous les connaissances nécessaires pour les accompagner ? Osons-nous affronter la réalité : le monde numérique n’est pas seulement un lieu de divertissement, mais aussi un terrain complexe où nos enfants doivent apprendre à relever des défis ?

Protéger les enfants en ligne n'est pas une tâche solitaire, ni la responsabilité d'une seule personne. C'est un engagement à long terme de la famille, de l'école, de la communauté et de la société. Chacun d'entre nous détient la clé de la sécurité et du développement harmonieux des enfants de demain. Ne laissons pas la protection rester un simple slogan, mais traduisons-la en actions concrètes : apprenons aux enfants à se fixer des limites, promouvons des lois qui les protègent dans l'environnement numérique et, surtout, créons un environnement bienveillant et compréhensif où aucun enfant n'est laissé pour compte.

Dans ce monde complexe, les enfants n'ont pas besoin que nous construisions un mur pour les séparer, mais d'une main forte à tenir, d'un cœur assez grand pour les accompagner et d'un esprit sage pour les guider.