Sommet États-Unis-Chine : des concessions à l’enquête ?
(Baonghean) - La semaine dernière, le sommet sino-américain aux États-Unis, organisé lors de la visite du président chinois Xi Jinping, a particulièrement retenu l'attention du public international. Contrairement aux inquiétudes de l'opinion publique, la rencontre s'est déroulée dans le calme, avec de nombreuses déclarations de volonté de coopération. Derrière ces belles paroles, les relations sino-américaines s'améliorent-elles réellement ?
Mettre de côté les différences
Juste avant la visite du président chinois Xi Jinping aux États-Unis, de nombreux avis annonçaient que les rencontres seraient certainement tendues et pleines de désaccords. Il est aisé de comprendre que les États-Unis et la Chine sont déjà confrontés à de nombreux problèmes, allant des questions économiques et commerciales à l'emploi, en passant par la politique internationale ; le dernier en date étant le changement climatique, suite au récent décret du président Donald Trump. De plus, la presse internationale a également souligné qu'il était difficile d'imaginer l'ampleur des divergences de vues entre les dirigeants américain et chinois, tant sur le plan humain que politique.
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Le sommet entre les deux dirigeants américain et chinois, tenu la semaine dernière en Floride, ne devrait pas influencer les relations bilatérales à l'avenir. Source : Reuters |
M. Xi Jinping est ainsi connu pour être un homme politique extrêmement prudent, adhérant à des procédures strictes. Il est également toujours discret sur sa vie privée et révèle rarement ses messages clés dans ses déclarations publiques.
Au contraire, M. Trump est un riche milliardaire dont la vie privée est toujours au cœur des débats. Un point commun rare entre les deux dirigeants est le nationalisme et la volonté de restaurer la position du pays. Cependant, c'est ce point commun qui creuse encore davantage l'écart entre les deux camps.
Avec de telles divergences, le sommet sino-américain semblait devoir être éclipsé, mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes. L'ambiance était très joyeuse et M. Trump n'a pas mis M. Xi Jinping dans une situation délicate, comme lors de sa récente rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel.
De plus, de belles paroles ont été prononcées par les deux parties. Alors que le président américain Donald Trump saluait les « progrès considérables » dans les relations entre les deux pays, le président chinois Xi Jinping a affirmé que les deux pays s'efforçaient de promouvoir la compréhension et de renforcer la confiance. Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a également déclaré que M. Trump avait accepté l'invitation de M. Xi Jinping à effectuer une visite officielle en Chine prochainement.
Poignées de main et bombardements
Bien sûr, chacun comprend que derrière les belles paroles échangées entre les dirigeants chinois et américains se cachent de nombreux calculs stratégiques. Côté chinois, juste avant la visite, de nombreux observateurs pensaient que Xi Jinping ferait quelques concessions mineures au président Trump, ce qui, en apparence, marquerait un sommet réussi.
Selon les analystes, il s'agira d'une concession nécessaire du président chinois pour assurer une victoire diplomatique publique à M. Trump, qui a échoué dans ses politiques intérieures, notamment en matière de santé. En réalité, selon les estimations, il s'agira d'un « pas en arrière stratégique » de la part du président chinois pour stabiliser les relations avec la nouvelle administration américaine et préparer l'important congrès du parti qui se tiendra plus tard cette année.
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Le président américain Donald Trump (à gauche) et le président chinois Xi Jinping (à droite) se promènent sur le terrain de la station balnéaire de Mar-a-Lago après leur rencontre bilatérale le 7 avril. Source : Reuters |
Pendant ce temps, du côté américain, M. Trump a dû être ravi de répondre aux concessions chinoises, car il souhaitait également faire une première impression diplomatique auprès des électeurs. « Cédons, gagnons ensemble » est devenu le fil conducteur de la visite du président chinois aux États-Unis la semaine dernière.
Cependant, M. Trump, dans sa « victoire », a pris la décision surprenante d'attaquer la Syrie avec des missiles de croisière Tomahawk. Bien que jugée hâtive et inconsidérée, cette décision du président américain semblait être un message que M. Trump souhaitait adresser au président chinois et à la Corée du Nord concernant le programme nucléaire et les essais de missiles du pays. Elle démontrait la fermeté du président américain sur la question nord-coréenne, non seulement en paroles, mais aussi en actes.
Statut d'attente
L'opinion publique s'attendait à une nouvelle configuration après le sommet américano-chinois de la semaine dernière, mais en réalité, ce n'est pas chose aisée. Si le début a été sans heurts, une série de barrières subsistent entre les deux parties. Le président chinois a sans doute également compris le message implicite envoyé par le président américain sur la question nord-coréenne à travers l'attaque contre la Syrie.
Ce sera certainement une question épineuse à laquelle les deux parties devront faire face dans les temps à venir. Par ailleurs, la question du système de défense antimissile à haute altitude (THAAD) situé en Corée du Sud est également une épine sur laquelle la Chine ne peut pas « céder ».
De plus, la première économie des États-Unis, déterminée à « rendre sa grandeur à l'Amérique », ne renoncera certainement pas à sa stratégie de concurrence acharnée avec la Chine. Le président Trump a jusqu'à présent maintenu sa position de condamnation des activités commerciales de la Chine, estimant que celles-ci réduisent l'emploi américain. Il s'est également engagé auprès des électeurs à imposer une taxe de 45 % sur les importations chinoises et à réduire le déficit commercial de ce pays, qui s'élève à 347 milliards de dollars. Bien sûr, les experts estiment qu'une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine sera difficile, mais des tensions surgiront certainement.
La Chine se prépare actuellement à un important congrès du Parti à la fin de l'année, tandis que le gouvernement américain est lui aussi confronté à des problèmes intérieurs, notamment des divisions au sein de l'élite dirigeante. Dans ce contexte, les relations sino-américaines pourraient rester en suspens jusqu'à la fin de l'année, sans pouvoir se définir clairement.
Phuong Hoa