Selon M. Thayer, cette année, la Corée du Sud a accusé la Corée du Nord d'avoir posé des mines terrestres à sa frontière pour protester contre les exercices militaires annuels américano-sud-coréens. Séoul a réagi en relançant des émissions de propagande anti-Pyongyang par haut-parleurs puissants près de la frontière. Ces actions ont provoqué un échange de tirs d'artillerie entre les deux pays, aggravant les tensions.

Face à l'escalade des tensions, les responsables nord-coréens et sud-coréens ont convenu de résoudre la situation par des négociations. L'issue des négociations, le 25 août, a non seulement désamorcé le conflit, mais aussi permis de résoudre des désaccords de longue date. Après de nombreuses années, les deux parties ont convenu de créer les conditions permettant aux familles séparées par la guerre de se réunir à l'occasion de la fête de la Mi-Automne.

Commentant l'accord entre les deux Corées, le professeur Thayer a déclaré : « Pyongyang crée des événements, poussant la situation au bord de la guerre pour attirer l'attention, rompre l'isolement et diviser l'alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud. Pyongyang laissera le cycle d'amitié et de haine avec la Corée du Sud se répéter à maintes reprises en annulant les accords avec son voisin. »

D'autres analystes ont également accordé une grande importance à l'accord entre Séoul et Pyongyang. Dans une interview accordée à l'Independent, Alistair Coleman, expert de la Corée du Nord chez BBC Monitoring, a déclaré que Pyongyang ne permettrait pas qu'une guerre éclate.

« Kim Jong-un sait pertinemment qu'une guerre serait un désastre militaire pour Pyongyang. Les récents événements constituent une manœuvre de la Corée du Nord pour attiser les tensions et gagner en influence à la table des négociations », a déclaré Coleman.

Cependant, Remco Breuker, professeur spécialisé dans la Corée du Nord à l'Université de Leiden aux Pays-Bas, estime que Pyongyang est confronté à certaines difficultés dans le jeu de la « politique du bord du gouffre ».

La Corée du Nord a très mal joué ce jeu. Elle a menacé et a été menacée, laissant le pays dans une position difficile, car la Corée du Sud et les États-Unis ont fait preuve de souplesse en acceptant des négociations et en reportant des exercices militaires en période de tension. Cependant, Séoul a fait preuve de fermeté en refusant de satisfaire aux exigences de Pyongyang s'il n'acceptait pas la responsabilité des mines frontalières.