Guerre économique dans l'arène politique
(Baonghean) - Les élections législatives françaises sont clairement une confrontation entre deux visions économiques radicalement opposées, promettant des répercussions considérables sur l'Europe. C'est ce qu'ont commenté les analystes après le premier débat télévisé en direct entre les deux principaux candidats à la présidence française, Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Marine Le Pen, membre du Front national (extrême droite), a exprimé son souhait de voir la France abandonner l'euro et protéger les emplois français. Macron, quant à lui, ancien ministre de l'Économie et banquier français, est un fervent partisan de l'ouverture des frontières et d'une plus grande intégration européenne.
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Le Pen et Macron : qui remportera le premier tour des élections françaises en avril prochain ? Photo : Getty. |
Sur les questions importantes liées à l'Europe, au commerce ou aux tarifs douaniers, les deux hommes politiques ont des positions divergentes. Leurs opinions économiques influenceront le vote des électeurs, ce qui rendra la course de plus en plus serrée dans la politique française.
L'euro ou le nouveau franc ?
De son côté, Marine Le Pen souhaite organiser un référendum sur l'appartenance de la France à l'Union européenne, à l'instar de ce que la Grande-Bretagne a fait l'an dernier. Cette femme influente a proposé d'abandonner l'euro et d'adopter à la place un « nouveau franc » de valeur inférieure afin d'accroître la compétitivité des exportations françaises. Si cela se concrétise, cela signifierait également que la dette publique française actuelle serait convertie dans la nouvelle monnaie – une décision qui, selon CNN Money, pourrait être considérée comme un défaut de paiement.
Lors d'une intervention en début de semaine, Le Pen a également souligné : « L'Union européenne nous interdit tout, nous punit, nous réprimande – et le résultat final, c'est le chômage et la pauvreté. » La position de Le Pen sur l'euro a été vivement critiquée lors du débat du 20 mars, ses rivaux l'accusant d'avoir provoqué un désastre économique. En réponse, Le Pen a déclaré que ses détracteurs semaient la peur.
Macron, quant à lui, a fait campagne sur le maintien du rôle central de la France en Europe. Il a donc maintenu son soutien à une intégration plus poussée des pays partageant l'euro. Il s'est également engagé à promouvoir la réforme de l'union monétaire et a même appelé à la création d'un budget propre pour la zone euro.
Libre-échange ou la France d’abord ?
Macron est un fervent défenseur du libre-échange et a milité en faveur de l'Accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (AECG). Cependant, il estime que l'Europe devrait se montrer prudente face à de nouveaux accords et ne pas compromettre les normes du bloc en matière de sécurité, de protection sociale et d'environnement. Il s'est également prononcé contre la redéfinition des frontières en Europe et a exprimé son souhait d'une intégration plus forte et plus approfondie au sein du bloc commercial.
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L'avenir de l'euro préoccupe les candidats à la présidentielle française. Photo : CNN. |
Pendant ce temps, lundi, Mme Le Pen a fait valoir que la priorité devrait être donnée aux entreprises françaises lors des appels d'offres pour les marchés publics, et que des mesures plus concrètes étaient nécessaires pour protéger les emplois dans le pays.
Selon la candidate du Front national, « l'État français doit donner la priorité aux entreprises françaises, et non aux entreprises étrangères ». Elle a également précisé : « Je ne suis pas là pour créer des emplois pour les pays voisins. »
Pour appuyer ses propos, Le Pen a présenté son projet d'apposer des labels spécifiques aux produits « Fabriqué en France » afin d'accroître leur attractivité. De plus, la candidate entend imposer des taxes à l'importation sur les produits provenant d'entreprises qui délocalisent des emplois hors de France, employant ainsi une main-d'œuvre moins chère à l'étranger.
Les nouveaux accords de libre-échange n’ont pas non plus réussi à obtenir l’approbation de Le Pen, et son parti a présenté une série de politiques qui ont été décrites comme du « protectionnisme intelligent ».
Des réductions d’impôts pour les entreprises ou les salariés ?
Il s'agit là d'un autre sujet sur lequel les deux principaux candidats de la campagne électorale française s'affrontent. Contrairement à Le Pen, qui cherche à réduire l'impôt sur le revenu des travailleurs les plus défavorisés, à simplifier la fiscalité et à lutter contre la fraude fiscale, tout en s'engageant à instaurer une nouvelle taxe sur les entreprises qui embauchent des immigrés afin d'encourager les entreprises à embaucher des Français, Macron a adopté une approche radicalement différente sur ce point. Non seulement il a promis de réduire progressivement l'impôt sur les sociétés de 33 % actuellement à 25 %, mais il soutient également le projet de réduction de la taxe foncière locale pour la majorité des Français et de réforme de la taxe foncière.
En outre, il s'est engagé à réduire les dépenses publiques de 60 milliards d'euros par an, notamment grâce à des réformes visant à accroître l'efficacité de l'État. S'il est élu, Macron réduira « brutalement » 120 000 emplois publics en n'embauchant pas de nouveaux départs à la retraite.
Une autre différence est que, tandis que Le Pen a l’intention d’abaisser l’âge officiel de la retraite à 60 ans et d’encourager les entreprises à embaucher davantage de travailleurs, par exemple en réduisant l’impôt sur les sociétés, Macron envisage de modifier la manière dont la France applique sa semaine de travail actuelle de 35 heures.
Expliquant ses orientations, il a déclaré : « Je propose simplement de négocier la question du temps de travail. Il faut de la flexibilité et de la liberté. Nous créerons des emplois en laissant la liberté aux entreprises et aux instances de dialogue social. »
Stimulus budgétaire ou dévaluation monétaire ?
Enfin, face à cette question, Macron a des plans clairs pour un vaste plan de relance économique qui, selon lui, transformera rapidement l'économie française. Il souhaite ainsi consacrer 50 milliards d'euros sur cinq ans à la formation, à l'énergie et à l'environnement, aux transports, à la santé et à l'agriculture. Et bien sûr, son adversaire est fidèle à l'idée de promouvoir une France indépendante et une monnaie sous-évaluée, arguant que c'est ce qui stimulera fortement l'économie.
En examinant simplement quatre questions fondamentales liées au domaine économique, on peut clairement imaginer deux points de vue différents, voire farouchement opposés, entre deux personnalités clés dans l'esprit des électeurs français d'aujourd'hui. L'intensité de la course se fait progressivement sentir, et à mesure que le temps se raccourcit, c'est aussi le moment pour les adversaires de se montrer plus visibles. Ainsi, désormais, un électeur responsable de l'avenir de la France devra bien réfléchir avant de voter.
Jeu Giang
(Selon CNN)