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Le « coup de dés » du président Macron et le tremblement de terre politique en France

Hoang Bach DNUM_BAZAGZCACE 09:30

Le président français Emmanuel Macron a joué les dés sur son avenir politique le 9 juin, en convoquant des élections législatives anticipées plus tard ce mois-ci.

Cette décision intervient après sa défaite face au parti d'extrême droite de Marine Le Pen lors des élections européennes.

Mouvement surprise

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Le président français Emmanuel Macron dans son discours du soir du 9 juin. Photo : Reuters

Selon Reuters, la décision choquante de M. Macron a provoqué un tremblement de terre politique en France, créant une opportunité pour l'extrême droite de prendre un véritable pouvoir politique après des années d'absence et de rendre possible la présidence de M. Macron « de nom seulement » alors qu'il reste encore 3 ans avant la fin de ce mandat.

C’est parce que, si le parti du Rassemblement national (RN) de Mme Le Pen remporte la majorité au Parlement, M. Macron n’aura quasiment aucune influence sur les questions intérieures.

Le président Macron a déclaré que les résultats des élections européennes étaient un coup dur pour son gouvernement et qu'il ne pouvait pas les ignorer. Dans un discours à la nation, moins de deux mois avant les Jeux olympiques à Paris, il a annoncé que les élections législatives auraient lieu le 30 juin et le second tour le 7 juillet.

« C'est un moment de lucidité », a déclaré M. Macron. « J'ai entendu votre message, vos inquiétudes et je ne les ignorerai pas… La France a besoin d'une majorité claire pour agir sereinement et harmonieusement. »

Suite à l'annonce du président Macron, des centaines de manifestants anti-extrême droite se sont rassemblés place de la République à Paris, agitant des drapeaux en soutien aux partis de gauche et écologistes et scandant des slogans contre le RN.

Mené par Jordan Bardella, 28 ans, le RN a recueilli environ 32 % des voix lors du scrutin du 9 juin, soit plus du double des 15 % obtenus par le camp de Macron, selon les sondages de sortie des urnes. Les socialistes le talonnaient également, avec 14 %.

Mme Le Pen, largement considérée comme la favorite pour les élections de 2027 auxquelles M. Macron ne peut pas se présenter, a salué la décision du président français.

« Nous sommes prêts à prendre le pouvoir si le peuple français nous fait confiance lors des prochaines élections nationales », a-t-elle déclaré lors d'un rassemblement.

Il est à noter que le Parti de la Renaissance de M. Macron compte actuellement 169 députés à la Chambre basse, sur un total de 577 ; le RN en compte 88.

Si le RN remporte la majorité, M. Macron continuera de diriger la politique de défense et la politique étrangère, mais perdra le droit de fixer l'agenda intérieur, de la politique économique à la politique de sécurité.

Commentant la décision du président, la députée écologiste Sandrine Rousseau a déclaré : « Emmanuel Macron est un joueur de poker, on l'a vu ce soir. »

« Vivre ensemble » n’est pas très agréable

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Mme Le Pen est largement considérée comme la candidate de choix pour les élections de 2027. Photo : Reuters

Le cabinet de conseil Teneo a déclaré que « Macron a convoqué une élection qu'il pourrait perdre ». Le cabinet a ajouté que « son objectif ultime pourrait être d'assurer une victoire immédiate au RN afin de mettre en évidence son manque d'expérience gouvernementale et de le contraindre à faire des choix politiques douloureux avant l'élection présidentielle de 2027 ».

Olivier Blanchard, ancien responsable du Fonds monétaire international travaillant désormais au Massachusetts Institute of Technology, a déclaré que M. Macron avait fait de son mieux dans une « position de faiblesse ».

« Soit l'incohérence du programme du RN éclate au grand jour pendant la campagne et le parti perd les élections », écrit Blanchard sur X. « Soit le RN gagne, prend le pouvoir et sème rapidement la pagaille. »

Selon Reuters, le pari de M. Macron est similaire à celui du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a appelé à des élections nationales anticipées l'année dernière après que l'extrême droite a battu son parti aux élections locales.

Sanchez a réussi à se maintenir au pouvoir, mais non sans des mois de lutte avec les partis régionaux et un accord controversé visant à accorder l'amnistie aux séparatistes catalans.

La France a connu des périodes de « coexistence », où le président appartenait à un parti politique différent de celui majoritaire au Parlement. Dans ce cas, le Premier ministre du parti majoritaire devient le principal décideur national.

Durant la période la plus récente, de 1997 à 2002, le président Jacques Chirac jouait le rôle de bras droit du Premier ministre socialiste Lionel Jospin. L'euro a atteint son plus bas niveau en un mois en début de séance asiatique, reflétant l'incertitude.

Pour revenir à l'histoire qui nous occupe, la décision de M. Macron souligne ce qui a été une nuit sombre pour les partis centristes à travers l'Europe, alors que les nationalistes eurosceptiques ont réalisé les plus grands gains aux élections du Parlement européen.

La bataille pour la succession commence à s’intensifier.

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Électeurs à Paris le 9 juin. Photo : Reuters

La performance électorale retentissante de Mme Le Pen, en hausse de 10 points de pourcentage par rapport à son résultat aux élections européennes de 2019, est susceptible d'attirer les rebelles conservateurs vers le RN, un parti dont la dynamique est claire.

Le soir du 9 juin, la nièce de Mme Le Pen, Marion Maréchal, alliée politique d'Éric Zemmour et de son parti d'extrême droite, la Reconquête, s'est dite prête à rencontrer sa tante pour discuter d'un pacte. « Une alliance de droite me paraît plus nécessaire que jamais », a-t-elle déclaré.

L'ascension de Mme Le Pen risque également d'alimenter une bataille de succession centriste pour remplacer M. Macron.

Des sources politiques affirment que plusieurs grands noms – dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, l’actuel Premier ministre Gabriel Attal et le ministre des Finances Bruno Le Maire – sont tous intéressés par le poste le plus élevé.

« Il va falloir se poser la question et expliquer aux Français pourquoi nous n'avons pas su suffisamment les écouter », a déclaré Darmanin, commentant l'annonce de Macron.

Les résultats du 9 juin ont également montré la montée du centre-gauche en France, le candidat socialiste Raphaël Glucksmann, un modéré, obtenant environ 14 % des voix. Sa performance donnera un coup de pouce aux socialistes après leur cuisante défaite face à M. Macron lors des élections de 2017.

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