Tensions entre la France et le monde musulman : quand on jette de l'huile sur le feu

Lam Vy October 29, 2020 10:40

(Baonghean.vn) - De l'Arabie saoudite au Bangladesh, de l'Iran au Maroc, de nombreux pays expriment leur mécontentement face au traitement réservé aux musulmans par la France. Cette vague de protestations menace de diviser ce pays d'Europe occidentale et une grande partie du monde musulman.

Le feu de la colère brûle

La question de la religion et de l'ethnicité entre le monde musulman et l'Occident a toujours été un sujet sensible, surtout ces dernières années, où l'islam radical est devenu l'une des menaces pour la sécurité des pays européens. La colère a embrasé le monde musulman après la déclaration deLe président français Emmanuel Macronqu’il « continuera à défendre le droit de dessiner des caricatures de Mahomet ».

L'incident a débuté mi-octobre, lorsque Samuel Paty, professeur de lycée français, a été décapité par un Tchétchène pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. En réponse, le gouvernement français a fait de Paty un héros de la liberté d'expression. Le président Macron a affirmé que la France « poursuivra le combat pour la liberté » et « renforcera » les efforts visant à mettre fin à l'islam radical dans le pays.

Une partie de cette campagne vise à créer un « islam français », comme il le dit depuis des années, visant à intégrer les musulmans dans la société française. Macron affirme que les extrémistes font obstacle à cette intégration, et son gouvernement a commencé à procéder à des perquisitions, des expulsions et des dissolutions de certains groupes musulmans. Les autorités n'ont pas non plus interdit la projection de caricatures du Prophète sur les bâtiments gouvernementaux français lors des commémorations nationales.

Các thương nhân Pakistan đốt  cờ Pháp trong cuộc biểu tình hôm thứ 26/10. Ảnh AP
Des commerçants pakistanais brûlent un drapeau français lors d'une manifestation le 26 octobre. Photo AP

La guerre diplomatique des mots s’est rapidement étendue aux actions concrètes des populations.

Cependant, des milliers de musulmans à travers le monde estiment que la France est contre une religion et s'élèvent contre elle. Des organisations et des gouvernements de nombreux pays du Moyen-Orient ont critiqué le discours de M. Macron, le qualifiant de source de haine entre les peuples. La guerre des mots diplomatique s'est rapidement propagée aux actes concrets des citoyens. Depuis le 25 octobre, les produits français ont été retirés des rayons de nombreux supermarchés en Jordanie, au Qatar et au Koweït. Certains articles, comme les produits capillaires et les cosmétiques d'origine française, ont également disparu des rayons.

Le message du monde musulman est clair : si un pays autorise la publication de caricatures du prophète Mahomet, il subira des conséquences économiques majeures. Mais l’accueil réservé à ce message et les conséquences qui en découleront dépendent de nombreux facteurs, les experts estimant qu’il ne s’agit que d’événements émotionnels temporaires qui passeront rapidement.

Message de France

La dernière déclaration du président français Macron n'est probablement pas la seule raison de l'indignation du monde musulman. Il y a un peu plus de trois semaines, peu avant l'attentat terroriste contre l'enseignant Samuel Paty, le président français Macron a prononcé un discours important pour présenter la nouvelle politique française de lutte contre ce qu'il a qualifié de « séparatisme ». « Ce que nous devons combattre, c'est le séparatisme islamique », a insisté Macron.

Tổng thống Emmanuel Macron nói “chúng tôi biết những gì cần phải làm” sau cuộc họp với một đơn vị đối phó với chủ nghĩa Hồi giáo cực đoan ở ngoại ô đông bắc Paris. Ảnh: Reuters
Le président Emmanuel Macron a déclaré : « Nous savons ce qu'il faut faire » à l'issue d'une réunion avec une cellule de lutte contre l'extrémisme islamiste dans la banlieue nord-est de Paris. Photo : Reuters

Parallèlement à cette affirmation, M. Macron a également proposé des mesures très concrètes, comme la fin de la formation des religieux musulmans à l'étranger, notamment en Turquie, au Maroc, en Algérie, etc., puis leur affectation dans des mosquées en France. M. Macron a déclaré que cela rendait la France incapable de contrôler le contenu doctrinal enseigné par ces religieux, et que nombre d'entre eux propageaient des idéologies haineuses contraires aux valeurs de la République française. La deuxième mesure notable consiste à renforcer le contrôle financier des établissements religieux, notamment musulmans, afin d'empêcher toute manipulation de ces établissements par des puissances étrangères.

