Afrique : la double tragédie des filles « porteuses de bombes »

April 16, 2016 12:16

(Baonghean) - Des petites filles sont kidnappées, emprisonnées, maltraitées et transformées en bombes humaines, semant la peur parmi les populations des pays africains sous le terrorisme effréné de la branche Boko Haram (liée à l'autoproclamé État islamique (EI). Pour celles qui ont été sauvées, est-ce de la chance ou le début d'une autre tragédie ?

Trẻ em tại trại tị nạn Maiduguri ở Đông Bắc Nigeria, nơi chịu ảnh hưởng nặng nề nhất dưới sự hoành hành của nhóm khủng bố Boko Haram. Ảnh: AFP.
Enfants du camp de réfugiés de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, la zone la plus durement touchée par le groupe terroriste Boko Haram. Photo : AFP.

Quand « Bomb Man » est le sauveur

Dans les mémoires confiés à CNN par Fati, une victime revenue d'entre les morts, les questions et réponses dans ce lieu assimilé à « l'enfer sur terre » suivaient toujours un schéma préétabli. Ces éléments du célèbre groupe terroriste Boko Haram demandaient souvent : « Qui veut devenir kamikaze ? »

Et puis, les jeunes filles se disputeront entre elles : « Laissez-moi, laissez-moi… ». Toutes veulent être choisies pour commettre des attentats-suicides, non pas par lavage de cerveau dû aux méthodes violentes des ravisseurs, mais à cause de la faim constante et des abus sexuels, combinés à la terreur des bombardements incessants, jour et nuit, les mineures ne peuvent plus supporter cela.

3/4 số trẻ em mang bom là trẻ em gái.
Les trois quarts des enfants kamikazes sont des filles.

Elles voulaient trouver une issue, voulaient s'enfuir et ont été obligées de chercher de l'aide de manière involontaire, simplement parce que si on posait des bombes sur elles, les jeunes filles pourraient demander de l'aide aux soldats de l'armée, qui sait, les bombes pourraient être désamorcées et elles pourraient être sauvées de leur vie d'emprisonnement.

Fati n'avait que 16 ans et faisait partie des centaines de jeunes filles kidnappées et mariées de force par l'organisation terroriste la plus sanguinaire au monde. Lorsque des membres de Boko Haram ont attaqué le village familial dans le nord-est du Nigeria en 2014, ses parents ont dépensé la modique somme de 40 dollars pour « acheter » la sécurité de leurs deux fils aînés et n'ont pu que regarder, impuissants, leur fille tomber entre les griffes des terroristes.

Dans le bastion de Boko Haram, dans la jungle de Sambisa, des filles encore plus jeunes que Fati sont kidnappées, forcées à se marier, emprisonnées et abusées sexuellement par des hommes qui se font appeler « maris ».

En avril 2014, l’enlèvement d’environ 270 écolières nigérianes a choqué le monde, déclenchant une vague de campagnes sur les réseaux sociaux #BringBackOurGirls, qui a désormais fait découvrir à de nombreuses personnes les images les plus élémentaires des crimes d’abus envers les femmes et les filles commis par le groupe terroriste Boko Haram.

Des statistiques actualisées de l’UNICEF montrent que le nombre d’enfants innocents transformés en « bombes humaines » dans quatre pays : le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun, où la campagne terroriste de Boko Haram fait rage depuis deux ans, a augmenté de façon spectaculaire, passant de quatre enfants en 2014 à 44 en 2015. Selon l’UNICEF, les trois quarts des enfants devenus des « bombes humaines » sont des filles.

Double tragédie

Les sonnettes d’alarme ont retenti lorsque le nombre d’attentats suicides dont les victimes et les auteurs étaient des enfants pauvres a conduit à la naissance et au fonctionnement actif d’une coalition multinationale pour faire pression sur l’organisation terroriste, une petite branche de l’EI.

La forêt de Sambisa, mentionnée plus haut, a été la cible de frappes aériennes massives à maintes reprises, l'armée nigériane menant des raids incessants. Au cours de l'année écoulée, ces raids ont permis de libérer des centaines de femmes et de filles détenues par Boko Haram, dans l'espoir de les réinsérer dans la société.

Thành viên phong trào Bring Back Our Girls biểu tình tại Nigeria hôm 14/1 đòi thả tự do các bé gái bị bắt cóc từ năm 2014 tại Chibok. Ảnh: AFP.
Des membres du mouvement Bring Back Our Girls manifestent au Nigeria le 14 janvier pour exiger la libération des filles enlevées en 2014 à Chibok. Photo : AFP.

Cependant, maintenant que Gwoza, autrefois bastion de Boko Haram, est tombé sous les mitrailleuses de l’armée, une autre inquiétude croissante pour beaucoup est que plus les victoires de la coalition seront retentissantes, plus Boko Haram risque de se tourner vers l’utilisation de jeunes filles comme armes mortelles pour servir ses sinistres complots.

Aux yeux des terroristes, les filles sont des « kamikazes parfaites ». Cette affirmation s'explique par le fait qu'elles peuvent facilement dissimuler des engins explosifs sous de longs voiles, ou simplement les placer dans des paniers et les forcer à les porter sur la tête, avant de les faire exploser à l'aide d'engins télécommandés.

Ainsi, ils ont intentionnellement transformé les plus vulnérables de la société en la plus grande obsession et la plus grande peur de tous, laissant des cicatrices entrecroisées dans leurs âmes intrinsèquement immatures.

Après avoir été sauvées du repaire du crime, au lieu d’être accueillies et réconfortées dans les bras aimants de la société, l’étiquette de « femme de Boko Haram » qui hante les victimes peut infliger une terrible tragédie à ces filles innocentes lorsqu’elles doivent faire face aux regards méfiants et évasifs de tous ceux qui les entourent.

On se demande si Boko Haram a secrètement laissé les filles partir, pour continuer les bombardements sanglants dont elles ont été témoins. Ces enfants subissent-ils un lavage de cerveau de la part des terroristes et sont-ils imprégnés des atrocités que l'EI inflige souvent aux « enfants soldats » ? Quel est le sens de la liberté lorsqu'elles doivent subir la froideur et l'ostracisme de la société, qui ne sont pas différents de la « double tragédie » que ces jeunes vivent.

Số lượng trẻ em gái
Le nombre de filles transformées en bombes « humaines » augmente.

La question ci-dessus est également celle qui préoccupe le représentant de l’UNICEF au Cameroun :

Les filles sont des victimes, mais elles sont désormais sous le coup de la suspicion de toute la société. Si nous ne changeons pas rapidement cette mentalité, les conséquences à long terme seront difficiles à prévoir. La confiance entre les communautés, les victimes et le gouvernement sera érodée.

Pour éviter de telles conséquences prévisibles, il est peut-être nécessaire de renforcer la coopération et le soutien des organisations internationales, en particulier des voix qui défendent les droits et les intérêts des enfants, afin de leur redonner rapidement l’avenir qu’ils méritent.

Jeu Giang

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