La chose la plus difficile à dire entre Xi Jinping et Trump

Lors de sa visite aux États-Unis les 6 et 7 avril, le président chinois Xi Jinping rencontrera le président Donald Trump. Les deux dirigeants aborderont certainement la menace nord-coréenne. Cependant, cette question est considérée comme peu susceptible de déboucher sur des décisions communes soutenues par MM. Trump et Xi.

« Si ce n’est pas la Corée du Nord en premier, c’est une erreur », a déclaré Derek Scissors, chercheur à l’Enterprise Institute et économiste, qui a souligné qu’en fait, la menace de la Corée du Nord est l’un des rares sujets qui préoccupent à la fois Pékin et Washington.

Selon M. Scissors, l'administration Trump n'est pas vraiment prête à discuter de nombreux sujets avec la Chine. Actuellement, les États-Unis et la Chine sont toujours en désaccord sur le commerce, la monnaie, les investissements étrangers et d'autres questions économiques.

Ces dernières semaines, M. Trump et la Maison Blanche se sont abstenus d’utiliser un langage dur et agressif envers la Chine, contrairement à ce qu’ils ont fait pendant la campagne et après avoir remporté l’élection.

Au lieu de cela, l'administration Trump a fait de la Corée du Nord une priorité absolue de sa politique étrangère, le secrétaire à la Défense Jim Mattis ayant choisi la Corée du Sud comme premier voyage à l'étranger en tant que secrétaire. Le président Trump et son administration estiment que seule la Chine peut influencer la Corée du Nord, mais Pékin n'en a pas fait assez.

En tant que principal partenaire commercial de la Corée du Nord, la Chine est considérée comme exerçant une grande influence sur le pays. Pékin a suspendu ses importations de charbon en provenance de Corée du Nord en février, suite à l'assassinat de Kim Jong-nam et aux essais de missiles nord-coréens, malgré la condamnation internationale.

Les experts affirment que les discussions sur la Corée du Nord découlent des intérêts à la fois des États-Unis et de la Chine.

Récemment, le régime de Pyongyang a vivement mis en garde les alliés des États-Unis ainsi que l’administration Trump en multipliant les tests de missiles capables d’atteindre le nord-est de la Chine.

« L'administration Trump fera certainement pression (sur la Chine) pour qu'elle cesse les essais de missiles de la Corée du Nord et freine le pays. Cependant, la Chine, en revanche, a peu d'influence réelle sur la Corée du Nord », a déclaré Bruce Bennett, analyste principal de la défense au sein du groupe de réflexion Rand Corp.

Les deux superpuissances partageraient des préoccupations communes sur la question nord-coréenne, mais auraient du mal à parvenir à des décisions communes en raison de leurs objectifs différents.

Pékin veut maintenir le statu quo à Pyongyang, évitant un scénario où la Corée du Nord s'effondrerait, ce qui pourrait déclencher une crise massive de réfugiés à ses frontières ou une péninsule coréenne réunifiée, orientée vers les États-Unis.

Au contraire, les États-Unis s’opposent au maintien de la situation actuelle alors que la Corée du Nord continue de développer sa technologie de missiles et ses armes nucléaires.

« La politique de patience stratégique est révolue. La Corée du Nord doit comprendre que la seule voie vers un avenir économique sûr et prospère est d'abandonner le développement d'armes nucléaires, de missiles balistiques et d'autres armes de destruction massive », a déclaré le secrétaire d'État américain Rex Tillerson lors d'une visite en Corée du Sud ce mois-ci.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis et la Chine peuvent parvenir à un terrain d’entente sur la question de la Corée du Nord, Charles Freeman, PDG du cabinet de conseil Bower Group Asia et ancien représentant commercial adjoint des États-Unis pour les affaires chinoises, a déclaré :

L'idéal serait que les États-Unis et la Chine adoptent une politique claire sur la manière de traiter la Corée du Nord. Je ne sais pas si c'est possible ou probable. Mais je crains que la Chine et les États-Unis n'en soient encore qu'au stade des discussions sur la Corée du Nord.

Selon Spoutnik