Condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy : le verdict entre dans l'histoire
(Baonghean.vn) - La politique de la Cinquième République a été bouleversée en début de semaine lorsque l'ancien président Nicolas Sarkozy a été officiellement condamné à un an de prison avec sursis et deux ans de probation par un tribunal de Paris pour corruption et pots-de-vin. Certains médias ont même commenté que ce scandale n'était rien d'autre qu'une chute douloureuse qui a anéanti le sang-froid d'une personnalité qui avait passé cinq ans à « dominer » la scène politique française et internationale.
Pris en flagrant délit
L'ancien président français Nicolas Sarkozy, 66 ans, qui a été président de la République française de 2007 à 2012, est actuellement un membre important du conseil consultatif informel du président actuel Emmanuel Macron. Mais il semble que l'aura de sa carrière politique ne soit pas près de durer, puisque le 1er mars, M. Sarkozy a été condamné par un tribunal pour tentative de corruption d'un juge en lui proposant de l'aider à obtenir un poste de haut rang à Monaco. Pour avoir illégalement influencé un avocat de renom pendant son mandat présidentiel, Sarkozy a été condamné à une peine de prison, et est également entré dans l'histoire de manière peu glorieuse, car sa condamnation marque la deuxième condamnation pour corruption d'un ancien président dans l'histoire française moderne.
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L'ancien président français Nicolas Sarkozy (au centre) arrive à son procès pour corruption devant un tribunal de Paris le 1er mars. Photo : Mercopress |
Selon DW, l'ancien président français a été condamné à trois ans de prison, dont un an de prison et deux ans avec sursis. Le tribunal a toutefois précisé que M. Sarkozy pouvait toujours demander son assignation à résidence, mais devait porter un bracelet électronique. Il a également déclaré que les promesses faites par M. Sarkozy étaient « particulièrement graves » car elles émanaient d'un ancien président qui avait abusé de sa position pour aider un juge qui lui avait personnellement apporté son aide. De plus, en tant qu'ancien avocat, M. Sarkozy aurait dû comprendre mieux que quiconque ce qui constitue un comportement illégal.
Depuis qu'il a quitté ses fonctions en 2012, l'homme politique sexagénaire a dû à plusieurs reprisesconfronté à des accusations de corruptionLe parquet a allégué que M. Sarkozy avait tenté d'obtenir des informations sur une autre enquête concernant des irrégularités financières présumées au sein de son parti. Pour y parvenir, M. Sarkozy a proposé d'aider le juge Gilbert Azibert à obtenir un poste très bien rémunéré de conseiller juridique à Monaco. En droit monégasque, la corruption et le trafic d'influence sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison et d'une amende pouvant atteindre un million d'euros. Cependant, M. Sarkozy a déclaré au tribunal n'avoir « jamais commis le moindre acte de corruption ».
La célèbre affaire des « écoutes téléphoniques »
Selon les médias occidentaux, l'affaire, portée devant le tribunal en début de semaine, repose sur des conversations et des échanges entre M. Sarkozy et son ancien avocat, Thierry Herzog. En France, l'opinion publique parle d'« affaire d'écoutes téléphoniques », car les enquêteurs ont mis sur écoute des conversations téléphoniques entre les deux personnalités en 2013 et 2014. Parallèlement, ils enquêtent également sur des allégations selon lesquelles M. Sarkozy aurait reçu de l'argent illégal de Liliane Bettencourt, l'héritière de la célèbre société de cosmétiques L'Oréal.
L'ancien président Sarkozy utilisait le pseudonyme de « Paul Bismuth » lors de ces conversations téléphoniques, lorsqu'il discutait avec Herzog du juge Azibert. Le dirigeant aurait déclaré : « Je le laisserai progresser, je l'aiderai. »
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L'ancien président Sarkozy jouit toujours des faveurs de nombreux élus de droite. Photo : AP |
La procureure Céline Guillet a déclaré qu'il existait des preuves solides que le juge Azibert avait transmis des informations confidentielles sur l'affaire Bettencourt à son ami Herzog. Elle a ajouté qu'un échange montrait même que Sarkozy avait promis d'intervenir pour aider Azibert à obtenir un poste à Monaco.
De l'autre côté de la ligne de front, l'avocate personnelle de M. Sarkozy, Me Jacqueline Laffont, a déclaré que les accusations du procureur étaient pleines d'erreurs et d'« absurdités ». Pour elle, les conversations écoutées n'étaient que des « conversations entre amis ». L'équipe juridique de l'ancien chef d'État français a également souligné que M. Azibert n'avait jamais accepté d'emploi à Monaco, mais le parquet a rétorqué qu'en droit français, une offre ou une promesse suffit à constituer une accusation de corruption.
Impact sur la carrière politique ?
Selon plusieurs journalistes de journaux prestigieux présents au procès à Paris, le verdict de lundi a été considéré comme un « véritable coup dur » pour l'ancien président français. Par exemple, du point de vue de Lisa Louis, journaliste à la DW, M. Sarkozy espérait marquer des points lors du procès ce jour-là, mais tout s'est effondré, et l'issue du procès a même eu un impact considérable surcarrière politiqueSans parler du fait que M. Sarkozy envisage peut-être de revenir sur la scène politique pour participer à la course présidentielle de 2022. Mais si tel est bien le plan, alors tout est désormais beaucoup plus difficile, ardu, voire impossible.
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L'ancien président Jacques Chirac a également été poursuivi, mais a été épargné par l'exécution en raison de problèmes de santé. Photo : Arab Weekly |
Rétrospectivement, il n'est pas difficile de constater que, depuis qu'il a quitté ses fonctions à l'expiration de son mandat en 2012, M. Sarkozy a été empêtré dans de nombreux litiges judiciaires. Bien qu'il ait finalement été blanchi de toutes les accusations dans l'affaire Bettencourt, une autre enquête sur des allégations selon lesquelles le dirigeant aurait reçu des millions d'euros de Libye pour financer sa campagne électorale de 2007 est toujours en cours. À cette époque, l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était encore au pouvoir. L'accusateur de M. Sarkozy, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, est également revenu sur son témoignage selon lequel il aurait remis des valises remplies d'argent liquide du dirigeant libyen. L'affaire n'est pas encore réglée, mais ce long dédale juridique a fait échouer la tentative de M. Sarkozy de revenir en politique lors de la présidentielle de 2017. Frustré ou non, l'ancien avocat Sarkozy a dénoncé l'animosité du pouvoir judiciaire à son égard, découlant de ses tentatives de limiter les pouvoirs des juges lorsqu'il était président.
L'homme politique est absent de la scène politique depuis 2018, mais depuis l'été dernier, il multiplie les apparitions publiques pour promouvoir son nouveau livre. De longues files d'attente de fans ont été observées devant les librairies à travers la France, attendant que Sarkozy signe personnellement des exemplaires de ses derniers mémoires, « Le Temps des tempêtes », un livre en tête des ventes depuis des semaines. Son nom a peut-être été quelque peu « réchauffé » ces derniers temps, mais avec le coup dur de la décision de justice de lundi, nombreux sont ceux qui pensent que M. Sarkozy devrait reconsidérer son intention de « réapparaître » sur la scène politique de la Ve République, si tant est qu'il y parvienne !