La politique américaine divisée sur la Russie
Le Comité national démocrate met en place une « salle de guerre » pour préparer les batailles politiques à venir avec le président élu Donald Trump.
La controverse autour des allégations d'ingérence russe dans les élections américaines continuera certainement d'éclipser les relations entre le président élu Donald Trump et de nombreux législateurs républicains (GOP) après son entrée en fonction le 20 janvier.
Approfondir le fossé
Le milliardaire Trump a jusqu'à présent défendu Moscou. Il s'est même exprimé sur Twitter pour soutenir les affirmations du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, selon lesquelles la Russie n'était pas à l'origine des courriels volés du Parti démocrate.
Daniel Vajdich, chercheur à l'Atlantic Council (États-Unis), a déclaré que le soudain soutien de M. Trump à Assange constituait une contre-attaque contre le Parti démocrate. De plus, il s'agissait probablement d'une « attaque préventive » contre l'adversaire après l'annonce que le Comité national démocrate (NDC) avait commencé à recruter des personnalités ayant participé à la campagne électorale de Mme Clinton.
Selon The Hill, le NDC met en place une « cellule de crise » pour préparer les batailles politiques à venir. Ses principales priorités sont de faire pression sur le Congrès pour qu'il enquête sur les allégations d'ingérence russe dans les élections américaines, d'empêcher le Parti républicain d'abroger l'Affordable Care Act (aussi connu sous le nom d'ObamaCare), et d'« examiner » les nominations du personnel de Trump et les conflits d'intérêts liés à ses affaires.
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Le président élu des États-Unis, Donald Trump, et son épouse au club Mar-a-lago de Palm Beach, en Floride, le soir du Nouvel An, le 31 décembre 2016. Photo : REUTERS |
Contrairement à M. Trump, l'attitude de nombreux élus républicains envers le fondateur de WikiLeaks est loin d'être amicale. Selon The Hill, le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, et d'autres élus de premier plan ont qualifié M. Assange d'ennemi des États-Unis. Le sénateur Tom Cotton a déclaré à MSNBC qu'il faisait davantage confiance aux services de renseignement américains qu'à des personnes comme Assange. De son côté, le sénateur Lindsey Graham a mis en garde les Américains contre le risque de se laisser duper par Assange.
La politique américaine va certainement devenir plus turbulente après que des rapports de renseignement détaillés sur l’incident ont été présentés au président Barack Obama le 5 janvier et à M. Trump un jour plus tard (heure locale).
« Des preuves convaincantes »
Plusieurs sources ont déclaré à Reuters que les agences de renseignement américaines ont rassemblé des « preuves convaincantes » selon lesquelles la Russie a fourni des courriels volés au NDC à WikiLeaks par l’intermédiaire d’un tiers.
Près d'un mois avant l'élection du 8 novembre 2016, les responsables américains ont conclu que la Russie avait commandité la cyberattaque. Cependant, les renseignements recueillis après l'élection ont apporté à l'administration Obama davantage de certitudes quant au « rôle complet » de Moscou dans l'attaque et la fuite de documents. Cela a conduit Obama à imposer des sanctions à la Russie en réponse le 29 décembre 2016.
NPR a révélé que l'administration Obama publierait une version publique du rapport des services de renseignement sur l'incident en début de semaine prochaine. En attendant le contenu de ce rapport, le nouveau Congrès américain a également ouvert sa propre enquête. Selon la Financial Review (Australie), de hauts responsables du renseignement américain ont témoigné devant la commission des forces armées du Sénat américain le 5 janvier, répondant à des questions concernant leur évaluation de l'ingérence russe dans l'élection américaine pour favoriser la victoire de M. Trump.
Un autre point important concerne les mesures visant à faire face à la menace de cyberattaques qui pèse sur les États-Unis. Par ailleurs, le 4 janvier, cinq sénateurs démocrates ont proposé un projet de loi demandant la création d'une commission indépendante chargée d'enquêter sur cet incident.
Non contents de rester passifs, M. Trump et ses principaux conseillers prévoient de restructurer le Bureau du Directeur du renseignement national, une agence qu'il juge de plus en plus pléthorique et politisée. M. Trump envisage également un plan de réforme de la Central Intelligence Agency (CIA), qui réduirait les effectifs de son siège en Virginie et nommerait davantage d'agents du renseignement à des postes dans le monde entier.
Selon le Wall Street Journal, ce n'est pas une décision surprenante car M. Trump a exprimé à plusieurs reprises des doutes sur les capacités des agences de renseignement américaines ces derniers mois en mentionnant l'accusation selon laquelle la Russie aurait envoyé des gens pour infiltrer et voler les courriels du Parti démocrate.
Selon le travailleur