Tensions en mer d'Azov : les États-Unis demandent à l'UE de refuser de poursuivre le projet « Nord Stream 2 »

Gazoducs desservant Nord Stream 2. Photo : TASS

« L'incident dans le détroit de Kertch rappelle à tous les alliés des États-Unis en Europe pourquoi le projet Nord Stream 2 est considéré comme une mauvaise idée. Cet incident met également en garde contre le fait que si l'infrastructure gazière de ce projet est bloquée, elle deviendra un moyen efficace de freiner le développement des forces militaires russes », a déclaré un représentant du département d'État américain lors d'une conférence de presse à Bruxelles (Belgique).

Le représentant a ajouté que depuis l'incident en mer d'Azov, l'Allemagne est devenue plus sensible aux critiques concernant Nord Stream 2. « Lors des consultations entre les États-Unis et l'Allemagne, certains signes montrent que l'Allemagne a commencé à mieux comprendre le message américain depuis l'incident du détroit de Kertch. Pour l'Allemagne, il est devenu plus difficile de comprendre qu'il s'agit d'un projet purement commercial », a déclaré le représentant du département d'État américain.

D'un point de vue géopolitique, Washington s'oppose ouvertement à la construction du gazoduc Nord Stream 2 et s'efforce activement de l'empêcher. De nombreux experts soulignent que, par cette méthode, les États-Unis cherchent à devenir le principal fournisseur de gaz naturel liquéfié du marché européen, bien que le coût de ce gazoduc soit considéré comme nettement supérieur à celui du gazoduc russe. Malgré l'adoption de la loi CAATSA (sur la lutte contre les adversaires des États-Unis par des sanctions), les États-Unis ont démontré leur capacité à appliquer des mesures restrictives unilatérales, y compris à l'encontre des entreprises participant à la mise en œuvre du projet Nord Stream 2.

Nord Stream 2 est un projet majeur, qui prévoit la construction de deux gazoducs d'une capacité totale pouvant atteindre 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, reliant la côte russe, la mer Baltique et l'Allemagne. La mise en service de Nord Stream 2 est prévue pour fin 2019. La capacité de chaque gazoduc est de 27,5 milliards de mètres cubes de gaz par an, soit le double de celle de Nord Stream 1.

Le coût de construction de Nord Stream 2 est estimé à 9,5 milliards d'euros, exploité par Nord Stream 2 AG, l'unique actionnaire du géant énergétique russe Gazprom.