Plus il échoue, plus le président ukrainien Porochenko est déterminé à se battre ?

La défaite sur le champ de bataille a clairement montré à l’Ukraine son « besoin » d’aide militaire, et non d’une solution pacifique au problème oriental.

Le 4 février, le président ukrainien Petro Porochenko a appelé l'OTAN à fournir d'urgence des armes à son pays. Selon lui, les attentats terroristes de Volnovakha et de Donetsk, ainsi que le bombardement de Marioupol, ont mis en évidence « le besoin urgent de recevoir des armes modernes de l'OTAN ».

Le conflit s'intensifie et devient incontrôlable

Un quartier résidentiel de Donetsk dévasté par le conflit (photo : Reuters)

Les récents combats dans l'est de l'Ukraine suggèrent que le conflit a atteint une nouvelle ampleur. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré le 5 février que l'escalade des combats entre l'armée ukrainienne et l'opposition pourrait conduire à une « perte totale de contrôle » dans l'est de l'Ukraine.

Il est à noter que le 4 février, un chef armé de la République populaire autoproclamée de Lougansk a déclaré que les avions de combat Su-25 de cette force avaient attaqué les troupes gouvernementales depuis les airs pour la première fois.

« Notre Su-25 était dans le ciel au-dessus de la zone de l'autoroute Artemivsk-Debaltseve et a attaqué un convoi de camions et de véhicules blindés de l'armée ukrainienne », a déclaré le quartier général de la République populaire autoproclamée de Lougansk.

Plus tôt, le chef de la défense de la République autoproclamée de Donetsk avait également annoncé que les forces séparatistes avaient abattu un avion de chasse des forces armées ukrainiennes. Le gouvernement de Kiev n'a pas encore réagi aux déclarations des forces séparatistes de l'Est.

Le 3 février a été la journée la plus sanglante d'une semaine de combats. En seulement 24 heures, 16 civils ukrainiens supplémentaires ont été tués dans les violences à l'est. Les Nations Unies ont averti que cette nouvelle vague de violence pourrait se transformer en « catastrophe ». L'armée ukrainienne a également signalé la mort de cinq soldats lors d'affrontements avec les forces de l'opposition près de Debaltseve.

Lors d'une conférence de presse conjointe à Varsovie, en Pologne, l'après-midi du 5 février, les alliés occidentaux de l'Ukraine ont tiré la sonnette d'alarme face aux avancées de l'opposition à l'Est. Ce basculement en faveur de l'opposition a incité les pays occidentaux à envisager de fournir des armes au gouvernement ukrainien. La chancelière allemande et le président français se sont rendus en Ukraine et en Russie pour proposer des solutions au conflit.

L’initiative de paix n’est pas aussi forte que l’engagement en matière d’aide aux armes

Les dirigeants ukrainiens semblent moins intéressés par la recherche d’une solution pacifique à la crise à l’Est que par un appel à l’aide militaire.

Soldats ukrainiens sur le champ de bataille (photo : AP)

La BBC a cité le Premier ministre ukrainien lors d'une réunion avec les dirigeants français et allemands, affirmant que Kiev n'envisage aucun plan de paix qui affecte l'unité et l'intégrité territoriale.

Partageant ce point de vue, le président ukrainien Porochenko soutient d’un côté la nouvelle initiative de paix ; de l’autre, il insiste sur le fait que cette initiative ne doit pas donner trop d’avantages aux forces de l’opposition de l’Est.

M. Porochenko a exigé que l'opposition se conforme au plan de paix de Minsk : « à savoir un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les prisonniers de guerre, la fermeture de la frontière ou le rétablissement des frontières internationalement reconnues. Le retrait de toutes les troupes étrangères d'Ukraine, le lancement de réformes politiques par le biais d'élections locales à Donetsk et Lougansk, conformément à la législation ukrainienne. »

Concernant l'OTAN, M. Porochenko a déclaré : « L'alliance doit assurer un soutien accru à l'Ukraine, notamment en lui fournissant des armes modernes pour protéger et contrer les rebelles et les agresseurs. » Le président ukrainien a souligné qu'il souhaitait la paix, mais que cela nécessitait une armée forte dotée d'armes modernes.

Après avoir rencontré le secrétaire d'État américain Kerry le 5 février, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk s'est dit « très satisfait » d'apprendre que le gouvernement américain fournirait prochainement des armes à l'Ukraine. Cette aide est estimée à 3 milliards de dollars, comprenant des missiles antichars, des véhicules blindés Humvees, des drones d'attaque, des radars, etc.

Initiative franco-allemande pour le conflit en Ukraine

Le 6 février, les dirigeants français et allemands sont arrivés à Moscou pour rencontrer le président russe Poutine afin de proposer un nouveau plan de paix dans l'espoir d'obtenir l'approbation de toutes les parties pour mettre fin au conflit en Ukraine.

Le président ukrainien Porochenko (au centre) lors d'une réunion avec les dirigeants allemand et français (photo : Reuters)

Selon le président français Hollande, l'initiative élaborée par lui et Mme Merkel repose sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine et espère être acceptée par toutes les parties. Hier également, le secrétaire d'État américain John Kerry s'est rendu à Kiev pour exprimer son soutien à l'initiative allemande et française.

Les responsables russes ont déclaré qu'ils ne connaissaient pas encore les détails de l'initiative franco-allemande mais qu'ils espéraient qu'elle serait constructive.

Les observateurs affirment que la proposition franco-allemande constitue un « contrepoids » au plan de paix proposé par le président russe Poutine en janvier 2015. Si c’est un contrepoids, il semble que la possibilité que la nouvelle initiative soit acceptée par toutes les parties soit très difficile.

Commentant l'initiative franco-allemande, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a déclaré qu'à un moment de combats aussi féroces, l'initiative ne doit apporter qu'une lueur d'espoir et réduire l'effusion de sang dans le pays d'Europe de l'Est, mais nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'elle soit un tournant dans la résolution de cette crise croissante.

Selon VOV