Il y a deux raisons principales pour lesquelles le président français Macron a mis en place cette politique. Premièrement, depuis longtempsproblème de l'islam radicalLa crise est devenue l'une des principales préoccupations sécuritaires de la France, menaçant de détruire de l'intérieur les fondements de la société française. C'est pourquoi, au cours des deux dernières décennies, chaque président français a dû faire face à ce défi. Le fait que M. Macron n'ait introduit une nouvelle politique qu'après plus de trois ans au pouvoir est même considéré comme trop tardif.

La deuxième raison, très importante, est que l'élection présidentielle française de 2022 approche à grands pas et que le thème de l'islam radical sera certainement l'un des plus importants sujets d'intérêt pour les électeurs français. C'est la force des partis de droite, notamment du Rassemblement national de Marine Le Pen. M. Macron est donc contraint de prouver que son gouvernement est suffisamment ferme pour relever ce défi sécuritaire, afin de mobiliser les électeurs pour les prochaines élections.

La position de la France, quel que soit son objectif, reçoit le soutien des pays européens, dont l'Allemagne, pays qui assure la présidence tournante de l'UE.

Các sản phẩm của Pháp đang bị loại khỏi các kệ hàng tại một khu chợ tại Thành phố Kuwait, Kuwait vào ngày 24/10.  Ảnh: Anadolu
Des produits français sont retirés des rayons d'un marché de Koweït City, au Koweït, le 24 octobre. Photo : Anadolu

Opportunités pour les dirigeants musulmans

Le dirigeant français n'est pas le seul à instrumentaliser l'histoire de l'ethnicité et de la religion à des fins politiques. Les responsables politiques de certains pays musulmans semblent également profiter de cette occasion pour consolider leur emprise sur le pouvoir. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a tweeté dimanche que les actions et les déclarations du président français « mèneront inévitablement à la radicalisation ».

Le Pakistan a été jusqu'à présent l'un des pays les plus virulents à appeler au boycott des produits français, tandis que le président turc Recep Tayyip Erdoğan est allé plus loin, déclarant dans un discours télévisé que les produits français devraient être boycottés parce que les musulmans en France ont été soumis à « une attaque comme la campagne contre les Juifs en Europe avant la Seconde Guerre mondiale ».

Selon les observateurs, dans la campagne de boycott des produits français, la Turquie joue un rôle clé et « utilise cette excuse » pour faire pression sur Paris lorsqueles deux parties sont en conflitEn lien avec les conflits en Syrie et en Libye, les affrontements entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et le dossier de l'exploration gazière en Méditerranée orientale, la France est le dixième exportateur vers la Turquie et le septième marché pour ses exportations.

« Je ne pense pas qu’ils cherchent délibérément à aggraver les tensions, mais ils utilisent certainement ce moment à leur propre avantage », a déclaré Mobashra Tazamal, un chercheur islamiste.

« Ces dirigeants se présentent souvent comme des défenseurs de l’islam et des musulmans, et les déclarations anti-françaises les aident à gagner la confiance de leurs concitoyens. »

Mobashra Tazamal, un érudit islamique

Tổng thống Thổ Nhĩ Kỳ Recep Tayyip Erdoğan phát biểu trên truyền hình rằng các sản phẩm của Pháp nên bị tẩy chay. Ảnh: Reuters
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré à la télévision que les produits français devaient être boycottés. Photo : Reuters

À court terme, les relations entre la France et les pays musulmans pourraient donc être « tendues » sur les plans diplomatique et économique, mais il est peu probable qu'elles dégénèrent en une confrontation plus large. Cependant, à long terme, ce conflit sera très difficile à résoudre, voire inextricable, car il s'agit d'un conflit de valeurs entre deux sociétés aux fondements culturels et religieux différents. Les musulmans ont le droit d'être en colère lorsque le président français Macron persiste à utiliser la satire du prophète Mahomet comme symbole de la liberté d'expression occidentale.

D'un autre côté, les Français et l'Occident ont également le droit de revendiquer la plus haute liberté d'expression et la liberté de religion et de non-religion. Le dilemme réside dans le fait que ces deux sociétés ne sont pas distinctes, mais interpénétrent, et que les communautés musulmanes se développent en France et en Occident. Elles seront contraintes de choisir entre placer leurs croyances et leurs convictions religieuses au-dessous des valeurs communes de la société dans laquelle elles vivent. Sinon, toute « étincelle » allumée peut se transformer en un incendie majeur menaçant les relations entre l'Occident et le monde musulman.

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