La mort d’Otto Warmbier : blâmable ou pitoyable ?

Certains pensent que Warmbier s'est lui-même attiré cette responsabilité, d'autres ne voient aucune preuve solide qu'il ait enfreint la loi nord-coréenne.

Otto Warmbier escorté par des soldats nord-coréens en mars 2016. Photo : AP

À Cincinnati, Otto Warmbier était connu comme une star de l'école, un bon ami et un fils préféré.

Mais sur les réseaux sociaux et sur certains sites d’information, Warmbier est devenu un sujet de controverse.

Pour certains, Warmbier est devenu un exemple de « privilège blanc ». Ils lui reprochaient d'avoir agi avec imprudence et de s'être « mis dans un piège » en pensant ne pas être tenu de respecter la loi dans un pays étranger. Warmbier a été arrêté pour avoir prétendument volé une banderole de propagande dans un hôtel de Pyongyang.

Même à Cincinnati, la ville natale de Warmbier, lorsque ce dernier a été arrêté pour la première fois, un groupe Facebook a vivement critiqué cet étudiant.

« N'allez pas à l'étranger, n'enfreignez pas la loi et ne pensez pas que vous êtes spécial parce que vous êtes chrétien et blanc », a déclaré une personne.

« J'espère qu'il apprendra la leçon. Le privilège n'existe pas à l'étranger », a écrit un autre.

Avant la sortie de Warmbier, un article du Huffington Post de 2016 critiquant Warmbier a été partagé plus de 6 400 fois, attirant l'attention nationale.

Le mois dernier, Salon a publié l'article : « Ceci est peut-être l'étudiant le plus stupide d'Amérique : l'étudiant de Virginie qui pensait pouvoir faire une farce à la Corée du Nord. » L'article a depuis été supprimé.

Après la mort de Warmbier, la professeure d'université américaine Katherine Dettwyler a continué à le critiquer, affirmant que Warmbier « avait eu exactement ce qu'il méritait » et le qualifiant d'« étudiant américain riche, gâté, blanc et stupide ».

Il est comme « ces enfants qui se plaignent de leurs notes parce qu'ils pensent qu'ils n'ont pas besoin de lire et d'étudier pour avoir de bonnes notes. Ses parents sont responsables de l'avoir laissé grandir en pensant qu'il pouvait s'en tirer comme il le voulait », a commenté le professeur.

« Les parents d’Otto paieront le prix pour le reste de leur vie », écrit Dettwyler.

Les propos de Dettwyler ont suscité une vague d'indignation. L'Université du Delaware, où elle était professeure adjointe au printemps, a annoncé qu'elle ne serait plus autorisée à y enseigner à l'avenir.

Dans le Daily Review, l'écrivain Joseph Curl a critiqué le professeur en déclarant : « Comment peut-on blâmer les parents de Warmbier à leur moment le plus sombre, alors qu'ils pleuraient la mort de leur fils ? »

Le Daily Beast a souligné qu'hormis la vidéo de l'individu non identifié retirant le panneau de propagande fourni par la Corée du Nord, rien ne prouvait clairement que Warmbier avait effectivement enfreint la loi. De leur côté, les compagnons de voyage de Warmbier ont déclaré n'avoir rien vu qui puisse indiquer que Warmbier ait agi ainsi et ont estimé que l'étudiant américain n'était pas l'auteur de l'infraction.

De plus, pour l'autre camp, Warmbier est également devenu un symbole de l'échec de l'ancien président Obama, lorsqu'un étudiant de 22 ans a été abandonné dans un pays fermé.

Josh Caplan, rédacteur en chef de Vessel News, a tweeté que « la police a publié un portrait-robot du suspect du meurtre d'Otto Warmbier » et a publié un dessin d'Obama. Le tweet a été aimé plus de 4 300 fois et retweeté 2 500 fois.

« Obama a choisi Bergdahl plutôt qu'Otto Warmbier. C'est pourquoi nous avons choisi Trump », a écrit une personne nommée Kristin.

Elle a mentionné Bowe Bergdahl, un soldat américain capturé par les talibans après avoir abandonné son poste en juin 2009. Bergdahl a été libéré en mai 2014 en échange de la libération de cinq talibans détenus à Guantanamo. Cet échange a suscité une vive controverse. En 2015, l'armée américaine a annoncé que Bergdahl serait jugé pour désertion et mauvaise conduite face à l'ennemi. Aucune décision définitive n'a été rendue dans cette affaire. Pendant la campagne présidentielle de 2016, M. Trump a dénoncé Bergdahl comme un « traître corrompu ».

Cependant, l’écrivaine Mary Sachez estime que les Américains ne devraient pas politiser l’affaire Otto Warmbier mais devraient se concentrer sur la question de la Corée du Nord.

L'écrivain Joseph Curl a abondé dans ce sens : « Ne vous y trompez pas : la mort d'Otto Warmbier est clairement une tragédie. »

Selon VNE