Une étape décisive dans la feuille de route de la transition politique en Égypte
(Baonghean) -Le 14 janvier, l'Égypte a lancé un référendum sur un projet de révision de la Constitution, dans un contexte de sécurité renforcée et de manifestations antigouvernementales persistantes. Bien qu'il ait eu lieu assez tard par rapport au calendrier établi par le président par intérim Atly Mansour, ce vote a néanmoins démontré que la feuille de route de la transition politique de l'Égypte est sur la bonne voie depuis le coup d'État qui a renversé le gouvernement de l'ancien président Mohamed Morsi.
Selon la Commission électorale centrale égyptienne, environ 54 millions d'électeurs sur une population totale de 85 millions d'habitants sont en droit de voter dans plus de 30 000 bureaux de vote à travers le pays les 14 et 15 janvier. Auparavant, du 8 au 12 janvier, les citoyens égyptiens résidant à l'étranger s'étaient également rendus aux urnes. Bien que seulement 15 % des plus de 680 000 Égyptiens se soient inscrits pour participer au référendum – un taux bien inférieur à celui du référendum précédent – les résultats ont montré que le pourcentage d'électeurs résidant à l'étranger ayant voté en faveur du projet de constitution était très élevé. Le taux de « oui » a été de 100 % en Palestine, de 99,5 % à Los Angeles (États-Unis) et de 99 % à Rome (Italie). De plus, plus de 98 % a également été obtenu dans une série d'autres pays comme l'Arabie saoudite, le Soudan, la Tunisie, Paris (France), l'Autriche, etc. Selon la Commission électorale, les résultats officiels du dépouillement seront annoncés immédiatement après la fin du scrutin national demain.
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Des Égyptiens consultent la liste électorale dans un bureau de vote. |
Selon les analystes, le projet de constitution devrait être approuvé avec plus de 70 % des voix. Un sondage national mené par le Centre égyptien de recherche sur l'opinion publique du 24 au 26 décembre a révélé que 74 % des personnes interrogées se déclaraient favorables à la nouvelle constitution, contre seulement 3 % contre. La probabilité d'une approbation aussi forte du projet de constitution ne repose pas seulement sur les chiffres du sondage, mais aussi sur l'analyse de la psychologie du peuple égyptien, excédé par la violence et les perturbations de la vie quotidienne causées par les manifestations de rue des islamistes au Caire et dans d'autres villes du pays. Par ailleurs, avec ses 247 articles, le projet de constitution amendée est considéré comme garantissant mieux les droits fondamentaux du peuple et la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Pour le peuple égyptien d'aujourd'hui, « avoir le ventre plein et des vêtements chauds » est le désir le plus immédiat, et non les programmes religieux extrémistes des forces islamiques.
Bien que soutenu par de nombreux citoyens, le nouveau projet de constitution a rencontré une forte opposition de la part des forces islamistes, car il porte gravement atteinte aux intérêts de cette force, pourtant très influente sur la vie politique et sociale égyptienne. La nouvelle constitution entraînera une interdiction totale des partis islamistes de toute activité politique et contribuera à consolider le pouvoir de l'armée. De plus, elle supprime des dispositions supplémentaires, considérées comme similaires aux règles islamiques, introduites par le parlement à majorité musulmane sous l'ancien président Morsi. C'est pourquoi les forces islamistes ont fermement boycotté le référendum et ont continué de mener de violentes attaques contre les forces de sécurité dans de nombreux endroits du pays. Par conséquent, pour assurer la sécurité des bureaux de vote, l'Égypte a dû déployer près de 400 soldats, policiers et plus de 600 unités de combat mobiles, avec le soutien d'avions et de véhicules blindés.
Ce référendum est considéré comme un test important pour le gouvernement intérimaire égyptien. Si le gouvernement parvient à organiser un scrutin libre et transparent, sans incident sécuritaire majeur, il pourra crier victoire dans la lutte contre les islamistes. De plus, il offre aux forces libérales et laïques la possibilité de prendre le pouvoir de manière « légitime » après les élections présidentielles et parlementaires prévues avant le milieu de l'année. Et surtout, il témoigne du consensus du peuple égyptien, qui a toujours attendu avec impatience la fin de la grave crise qui dure depuis près de trois ans, suite au tremblement de terre du « Printemps arabe » au pays des Pyramides. Cependant, la capacité du gouvernement intérimaire à obtenir ce résultat « satisfaisant » dépend des prochaines actions des islamistes. Certains craignent que le risque de marginalisation n'alimente une vague de manifestations islamistes violentes, les poussant à consacrer toute leur énergie à une guerre contre le gouvernement.
Thuy Ngoc